Dépasser la guerre des impérialistes et gagner la guerre mercantiliste pour construire le Congo

(Une tribune de Musene Santini Be-Lasayon)

Face à la guerre pour l’hégémonie géopolitique mondiale qui oppose, par l’Ukraine interposée, les impérialistes totalitaires russes aux impérialistes démocratiques occidentaux, les Congolais sont incroyablement divisés en trois camps distincts, séparés et antagoniques : Pro-Russie, pro-Occident et pro-Congo ! Et pourtant, ils doivent, dans l’unité la plus totale possible, complètemnt dépasser cette guerre des monstres les plus froids des monstres et gagner la guerre mercantiliste qui écume l’Est pour s’adonner entièrement, rationnellement et sérieusement à la construction de leur pays.

Au regard de la guerre pour l’hégémonie géopolitique mondiale que se livrent, par le biais de la République d’Ukraine, la Russie de Vladimir Poutine et l’Occident conduit par les Etats-Unis d’Amérique de Joe Biden, les Congolais, idéologiquement enchaînés ou libres, sont incroyablement divisés en trois camps distincts, séparés et antagoniques. Certains se réclament être des partisans de la Russie contre l’Occident. Certains autres se disent défendre l’Occident contre la Russie. Certains autres encore, refusant toute sorte de balkanisation de leur pays, se rangent catégoriquement derrière le Congo de Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo. Mais, ceux-ci ne sont ni contre, ni pour l’Occident, ni contre, ni pour la Russie. Ils sont plutôt entièrement pour leur Congo. A travers les lignes qui suivent, nous tentons d’exposer et de décortiquer les arguments que chacun de ces trois camps avance pour justifier sa position.

TROIS OBSERVATIONS

Cependant, avant d’y arriver, trois importantes observations, susceptibles de mieux faire comprendre la suite, s’imposent. Primo, ce que nous rapportons ici est le fruit, non pas d’une grande enquête sociologique concernant la guerre en Ukraine et ce en rapport avec la guerre sévissant dans l’Est du Congo quasi-abandonné par l’Occident depuis environ trente ans. Il s’agit plutôt des résultats des entretiens libres, individuels et collectifs réalisés, du mois de juin au mois d’août 2023, avec un certain nombre d’universitaires de divers formations académiques et milieux socio-rofessionnels de Kinshasa. Dans ce contexte, il nous est très difficile de mesurer le degré exact de leurs sentiments envers la Russie, l’Occident et le Congo. Mais, nous dégageons avec aisance, à travers leurs propos, leurs penchants à l’égard de l’une ou l’autre de ces trois entités géopolitiques.

Secundo, de l’avis général des experts des sociétés est-européennes, tels que Hélène Carrère d’Encausse, Jean Radvagni, Françoise Thom et Gilles Favarel-Garrigues, la guerre en Ukraine n’est pas du tout une guerre idéologique opposant la gauche marxiste-léniniste, socialiste, communiste, totalitaire et révolutionnaire à la droite libérale, capitaliste, démocratique et réactionnaire. Comme ç’était le cas durant la très longue guerre froide de 1945 à 1991.

Car, l’Occident demeure fondamentalement libéral, capitaliste et démocratique. Mais, la Russie de Vladimir Poutine paraît avoir essentiellement rompu avec le marxisme-léninisme, le socialisme et le communisme de l’ère soviétique. Elle n’en garde, cependant, que son système agressif de propagande et de coercition politico-idéologique. Pour preuve, le parti communiste russe d’aujourd’hui, resté essentiellement orthodoxe, est le leader incontesté des farouches oppositions à ce régime foncièrement nationaliste et totalitaire du parti Russie Unie de Vladimir Poutine au pouvoir depuis 23 ans. D’ailleurs, à en croire Gilles Favarel-Garrigues, les experts qualifient généralement le présent régime politique russe  de « super-présidentiel, de démocratie dirigée, de militocratie libérale ou d’autoritarisme bureaucratique. » Ils perçoivent la guerre en Ukraine comme l’expression violente des ambitions illimitées de son instigateur, Vladimir Poutine, et de l’orgueil également démesuré des Occidentaux qui croient détenir, pour de bon, l’hégémonie géopolitique sur le monde entier.

Tertio, enfin, les deux guerres auxquelles nous faisons allusion ici, celle en Ukraine et celle dans l’Est-RDC, sont deux guerres fondamentalement différentes par leur nature et leurs protagonistes. Elles ne sont ni confondables, ni comparables. Tenons : La guerre en Ukraine est une guerre hautement impérialiste pour l’hégémonie géopolitique mondiale. Elle est fondée sur les intérêts stratégiques globaux et particuliers de la Russie et de l’Occident multiple. Elle oppose les impérialistes russes aux impérialistes occidentaux pilotés par les Etats-Unis d’Amérique. La guerre dans l’Est-RDC est, quant à elle, une guerre ouvertement mercantiliste. Elle est principalement fondée sur les intérêts économico-financiers de quelques puissantes multinationales occidentales friandes des minerais stratégiques congolais et secondairement sur ceux du Rwanda de Paul Kagame, l’allié et le commissionnaire africain sur le terrain des opérations simultanément militaires et de pillage éhonté de ces ressources naturelles stratégiques. Comme au temps de la colonisation, ces puissantes multinationales occidentales sont donc les commanditaires de cette guerre mercantiliste. Cependant, celle-ci oppose, malheureusement, deux pays africains pauvres et faibles, le Congo de Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, qui en subit les effets néfastes, et le Rwanda de Paul Kagame, dont l’économie dépendrait, à 60%, de cette guerre de pillage.

Ces trois importantes remarques précisées et soulignées, revenons maintenant aux trois différents camps hostiles dans lesquels s’inscrivent les Congolais quant à la guerre impérialiste en Ukraine par rapport à la guerre mercantiliste sévissant dans l’Est de leur propre pays.

POUR LA RUSSIE

Le premier groupe, le plus bruyant et le plus grouillant de tous, c’est celui des pro-Russie, mieux, des pro-Poutine. Car, il se constitue, en réalité, des fanatiques et autres inconditionnels de Vladimir Poutine considéré comme un leader ou un héros intraitable. Et ce, pour deux raisons connexes. Primo, metteur en scène consommé de sa propre personne, le président de la Fédération de Russie se pose en figure de proue des farouches oppositions à la domination unilatérale de l’Occident sur le monde entier et de la soumission inconditionnelle à ce monde « pourri, satanique et cupide», selon ses propres mots. Il le démontre en défiant, par la guerre totale et impitoyable qu’il impose à l’Ukraine, les Etats-Unis d’Amérique et ses alliés de l’Union Européenne, les détenteurs exclusifs de l’hégémonie géopolitique mondiale et les soutiens indéfectibles de l’Ukraine contre sa Russie. Secundo, Poutine fait rêver à ses partisans, sans leur dévoiler la procédure à suivre pour y parvenir, l’avènement de l’hégémonie géopolitique mondiale multipolaire, partenariale et équilibrée que les BRICS revendiquent au nom de tous les opprimés de l’ordre mondial actuel mené par l’Occident depuis le 16ème siècle. Ce groupe pro-Russie est psychiquement conduit, ragaillardi, requinqué et subjugué par le discours ratio-émotionnel anti-hégémonie géopolitique américaine en particulier et anti-hégémonie géopolitique occidentale en général de Vladimir Poutine. Il prend cette propagande agressive à la soviétique de Poutine, incessamment répétée, pour parole d’Evangile. Il perçoit la Russie comme un pays à diplomatie accomodante, douce et coopérante par rapport à celle de l’Occident qu’il juge offensive, hégémonique et écrasante. Il qualifie l’Occident d’hypocrite, d’injuste, d’ingrat et de méchant à l’égard du Congo. Il lui reproche particulièrement de laisser, depuis environ trois décennies, certaines de ses puissantes multinationales armer le Rwanda de Paul Kagame dans l’objectif d’attaquer, de déstabiliser et d’envahir incessamment et impunément, pour des raisons mercantilistes, le Congo qu’il exploite pourtant depuis 138 ans. Pendant qu’il abandonne l’Est du Congo au Rwanda commandité par certaines de ses puissantes multinationales, il soutient massivement et puissamment, depuis le 24 février 2022, l’Ukraine de Volodymyr Zelensky contre la Russie de Vladimir Poutine. Face à cette politique absurde de deux poids, deux mesures de l’Occident, ce groupe, viscéralement anti-américain en particulier et anti-occidental en général, prend clairement et nettement position pour la Russie de Vladimir Poutine. Se fondant sur la supériorité supposée de cette puissance nucléaire militaire (elle aurait plus de têtes nucléaires que les Etats-Unis d’Amérique), il pousse l’Etat congolais à s’allier exclusivement à cette dernière. Et ce, dans le but ultime de libérer l’Est du pays du joug rwandais et, par ricochet, occidental. Il croit au plus haut point que la promotion et la défense des intérêts supérieurs du Congo doivent nécessairement passer, aujourd’hui, par une alliance particulière, spéciale et exclusive avec la Russie. Car, contrairement à l’Occident, ce pays est disposé à accompagner le Congo dans ses efforts pour mettre fin à la guerre sévissant dans sa partie Est et pour son développement.

POUR L’OCCIDENT

Le deuxième camp, dit pro-Occident, dénonce et condamne également, avec force, le comportement ambigü et hypocrite de l’Occident envers la RD-Congo quant à la guerre bientôt trentenaire dans sa partie Est. Cependant, il croit qu’il est fondamentalement logique, normal et juste que l’Occident assiste massivement et puissamment l’Ukraine dans la guerre injuste et  injustifiée que la Russie de Poutine, la deuxième puissance militaire mondiale, inflige à son voisin infiniment plus petit et plus faible. Il traite l’instigateur de cette guerre, Vladimir Poutine, de fou, de sanguinaire, de criminel, d’assassin, de dictateur insensé et incorrigible, etc. Il juge la Russie, deuxième puissance mondiale uniquement militaire, mais économiquement et technologiquement arriérée par rapport à l’Occident, incapable d’assister sérieusement, profondément et intégralement le Congo dans son combat pour le développement. Car, ce dernier pays est confronté, non seulement à la guerre dans sa partie Est, mais aussi et surtout à d’innombrables autres problèmes embrouillés dans tous les secteurs d’activités. Or, le seul et l’unique bénéfice que le Congo peut tirer de la coopération privilégiée, spéciale ou exclusive avec la Russie, ce sont des armes, des munitions, des véhicules et des avions de guerre. Et ce, en échange avec des cargaisons et des cargaisons des minerais stratégiques congolais. En dehors de ces instruments de guerre russes qui risquent de compliquer davantage la situation du Congo, ce pays ne peut s’attendre à rien d’autre de plus. Pire, il n’y a aucune garantie que ces instruments de guerre russes feront gagner le Congo contre le Rwanda et l’Occident. Pour se convaincre de l’insignifiante importance et qualité de la coopération avec la Russie, ce camp pro-Occident propose que l’on se mette à compter et à comparer, objectivement, ce que les Occidentaux et les Russes ont déjà réalisé pour le Congo. Il jure qu’on ne trouverait, à travers ce pays, aucune école, aucun hôpital, aucune route, aucune entreprise, etc, comme résultats de la coopération plus que soixantenaire avec la Russie! Par contre, malgré sa politique coloniale et néocoloniale, l’Occident, longtemps représenté sur le terrain par le royaume de Belgique, a quand même indiqué le chemin du développement au Congo. Quelques exemples concrets ? Dès son établissement ici en 1885, l’Occident s’est employé à créer ce grand Etat africain qui n’avait jamais existé avant lui et qui fait la fierté des autochtones. A part la ville de Gbadolite fondée par Mobutu, il a progressivement créé, en 75 ans, tous les autres villes et centres urbains du pays. Par l’intermédiaire des Eglises Catholique et Protestante qu’il a autorisées à s’implanter ici, il a doté le Congo de l’écrasante majorité de ses institutions d’enseignement et de santé, de tous les niveaux, pendant et après la colonisation. Malgré quelques désinvestissements opérés à partir de la seconde moitié de la décennie 1990, il est demeuré, pendant très longtemps, l’incomparable premier investisseur étranger du Congo. En effet, l’écrasante majorité des entreprises et des banques de toutes les tailles et de tous les secteurs d’activités, qui faisaient travailler les Congolais, étaient occidentales. L’écrasante majorité des diverses infrastructures publiques (bâtiments, ponts et chaussées, rails, barrages hydro- électriques, etc) du pays sont des apports indéniables de l’Occident. Enfin, si l’Occident n’était réellement que « pourri, satanique et cupide et la Russie paradisiaque », comme le prétendent Poutine et ses fanatiques d’ici, comment expliquer que des Congolais de toutes les tendances idéologiques, qui s’expatrient particulièrement pour des raisons socio-économiques, ne vont jamais en Russie, mais toujours dans les pays occidentaux : Belgique, Etats-Unis d’Amérique, Canada, Royaume-Uni, France, Allemagne, Suisse, Pays-Bas, etc, par exemples?Des Congolais honnêtes, sérieux et responsables ne peuvent pas nier, argue ce groupe pro-Occident, ces nombreuses et diverses évidences occidentales à travers le pays. Par conséquent, ils ne peuvent renier l’Occident à cause de l’outrecuidance de certaines de ses multinationales liées à la guerre de l’Est et de son impérialisme qu’ils connaissent pourtant mieux que l’impérialisme russe. Au contraire, la présente conjoncture est la mieux indiquée pour l’Etat congolais de rendre, par une diplomatie pro-active, plus dynamique et plus agissante, l’Occident plus conscient que jamais auparavant de ses responsabilités historiques sur le sort du Congo et de l’amener à changer positivement de comportement, d’attitudes et de pratiques à son égard. Visiblement anti-russe, ce camp croit donc en la capacité de l’Occident, généralement attaché à la démocratie, de se ressaisir, de s’amender et d’apporter encore au Congo l’assistance dont il a grandement besoin pour mettre fin à la guerre de l’Est et pour son développement intégral, intégré et durable.

POUR LE CONGO

Le troisième et dernier camp, dit pro-Congo, dénonce et condamne enfin, comme les deux premiers, le comportement hypocrite et ambigü de l’Occident vis-à-vis de son pays durant les trois dernières décennies. Comme le deuxième groupe, il reconnaît et apprécie quand même les réalisations de l’Occident à travers le Congo. Cependant, contrairement aux deux premiers camps, il tient à la promotion, à la défense et à la progression ininterrompues d’un développement essentiellement endogène dans ce pays. Un développement promu, suivi et défendu par les Congolais. Un développement bâti avec des capitaux exclusivement ou principalement détenus par des Congolais. Un développement puissamment encouragé, boosté et soutenu par l’Etat congolais. Dans cet objectif, il juge très sévèrement et l’Occident et la Russie et même la Chine quant à la consistance de leur probable contribution au développement du Congo. Car, ils sont tous de cyniques monstres froids toujours accrochés à la promotion, à la défense et à l’accroissement ininterrompus de leurs seuls intérêts au détriment de ceux des pays les plus faibles qu’ils exploitent inconsidérément.

Pour preuves, l’Occident a colonisé, durant plusieurs siècles ou décennies, tous les pays d’Afrique, d’Océanie, des Amériques et la majorité des pays d’Asie. Partout, même après l’accession de ses ex colonies à la souveraineté nationale et internationale, il se comporte toujours en maître. Il domine, exploite et ruine politiquement, économiquement, socialement et culturellement tous les pays des régions géographiques précitées. Actuellement, l’écrasante majorité de ces pays, demeurés généralement pauvres, misérables et sous-développés, le boudent ou le contestent. Mais, ils n’abandonnent pas, pour autant, cet Occident qui les assujettit! Cependant, depuis environ deux ans, trois pays d’Afrique francophone occidentale, en l’occurrence le Mali, le Burkina Faso et le Niger, tentent, pour des raisons évidentes d’exploitation éffrenée, de s’éloigner de la République de France, leur ancienne puissance coloniale et néocoloniale. Ils essaient de se rapprocher davantage de la Russie de Vladimir Poutine. Sans attendre et sans tergiverser, ce dernier met ses mercenaires du groupe Wagner, non seulement à la disposition de ces trois pays, mais également de la République Centrafricaine, de la Libye, du Soudan, de l’Algérie, de la Guinée-Conakry et du Mozambique pour les protéger, dit-il, des terroristes commadités par l’Occident.

La Russie, qu’elle soit tsariste ou soviétique, a aussi politiquement, économiquement, socialement et culturellement colonisé, dominé, exploité et ruiné, pendant plusieurs siècles ou décennies, la quasi-totalité des pays de l’Europe centrale, la totalité des pays de l’Europe orientale et la totalité des pays de l’Asie centrale (Turkménistan, Kazakhstan, Ouzbékistan, Tadjikistan, Kirghizistan, Mongolie Extérieure, Afghanistan, etc). Mais, au bout du compte, aucun de ces pays n’a pris de l’envol en matière de développement. Au contraire, ils croupissent généralement dans la pauvreté, la misère et le sous-développement. En plus, leur seule et unique véritable puissance coloniale et néocoloniale, la Russie tsariste d’abord, l’URSS par la suite, désillusionnée par ses propres contradictions internes, s’est finalement désintégrée en décembre 1991. De ce fait, certains pays voisins, autrefois souverains, indépendants et libres, qu’elle avait intégrés par la force en son sein et transformés en ses républiques fédérées, sont redevenus des Etats indépendants, souverains et libres. Les ex démocraties populaires, jadis pays satellites de l’URSS enfermés dans un camp retranché du monde, sont aussi redevenues des Etats indépendants, souverains et libres. Et ces anciennes républiques fédérées soviétiques et ces ex. démocraties populaires ont abandonné, dans leur écrasante majorité, l’impériale Russie. D’où, la mort subite inévitable du Pacte de Varsovie et du Comecon qui les reliaient entre elles, sous l’égide de Moscou, sur les plans respectivement militaro-politico-idéologique et économico-commercialo-financier. D’où, la plupart d’entre elles se sont rapprochées, ont déjà rejoint ou tendent à rejoindre l’Otan et l’Union Européenne. D’où, les guerres que la Russie de Poutine a suscitées et imposées à la Géorgie en 2008 et à l’Ukraine en 2014 et en 2022. D’où, enfin, les menaces qu’elle fait peser sur la plupart de ses anciens vassaux affranchis tels que la Pologne, la Géorgie, la Moldavie, la Lituanie, l’Estonie, la Lettonie, etc, qu’elle tiendrait à ramener sous son giron.

Sous le couvert de l’URSS, la Russie soviétique avait la main mise sur certains pays d’Afrique, tels que le Ghana de Kwame N’krumah, la Guinée-Conakry de Sékou Touré, le Congo-Brazzaville de Marien Ngouabi et Sassou N’guesso, le Mozambique de Samora Machel et Joachim Chissano, l’Angola d’Agostino Neto et Eduardo Dos Santos; sur quelques pays des Amériques à l’instar de Cuba de Fidel Castro et du Nicaragua des sandinistes; et sur certains autres pays d’Asie, aux côtés de la Chine de Mao, tels que le Vietnam de Hô Chi Minh et le Cambodge des Kmers Rouges. Mais, aucun de ces divers pays n’est sorti du sous-développement. Finalement, rendus à l’évidence, ils se sont, tous, réconciliés avec l’Occident, le diable!

Selon ce troisième et dernier camp, dit pro-Congo, les grandes puissances mondiales, qu’elles soient de l’Occident ou de l’Orient, sont globalement des oiseaux du même plumage. De même, la Russie et l’Occident sont, tous deux, de la même nature impériale et expansionniste. Ils sont, tous deux, de cyniques monstres froids toujours enclins à dominer et à exploiter littéralement les autres pays du monde, surtout les plus faibles. Egocentriques, ils ne promeuvent, ne défendent et ne développent sérieusement que leurs seuls intérêts au détriment de ceux des autres pays avec lesquels ils font semblant de traiter d’égal à égal.

A ce sujet, ce camp exhibe le cas du contrat du siècle que le Congo avait signé, en avril 2008, avec un groupe d’entreprises chinois. Et ce, dans le cadre de la joint-venture Sicomines qu’ils avaient montée ensemble. Contrat par lequel les Chinois ont, selon l’Inspection Générale des Finances (IGP), roulé le gouvernement congolais sur tous les plans. En effet, pour réaliser le programme d’infrastructures dont le pays a grandement besoin pour son développement, le gouvernement avait mis à la disposition de la Sicomines des gisements riches en minerais de cuivre, de cobalt et de lithium évalués à près de USD 93 milliards. Il a ajouté, à ces riches gisements miniers, les exonérations de tous droits de l’Etat estimés à environ USD 10 milliards. Les deux entreprises chinoises n’ont apporté aucun capital frais leur appartenant en propre. Elles ont seulement amené un endettement de USD 4,4 milliards pris d’Exim Bank China pour le fonctionnement de la Sicomines. Cependant, les deux entreprises chinoises ont gagné, à elles seules, USD 17 milliards, les banques prêteuses chinoises USD 1,2 milliards et le Congo à peine USD 0,8 milliards en infrastructures depuis 2008! En plus, la Sicomines, pourtant une joint-venture Congo-Chine basée au Congo, n’utilise jamais les entreprises sous-traitantes congolaises dans les travaux qu’elle conduit ici! Elle fait plutôt appel à des compagnies sous-traitantes chinoises installées ici ou ailleurs!

Ainsi, concernant cette guerre impérialiste en Ukraine, ce troisième et dernier groupe, entièrement attaché à la RD-Congo, est convaincu que la place des Congolais n’est ni derrière l’Occident mené par les Etats-Unis d’Amérique, la superpuissance mondiale, ni derrière la Russie, la deuxième puissance militaire mondiale, ni derrière la Chine, la deuxième puissance économique mondiale, mais bien plutôt aux côtés de leurs concitoyens qui se battent, ici même, pour la survie, l’émergence et le développement de leur pays.

TRILOGIE GAGNANTE

Considérant toutes les réalités concrètes susévoquées et vécues sous tous les impérialismes, le constat général est qu’ il n’ y a point, entre l’Occident et la Russie, le moindre mal. Car, ils sont tous habités par le même esprit dominant d’impérialisme et de mercantilisme, quel qu’en soit le degré. Ils sont tous des exploiteurs insoucieux de leurs prétendus partenaires, des expansionnistes autoritaires et des impérialistes sans vergogne. La preuve la plus tangible de leur iniquité commune incomparable? Aucun pays d’Afrique, d’Asie, d’Océanie, des Amériques, etc, n’a jamais émergé ou ne s’est jamais développé selon le modèle occidental, grâce à l’Occident ! Aucun pays d’Europe centrale, d’Europe orientale, d’Asie centrale, d’Afrique, des Amériques, etc, n’a jamais émergé ou ne s’est jamais développé, selon le modèle soviétique ou russe,  grâce à l’URSS ou à la Russie ! Les quelques pays qui émergent, même s’ils s’inspirent des expériences des autres et optent généralement pour le mode de production capitaliste, empruntent leur propre voie.

Ainsi, quant à l’idée de privilégier les relations diplomatiques et de coopération au développement soit avec la Russie seule, soit avec l’Occident seul, soit avec la Chine seule dans toutes les questions touchant à la guerre de l’Est et au développemment de leur pays, les Congolais sont foncièrement divisés en trois camps distincts, séparés et antagoniques difficilement réconciliables! D’où, s’ils tiennent vraiment à mettre fin à la guerre de l’Est que l’impénitent ennemi rwandais et quelques multinationales occidentales leur imposent, ils doivent mentalement sortir de la guerre impérialiste en Ukraine en la dépassant complètement. Car, elle n’est pas pas du tout leur guerre. Ils doivent se refuser de se diviser et d’éparpiller leur énergie mentale en fonction du comportement, des attitudes et des pratiques de l’Occident dans cette guerre impérialiste et dans la guerre mercantiliste qui écume l’Est de leur pays. Ils doivent, enfin, s’empêcher de succomber à la propagande russe ou occidentale qui ne sert que les intérêts égoïstes russes ou occidentaux. Et ce, afin de se consacrer et de se concentrer entièrement, rationnellement et sérieusemenr, dans l’unité la plus totale possible, à court terme sur la guerre mercantiliste de l’Est et à moyen et à long terme sur le développement intégral, intégré et durable  de leur pays.

En vue d’y  parvenir, ils sont appelés à franchir, préalablement ou concomittamment, les cinq importantes et stratégiques étapes opérationnelles suivantes: Premièrement, identifier systématiquement toutes les fameuses multinationales occidentales friandes des minerais stratégiques congolais impliquées dans la guerre de l’Est. Deuxièmement, chercher et obtenir impérativement de négocier, d’égal à égal, directement avec les présidences exécutives de ces fameuses multinationales occidentales et leurs gouvernements respectifs. Troisièmement, trouver avec ces derniers un modus vivendi rationnel, réaliste, opérationnel, juste et profitable à tous. Quatrièmement, ne compter ni sur les Occidentaux seuls, ni sur les Russes seuls, ni sur les Chinois seuls, mais bien plutôt, avant tout et après tout sur les citoyens congolais, les premiers, sinon les seuls responsables de leur destin national commun. Cinquièmement, chercher, trouver et déterminer, eux-mêmes, les voies et moyens les meilleurs de sortir leur pays du gouffre dans lequel il se trouve. Sixièmement, enfin, emprunter, à l’instar des Sud-Coréens, des Brésiliens, des Indiens et des Chinois, leur propre voie pour émerger. Ils ont, en effet, tous les atouts indispensables pour y parvenir, sauf deux : le patriotisme véritable et la volonté politique de développer, eux-mêmes d’abord, eux-mêmes ensuite et eux-mêmes enfin, leur propre pays.

Pour tout dire, la solution aux multiples et embrouillés problèmes de la RD-Congo ne se trouve ni dans la ruineuse guerre contre le Rwanda et l’Occident, ni dans l’alliance spéciale, privilégiée ou exclusive soit avec la Russie de Vladimir Poutine, soit avec la Chine de XI Jinping, soit avec l’Occident de Joe Biden, ni dans le repli sur soi-même, mais bien plutôt, avant tout et en dernier ressort dans la conjugaison réelle, simultanée, rationnelle et responsable de la trilogie gagnante suivante: 1) le patriotisme sincère, sérieux, engagé et concrètement appliqué de ses propres citoyens; 2) la volonté politique farouche, implacable et optimale de sa prise en charge effective, profonde et totale par ses propres citoyens ; et, enfin, 3) la diplomatie et la coopération au développement stratégiques et rentables avec le reste du monde, dont les incontournables grandes puissances mondiales. Et ce, dans le cadre du partenariat, au sens plein de ce terme, rationnellement et responsablement conduit par des autorités politiques et autres hauts cadres congolais imbus de la vertu politique.

MUSENE SANTINI BE-LASAYON

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