MANGAAKA : UNE FIGURE PUISSANTE AUX GRANDES VERTUS

Durant notre visite du Musée Rietberg de Zürich à l’occasion de l’exposition sur  l’art congolais qui s’est tenue du 22 novembre 2019 au 14 mars 2020, nous avons été fascinés par plusieurs objets, particulièrement  les deux figures impressionnantes  chargées de forces mystiques dénommées « MANGAAKA ».

Selon les explications de la guide, cette figure provenant du Royaume Kongo appartient à un collectionneur privé du Canton de Zug en Suisse. Elle avait comme rôle de sceller les vœux formulés et les traités conclus entre particuliers. Ainsi, de nombreux clous et bouts de flèches  sur cette figure représentent des vœux  et  des traités conclus à l’époque par nos aïeux .

NOTARIAT À L’AFRICAINE.

En considérant notre époque, nous  nous rendons compte que « Mangaaka » jouait le rôle du NOTAIRE à l’époque du ROYAUME DU KONGO, dans la mesure où  cette figure consolidait les divers contrats entres individus à travers les bouts de fer plantés de leurs propres mains sur elle. Vu la croyance aux forces mystiques qui prévalait dans les sociétés africaines, chacun tenait à respecter son contrat sous peine d’être sanctionné mystérieusement.

De ce point de vue, ce que les européens considéraient comme des vilains fétiches dans les sociétés africaines garantissaient  plus des valeurs morales  que les cours et tribunaux qu’ils ont importés.

N.B Ces œuvres existent  en deux exemplaires seulement, tous appartenant  aux collectionneurs privés du canton de Zug.

Messager

Le Mangaaka ou Nkondi (Nkonde) était un grigri (nkisi) des Bakongo. Hérissé de clous avec parfois de lames, il était l’outil sacré du féticheur (nganga). La statuette avait souvent sur l’abdomen une charge magique (bilongo) placée par le devin lui-même. Faisant la chasse aux sorciers au plan naturel et surnaturel, le fétiche à clou avait un but protecteur et servait à la solution des problèmes dont celui de la guérison. Il était utilisé lors des rituels comme refuge de l’incarnation des esprits qui intercédaient en faveur des vivants. Diabolisé pour son apparence par les prêtres portugais, son usage fut interdit par supplice du feu à la fin du XVe siècle car reconnus (injustement d’ailleurs) comme fétiche et support de sorcellerie. Les Nkondi furent brûlés lors de la première évangélisation du royaume du Kongo à la suite de la conversion du souverain (mani mkongo) Afonso Ier. On trouve encore des spécimens de cette sttautette chasseur de sorciers dans plusieurs grandes musées occidentales, de Tervuren à San Francisco en passant par Amsterdam. Aujourd’hui, la maison Bruno Mignot vend en ligne des exemplaires en sa possession

Samuel Malonga

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