Prolifération des petits commerces autour des cimetières de Kinshasa

Des vendeuses devant le cimetière de la Gombe à Kinshasa (Photo droits tiers)

Le petit commerce est proliféré autour des cimetières de la ville de Kinshasa, capitale de la République démocratique du Congo (RDC), où les familles éprouvées et ceux qui les accompagnent à l’enterrement ne s’interdisent pas de faire des achats, a constaté lundi l’ACP.

« La plupart des gens qui accompagnent les corps de leurs proches dans leurs dernières demeures aiment bien profiter des produits que nous vendons, notamment  le vin de palme, les fruits et bien d’autres choses dont la qualité est très appréciée par les acheteurs. En tout cas, c’est le meilleur endroit où on peut vendre sans être inquiété comme au marché, où il y a plusieurs taxes. Ici autour du cimetière,  il n’y a pas non plus de tracasseries», a confié Florence Ngiubu, une des vendeuses autour du cimetière Mbenseke, à la périphérie ouest de la ville de Kinshasa.

Le même phénomène a été également observé au cimetière de Mingadi, village frontalier au quartier Mitendi, dans la commune de Mont-Ngafula, où la plupart des vendeuses se sentent plutôt à l’aise. « Moi personnellement je préfère vendre ici qu’au marché. Mes produits s’écoulent facilement et il n’y a pas de  dérangements avec les agents de l’ordre », a dit Hélène Nsimba.

Quant aux acheteurs, le lieu ne les offusque nullement. « J’aime bien profiter des occasions comme celles d’enterrement, pour acheter  les articles qui sont non seulement difficiles à trouver au marché, mais aussi chers. Ici les prix sont vraiment abordables. C’est comme la Chikwangue de bonne qualité que je vois ici. C’est une bonne aubaine de se ravitailler quand on a un peu d’argent malgré le deuil », a pour sa part expliqué Laetitia Pemba, une cliente.

Sur la liste des clients qui fréquentent ces marchés de plus en plus florissants autour des cimetières de Kinshasa, figurent en bonne place les fossoyeurs. Parmi eux, Isidore Kaleme. « Nous n’avons pas un autre endroit où aller se restaurer, si ce n’est qu’aux alentours du cimetière où rôdent les vendeurs de pains, poissons grillés et bien d’autres mets qu’on peut manger à un bon prix », a-t-il fait savoir.

« Avant, je n’aimais pas ce genre d’activités devant mon cimetière. Mais un jour une délégation des dames est venue me supplier de leur laisser un peu d’espace pour le petit  commerce. Après hésitation, j’ai finalement accepté en leur laissant un coin devant l’enclos. Je crois que c’est une bonne chose, parce que ça permet à ces mamans de chercher de quoi nourrir leurs familles », a confié, sous couvert d’anonymat, le propriétaire d’un cimetière privé situé sur la route Matadi, dans la commune de Mont-Ngafula.

Un vendeur d’œufs au cimetière de Benseke Futi (Photo droits tiers)

Cette prolifération du petit commerce autour des cimetières a été aussi observée dans plusieurs autres  sites d’enterrement de la capitale congolaise. Notamment dans la commune de N’sele, à la périphérie Est de Kinshasa, où fruits, légumes, poissons frais, arachides grillées, de la viande boucanée et du poisson fumé ou salé se vendent, tantôt à même le sol, tantôt sur des petits étalages qui rivalisent de fois avec des débits de boissons où se déversent des décibels sans compassion aux personnes éplorées.

La clientèle ici est essentiellement constituée des familles éprouvées, les amis et connaissances qui les accompagnent ainsi que tous ceux qui viennent visiter les tombes de leurs proches décédés. La plupart des personnes qui accompagnent les cortèges funèbres n’arrivent même pas au lieu de sépulture. Ils préfèrent s’installer confortablement dans les débits de boissons autour du cimetière, en attendant le retour au lieu du deuil pour le bain de consolation.

Dans les années 70, 80, voire 90, les activités aux cimetières de Kinshasa se résumaient au seul enterrement. On ne pouvait ni boire, ni manger ou encore se livrer aux scènes contraires au respect dû aux morts. Aujourd’hui, c’est le contraire. Tout semble permis: danse et chants obscènes, consommation d’alcool, à manger et parfois ainsi des scènes de réjouissance.

ACP

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