Économie: le relèvement de taux d’intérêt à 25% vu par Faustin Luanga, professeur des universités en économie

Economiste, Prof des Universités, Haut Fonctionnaire, Amoureux du Congo et de l’Afrique; Conseiller des gouvernements, Ambassadeur Itinérant du Chef de l’Etat…, Faustin Luanga livre son point de vue sur le relèvement de taux d’intérêt à 25% par la Banque centrale du Congo.

Qui est Faustin Luanga ?

Faustin Luanga commence ses éCe tudes supérieures à l’Université de Kinshasa où il obtient une licence en sciences économiques en 1988[5],[6]. Il continue ses études au Japon, d’abord à l’Université International du Japon d’où il décroche une maitrise en relations internationales en 1991. Toujours au Japon, Faustin Luanga s’inscrit à l’Université de Nagoya, d’où il décroche un doctorat en économie en 1994.

Carrière diplomatique

En 1996, Faustin Luanga rejoint l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC). À l’OMC, il a exercé successivement les fonctions de conseiller à la Division Economique et Statistique ainsi qu’à la Division de l’Institut de Formation et de Coopération Technique où il a été Conseiller Chargé du Bureau Afrique avant de devenir Chef du Bureau Régional pour les économies d’Asie et du Pacifique, poste qu’il occupe à ce jour.

Carrière gouvernementale

Entre 2001 et 2006, Faustin Luanga a exercé des fonctions politiques avec rang de ministre d’État dans son pays d’origine, la République Démocratique du Congo (RDC). Il a été conseiller spécial du président de la RDC, Joseph Kabila, chargé de toutes les questions économiques, financières et de développement, coordonnant et supervisant tous les ministères liés à la Commission économique et financière de son pays pendant trois ans. Il a également dirigé pendant deux ans le Programme national de désarmement, de démobilisation et de réinsertion des anciens militaires, un programme hautement stratégique et politique dans ce pays après une décennie de guerre.

Carrière professorale

Le Docteur Luanga a été professeur d’économie et de finance dans plusieurs universités à travers le monde. Il est l’auteur de divers livres, rapports et articles sur l’économie, le commerce et le développement.

Ce que pense Faustin Luanga

L’un des objectifs premiers de la Banque Centrale du Congo (BCC) est de maintenir la stabilité des prix par une politique monétaire rigoureuse… Récemment, la BCC a eu à relever son taux directeur à 25% et on a crié à la panique. Je suis d’avis que rien de grave ne se produira dans une économie « très dollarisee » et «moins bancarisée» comme celle de la RDC. La BCC fonctionne avec seulement 15 à 20% de la masse monétaire en francs congolais; 85 à 80% étant hors du circuit bancaire. Ce phénomène est lié à la sous-bancarisation du pays; il existe un seul guichet pour 2 million d’habitants et pour une superficie de 56 000 km2. Dans certains coins du pays, il n’y a aucune institution financière. Ne souffrons pas de la myopie ou du fétichisme des théories économiques dans un pays où le secteur informel règne en prince et la notion économique du marché susceptible de s’ajuster est questionable. L’histoire économique récente de ce pays nous apprend que la BCC avait déjà relevé fortement son taux d’escompte de 20 à 65% en février 2005 (soit 45 points d’écart), afin de résorber le surplus de liquidités monétaires et contenir leur expansion, et rien de grave ne s’était produit. Demeurons alors serein. Certes ce relèvement des taux d’intérêt à 25%, rendra mécaniquement les prêts en franc congolais plus coûteux (une proportion négligeable par rapport au volume de prêt en dollars), ce qui pourrait freiner les dépenses et l’activité économique; et par ricochet cela pourrait potentiellement contribuer à limiter la pression sur les prix et contenir l’inflation. Ce relèvement pourrait aussi créer un effect d’éviction en encourageant les investisseurs à déplacer leurs capitaux vers des actifs en dollars, ce qui pourrait renforcer encore la dollarisation de l’économie. Cependant, comme l’économie de la RDC est étroitement liée au dollar et que la majorité des transactions se font en dollars, les fluctuations des taux de change peuvent jouer un rôle important dans la détermination de l’inflation. Si le franc congolais perd de la valeur par rapport au dollar, les importations deviennent plus coûteuses, ce qui peut entraîner une hausse des prix des biens importés et potentiellement contribuer à l’inflation. Sur le plan interne, des congolais qui convertissent au quotidien leur franc congolais en dollars verront leurs petites économies fondre suite à la dépréciation du franc. Car le dollar ne s’apprécie pas mais c’est le franc congolais qui se déprécie… En résumé la pression inflationniste observée, la dépréciation du franc congolais par rapport au dollar sont des conséquences des effets combinés du dérapage monétaire, de l’augmentation des dépenses militaires suite à la guerre à l’Est du pays, de la hausse des prix des produits pétroliers, de rigidités du « marché » (spéculations et théorisation) suite au poids du secteur informel… Le relèvement de taux d’intérêt directeur de la BCC ne sait pas être le seul instrument pour résorber ce déséquilibre du cadre macroéconomique. En mon humble avis, l’impact de ce relèvement de taux d’intérêt sur l’inflation dans une économie fortement dollarisée, sous-bancarisée comme celle de la RDC dépendra de la complexe interaction entre les taux de change, les politiques monétaires et budgétaires, et la structure de l’économie congolaise, qui malheureusement demeure trop extravertie, très dollarisée, et en large partie dans l’informel… Réfléchissons pour construire une économie qui répond aux besoins et aux attentes des congolais. Salut et bon dimanche chez vous.

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