LES CONGOLAIS DANS LA GUERRE DES IMPERIALISTES( Par Musene Santini Be-Lasayon)

Face à la guerre pour l’hégémonie géopolitique mondiale qui oppose, par l’Ukraine interposée, les impérialistes russes aux impérialistes occidentaux, les RD-Congolais sont incroyablement divisés en trois camps distincts, séparés et antagoniques : Pro-Russie, pro-Occident et pro-RDC ! Et pourtant, dans cette guerre des monstres les plus froids des monstres ou des bourreaux les plus cruels des faibles toujours égocentriques, leur place n’est ni derrière la Russie, ni derrière l’Occident, mais bien plutôt aux côtés de leurs compatriotes qui se battent, ici même, pour la survie de leur propre pays.

Au regard de la guerre pour l’hégémonie géopolitique mondiale que se livrent, par le biais de l’Ukraine, la Russie de Vladimir Poutine et l’Occident conduit par les Etats-Unis d’Amérique de Joe Biden, les RD-Congolais sont incroyablement divisés en trois camps distincts, séparés et antagoniques. Certains se réclament être des partisans de la Russie de Vladimir Poutine contre l’Occident de Joe Biden. Certains autres se disent défendre l’Occident de Joe Biden contre la Russie de Vladimir Poutine. Certains autres encore, refusant toute sorte de balkanisation de leur pays, se rangent catégoriquement derrière la RD-Congo de Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, dont l’Est souffre d’une guerre mercantiliste depuis une tretaine d’années, contre l’Occident et la Russie. A travers les lignes qui suivent, nous tentons d’exposer et de décortiquer les arguments que chacun de ces trois camps avance pour justifier sa position.

GUERRE DES BOURREAUX

Cependant, avant d’y arriver, deux observations s’imposent. Primo, ce que nous rapportons ici est le fruit, non pas d’une grande enquête sociologique concernant la guerre en Ukraine et ce en rapport avec la guerre mercantiliste sévissant dans l’Est de la RD-Congo quasi-abandonné par l’Occident depuis environ trente ans. Il s’agit plutôt des résultats des entretiens libres, individuels et collectifs conduits, du mois de juin au mois d’août 2023, avec un certain nombre d’universitaires de diverses formations académiques et milieux socio-rofessionnels de Kinshasa. Dans ce contexte, il nous est très difficile de mesurer le degré exact des sentiments des participants à nos entretiens envers la Russie, l’Occident et la RD-Congo. Mais, nous dégageons avec aisance, à travers leurs propos, leurs penchants à l’égard de l’une ou de l’autre de ces trois entités géopolitiques.

Secundo, de l’avis général des experts des sociétés est-européennes post-soviétiques, tels que Hélène Carrère d’Encausse, Jean Radvagni, Françoise Thom et Gilles Favarel-Garrigues, la guerre en Ukraine n’est pas forcément une guerre idéologique opposant la gauche marxiste-léniniste, socialiste, communiste, totalitaire et révolutionnaire à la droite libérale, capitaliste, démocratique et réactionnaire. Comme ç’était le cas durant la très longue guerre froide de 1945 à 1991. Car, l’Occident demeure fondamentalement libéral, capitaliste et démocratique. Alors que la Russie de Vladimir Poutine paraît avoir essentiellement rompu avec le marxisme-léninisme, le socialisme et le communisme de l’ère soviétique. Elle n’en garde, cependant, que le système agressif de propagande et de coercition politico-idéologique totalitaire. Pour preuve, le parti communiste russe d’aujourd’hui, resté essentiellement orthodoxe, est le leader incontesté des farouches oppositions à ce régime foncièrement nationaliste et totalitaire du parti Russie Unie au pouvoir depuis 23 ans. D’ailleurs, rapporte Gilles Favarel-Garrigues, les experts qualifient généralement le présent régime politique russe  de « super-présidentiel, de démocratie dirigée, de militocratie libérale ou d’autoritarisme bureaucratique. » Ils perçoivent la guerre en Ukraine comme l’expression violente des ambitions illimitées de son instigateur, Vladimir Poutine, et de l’orgueil également démesuré des Occidentaux qui croient détenir, pour de bon, l’hégémonie géopolitique sur le monde entier. La guerre en Ukraine est donc, en réalité, une guerre pour l’hégémonie géopolitique mondiale fondée sur les intérêts particuliers directs des Russes et des Occidentaux et non des rd-Congolais. Autrement dit, cette guerre oppose, entre eux, les monstres les plus froids des monstres ou les bourreaux les plus cruels des faibles, c’est-à-dire, les impérialistes russes aux impérialistes occidentaux.

Ces deux importantes remarques précisées et soulignées, revenons maintenant aux trois différents camps hostiles dans lesquels s’inscrivent les rd-Congolais quant à la guerre en Ukraine par rapport à celle de l’Est de leur propre pays.

DERRIERE LA RUSSIE

Le premier groupe, le plus bruyant et le plus grouillant de tous, c’est celui des pro-Russie, mieux, des pro-Poutine. Car, il se constitue, en réalité, des fanatiques et autres inconditionnels de Vladimir Poutine considéré comme un leader ou un héros intraitable. Et ce, pour deux raisons connexes. Primo, metteur en scène consommé de sa propre personne, le président de la Fédération de Russie se pose en figure de proue de la farouche opposition à la domination unilatérale de l’Occident sur le monde entier et de la soumission inconditionnelle à ce monde « pourri, satanique et cupide», selon ses propres mots. Il le démontre en défiant, par la guerre totale et impitoyable qu’il impose à l’Ukraine, les Etats-Unis d’Amérique et ses alliés de l’Union Européenne, les détenteurs exclusifs de l’hégémonie géopolitique mondiale et les soutiens indéfectibles de l’Ukraine contre sa Russie. Secundo, Vladimir Poutine fait rêver à ses partisans, sans leur avoir dévoilé la procédure à suivre pour y parvenir, l’avènement de l’hégémonie géopolitique mondiale multipolaire, partenariale et équilibrée que les BRICS revendiquent au nom de tous les opprimés de l’ordre mondial mené par l’Occident depuis le 16ème siècle.

Ce groupe pro-Russie est psychiquement conduit, ragaillardi, requinqué et subjugué par le discours ratio-émotionnel anti-hégémonie géopolitique américaine en particulier et occidentale en général de Vladimir Poutine. Il prend cette propagande agressive, incessamment répétée, pour parole d’Evangile. Il perçoit la Russie comme un pays à diplomatie accomodante, douce et coopérative par rapport à celle de l’Occident qu’il juge offensive, hégémonique et écrasante. Il qualifie l’Occident d’hypocrite, d’injuste, d’ingrat et de méchant à l’égard de la RD-Congo. Il lui reproche particulièrement de laisser, depuis environ trois décennies, certaines de ses puissantes multinationales armer le Rwanda de Paul Kagame. Et ce, dans l’objectif d’attaquer, de déstabiliser et d’envahir incessamment et impunément, pour des raisons mercantilistes, la RD-Congo qu’il exploite pourtant depuis 138 ans. Pendant qu’il abandonne l’Est de la RD-Congo au Rwanda de Paul Kagame commandité par certaines de ses puissantes multinationales, il soutient massivement et puissamment, depuis le 24 février 2022, l’Ukraine de Volodymyr Zelensky contre la Russie de Vladimir Poutine.   

Face à cette politique absurde de deux poids, deux mesures de l’Occident, ce groupe, viscéralement anti-américain en particulier et anti-occidental en général, prend clairement et nettement position en faveur de la Russie de Vladimir Poutine. Se fondant sur la supériorité supposée de la Russie dans le domaine du nucléaire militaire (elle aurait plus de têtes nucléaires que les Etats-Unis d’Amérique), il pousse l’Etat rd-congolais à s’allier exclusivement à cette dernière. Et ce, dans le but ultime de libérer l’Est du pays du joug rwandais et, par ricochet, occidental. Il croit au plus haut point que la promotion et la défense des intérêts majeurs de la RD-Congo doivent nécessairement passer, aujourd’hui, par une alliance particulière, spéciale et exclusive avec la Russie de Vladimir Poutine. Car, contrairement à l’Occident, la Russie est disposée à accompagner la RD-Congo dans ses efforts pour mettre fin à la guerre merchantiliste sévissant dans sa partie Est et pour son développement.

DERRIERE L’OCCIDENT

Le deuxième camp, dit pro-Occident, dénonce et condamne également, avec force, le comportement ambigü et hypocrite de l’Occident envers la RD-Congo quant à la guerre bientôt trentenaire dans sa partie Est. Cependant, il croit qu’il est fondamentalement logique, normal et juste que l’Occident assiste massivement et puissamment l’Ukraine dans la guerre injustifiée que la Russie de Vladimir Poutine, la deuxième puissance militaire mondiale, inflige à son voisin infiniment plus petit et plus faible. Il qualifie l’instigateur de cette guerre, Vladimir Poutine, de fou, de sanguinaire, de criminel, d’assassin, de dictateur insensé et incorrigible, etc. Il juge la Russie, deuxième puissance mondiale uniquement militaire, mais économiquement et technologiquement arriérée par rapport à l’Occident, incapable d’assister sérieusement, profondément et intégralement la RD-Congo dans son combat pour le développement. Car, ce pays est confronté, non seulement à la guerre dans sa partie Est, mais aussi et surtout à d’innombrables autres problèmes inextricables dans tous les secteurs d’activités. Or, le seul et l’unique bénéfice que la RD-Congo peut tirer de la coopération privilégiée et exclusive avec la Russie de Poutine, ce sont des armes, des munitions, des véhicules et des avions de guerre. Et ce, bien sûr, en échange avec des cargaisons et des cargaisons des minerais stratégiques rd-congolais. En dehors de ces instruments de guerre russes, la RD-Congo ne peut s’attendre à rien d’autre de plus. Pire, il n’y a aucune garantie que ces instruments de guerre russes feront gagner la RD-Congo contre le Rwanda et l’Occident.

Pour se convaincre de l’insignifiante qualité et de l’infime importance de la coopération avec la Russie, ce camp pro-Occident propose que l’on se mette à compter et à comparer, objectivement, ce que les Occidentaux et les Russes ont déjà réalisé en RD-Congo. Il jure, sans peur de se tromper, qu’on ne trouverait, à travers ce pays, aucune petite école, aucun petit hôpital, aucune petite route, aucune petite entreprise, etc, comme résultats de la coopération avec la Russie! Par contre, malgré sa politique coloniale et néocoloniale, l’Occident, longtemps représenté par le royaume de Belgique, a montré le chemin du développement à la RD-Congo. Quelques exemples concrets ? Dès son établissement ici en 1885, l’Occident s’est employé à créer ce grand Etat africain qui n’avait jamais existé avant lui et qui fait la fierté des autochtones. A part la ville de Gbadolite fondée sous le régime Mobutu, il a progressivement créé, en 75 ans, tous les autres villes et centres urbains du pays. Par l’intermédiaire des Eglises Catholique et Protestante qu’il a autorisées à s’implanter ici, il a doté la RD-Congo de l’écrasante majorité de ses institutions d’enseignement et de santé, de tous les niveaux, pendant et après la colonisation. Malgré certains désinvestissements opérés à partir des années 1990, il est demeuré, pendant très longtemps, le premier investisseur étranger, incomparable, de la RD-Congo. En effet, l’écrasante majorité des entreprises et des banques de toutes les tailles et de tous les secteurs d’activités, qui faisaient travailler les Congolais durant environ 120 ans, étaient occidentales. L’écrasante majorité des diverses infrastructures publiques (bâtiments, ponts et chaussées, bacs, rails, barrages hydro- électriques, etc), éparpillées à travers le pays, sont des apports indéniables de l’Occident. Enfin, si l’Occident n’était réellement que « pourri, satanique et cupide et la Russie paradisiaque », comme le prétendent Vladimir Poutine et ses fanatiques d’ici, comment expliquer que des rd-Congolais de toutes les tendances idéologiques, qui s’expatrient particulièrement pour des raisons socio-économiques, ne vont jamais en Russie, mais toujours dans les pays occidentaux : Belgique, Etats-Unis d’Amérique, Canada, Royaume-Uni, France, Allemagne, Suisse, Pays-Bas, Suède, Norvège, Danemark, Italie, Espagne, etc, par exemples?

Des rd-Congolais honnêtes, sérieux et responsables ne peuvent pas nier, argue ce groupe pro-Occident, ces nombreuses et diverses évidences occidentales à travers le pays. Par conséquent, ils ne peuvent renier l’Occident à cause de l’outrecuidance de certaines de ses multinationales liées à la guerre de l’Est et de son impérialisme qu’ils connaissent pourtant mieux que l’impérialisme russe. Au contraire, la présente conjoncture est la mieux indiquée pour le gouvernement rd-congolais de rendre, par une diplomatie pro-active, plus dynamique et plus agissante, l’Occident plus conscient que jamais auparavant de ses responsabilités historiques sur le sort de la RD-Congo et de l’amener à changer positivement de comportement, d’attitudes et de pratiques à son égard. Visiblement anti-russe, ce camp croit donc en la capacité du riche Occident, généralement attaché à la démocratie, de se ressaisir, de s’amender et d’apporter encore à la RD-Congo l’assistance dont elle a grandement besoin pour mettre fin à la guerre dans l’Est, pour son émergence et, avec le temps, pour son développement intégral, intégré et durable.

DERRIERE LA RDC

Le troisième et dernier camp, qui prend part à ce débat, dénonce et condamne aussi, comme les deux premiers, le comportement hypocrite et ambigü de l’Occident vis-à-vis de la RD-Congo durant les trois dernières décennies. Comme le deuxième groupe, il reconnaît et apprécie à leur juste valeur les réalisations de l’Occident en RD-Congo. Cependant, contrairement aux deux premiers camps, il tient à la promotion, à la défense et à la progression ininterrompues d’un développement essentiellement endogène en RD-Congo. Un développement promu par des rd-Congolais et puissamment soutenu par l’Etat rd-congolais. Dans cet objectif, il juge très sévèrement et l’Occident et la Russie et même la Chine. Considérant l’ensemble de leurs oeuvres à travers le monde, il ne fait confiance ni à l’Occident, ni à la Russie, ni même à la Chine quant à la consistance de leur contribution au développement de la RD-Congo. Car, ils sont tous de cyniques monstres froids toujours accrochés à la promotion, à la défense et à l’accroissement ininterrompus de leurs seuls intérêts au détriment de ceux des pays les plus faibles qu’ils exploitent inconsidérément.

Des preuves palpables ? L’Occident a colonisé tous les pays d’Afrique, y compris l’Ethiopie et le Libéria. Il a colonisé tous les pays d’Océanie, d’Amérique latine, des Antilles et des Caraïbes et la majorité des pays d’Asie. Et ce, durant plusieurs siècles ou décennies. Partout, il se comporte toujours en maître, même après l’accession de ses ex colonies à la souveraineté nationale et internationale. Il domine, exploite et ruine politiquement, économiquement, socialement et culturellement tous ces pays. Actuellement, l’écrasante majorité des pays des régions géopolitiques précitées, demeurés généralement pauvres, misérables et sous-développés, le boudent ou le contestent. Mais, ils n’abandonnent pas, pour autant, cet Occident qui les assujettit! Cependant, depuis environ deux ans, trois pays d’Afrique francophone occidentale, en l’occurrence le Mali, le Burkina Faso et le Niger, tentent, pour des raisons évidentes d’exploitation éffrenée, de s’éloigner et de se séparer de la République de France, leur ancienne puissance coloniale et néocoloniale. Ils essaient de se rapprocher de la Russie de Poutine. Celle-ci met à leur disposition ses mercenaires du groupe Wagner.

La Russie, qu’elle soit tsariste ou soviétique, a aussi politiquement, économiquement, socialement et culturellement colonisé, dominé, exploité et ruiné la quasi-totalité des pays de l’Europe centrale, tous les pays de l’Europe de l’Est et tous les pays d’Asie centrale (Turkménistan, Kazakhstan, Ouzbékistan, Tadjikistan, Kirghizistan, Mongolie Extérieure, Afghanistan, etc). Et ce, pendant des siècles ou des décennies. A ce propos, Mme Salomé Zourabitchvilli, présidente de la République de Géorgie voisine, témoigne sans ambages : « La nature de la Russie est impériale. Il fait plus de deux siècles que les Russes attaquent et occupent tous les pays autour d’eux. » Mais, au bout du compte, aucun de ces pays longtemps soumis à la Russie ou à l’URSS n’a pris de l’envol en matière de développement. Ils croupissent généralement dans la pauvreté, la misère et le sous-développement. Leur seule et unique véritable puissance coloniale et néoloniale, la Russie tsariste d’abord, l’URSS par la suite, désillusionnée par ses propres contradictions internes, s’est finalement disloquée en décembre 1991. De ce fait, certains pays voisins, autrefois souverains, indépendants et libres, que la Russie soviétique avait intégrés par la force au sein de l’URSS et transformés en ses républiques fédérées, sont redevenus des Etats indépendants, souverains et libres comme auparavant. Les ex démocraties populaires, jadis pays satellites de l’URSS enfermés dans un camp retranché du monde, sont aussi redevenues des Etats indépendants, souverains et libres comme auparavant. Et ces anciennes républiques fédérées soviétiques et ces ex. démocraties populaires se sont, dans leur écrasante majorité, désolidarisées de la Russie de Vladimir Poutine. D’où, la mort subite inévitable du Pacte de Varsovie et du Comecon qui les reliaient entre elles, sous l’égide de Moscou, sur les plans respectivement politico-militaire et économico-commercial. D’où, la plupart d’entre elles se sont rapprochées, ont déjà rejoint ou tendent à rejoindre l’Otan et l’Union Européenne. D’où, les guerres que la Russie de Poutine a suscitées et imposées à la Géorgie en 2008 et à l’Ukraine en 2014 et en 2022. D’où, enfin, les menaces qu’elle fait peser sur la plupart de ses anciens vassaux affranchis tels que la Pologne, la Géorgie, la Moldavie, la Lituanie, l’Estonie, la Lettonie, etc, qu’elle tiendrait à ramener sous son giron.

Sous le couvert de l’URSS, la Russie, la seule et l’unique puissance de ce conglomérat d’Etats qui se sont finalement avérés tout simplement juxtaposés, avait la main mise sur certains pays d’Afrique, tels que le Ghana de Kwame N’krumah, la Guinée Conakry de Sékou Touré, le Congo-Brazzaville de Marien Ngouabi et Sassou N’guesso, le Mozambique de Samora Machel et Joachim Chissano, l’Angola d’Agostino Neto et Eduardo Dos Santos; sur quelques pays d’Amérique latine à l’instar du Nicaragua des sandinistes ; sur quelques pays des Antilles et des Caraïbes, comme Cuba de Fidel Castro ; et sur certains autres pays d’Asie, aux côtés de la Chine de Mao, tels que le Vietnam de Hô Chi Minh et le Cambodge des Kmers Rouges. Mais, aucun de ces divers pays n’est sorti du sous-développement. Au contraire, ils se sont davantage enfoncés dans la pauvreté, la misère et le dénuement les plus indescriptibles. Ils se sont tous finalement réconciliés avec l’Occident, le diable, pour recommencerspirer !

Selon ce troisième et dernier camp, dit pro-RDC, les grandes puissances mondiales, qu’elles soient de l’Occident ou de l’Orient, sont globalement des oiseaux du même plumage. Rejeter, dans ce contexte, l’Occident en vue d’embrasser précipitamment et aveuglément la Russie de Vladimir Poutine équivaudrait à déshabiller Saint Pierre pour habiller Saint Paul. Car, Saint Paul et Saint Pierre sont, tous deux, de la même nature chrétienne. Ils sont, tous deux, des écclésiastiques adonnés à la propagation et à l’inculturation du christianisme à travers le monde. La Russie et l’Occident sont également, tous deux, de la même nature impériale et expansionniste. Ils sont, tous deux, de cyniques monstres froids toujours enclins à dominer et à exploiter littéralement les autres pays du monde, surtout les plus faibles. Egocentriques, ils ne promeuvent, ne défendent et ne développent sérieusement que leurs seuls intérêts au détriment de ceux des autres pays avec lesquels ils font semblant de traiter d’égal à égal.

A ce sujet, ce camp pro-congolais exhibe le cas du contrat du siècle que la RD-Congo avait signé, en avril 2008, avec un groupe d’entreprises chinois. Et ce, dans le cadre de la joint-venture Sicomines qu’ils avaient montée ensemble. Contrat par lequel les Chinois ont, selon l’Inspection Générale des Finances (IGP), roulé le gouvernement congolais sur tous les plans. En effet, pour réaliser le programme d’infrastructures dont le pays a grandement besoin pour son développement, le gouvernement avait mis à la disposition de la Sicomines des gisements riches en minerais de cuivre, de cobalt et de lithium évalués à près de USD 93 milliards. Il a ajouté, à ces riches gisements miniers, les exonérations de tous droits de l’Etat estimés à environ USD 10 milliards. Les deux entreprises chinoises n’ont apporté aucun capital frais leur appartenant en propre. Elles ont seulement amené un endettement de USD 4,4 milliards emprunté d’Exim Bank China pour le fonctionnement de la Sicomines. Cependant, les deux entreprises chinoises ont gagné, à elles seules, USD 17 milliards, les banques prêteuses chinoises USD 1,2 milliards et la RD-Congo à peine USD 0,8 milliards en infrastructures depuis 2008! En plus, la Sicomines, pourtant basée en RD-Congo, n’utilise jamais les entreprises sous-traitantes congolaises dans les travaux qu’elles conduit ici! Elle fait toujours appel à des compagnies sous-traitantes chinoises installées ici ou ailleurs!

Considérant toutes ces réalités concrètes, ce troisième et dernier groupe conclut qu’ il n’ y a point, entre l’Occident et la Russie, le moindre mal. Car, ils sont tous habités par le même esprit dominant de mercantilisme, quel qu’en soit le degré. Ils sont tous des capitalistes sauvages, des exploiteurs insoucieux de leurs prétendus partenaires, des expansionnistes autoritaires et des impérialistes sans scrupules. La preuve la plus tangible de leur iniquité incomparable? Aucun pays d’Afrique, aucun pays d’Asie, aucun pays d’Océanie, aucun pays d’Amérique latine, aucun pays des Antilles et des Caraïbes, etc, n’a jamais émergé ou ne s’est jamais développé selon le modèle occidental, grâce à l’Occident. Aucun pays d’Europe centrale, aucun pays d’Europe orientale, aucun pays d’Asie centrale, aucun pays d’Afrique, aucun pays des Amériques, etc, n’a jamais émergé ou ne s’est jamais développé, selon le modèle soviétique ou russe,  grâce à l’URSS ou à la Russie. Au contraire, certains de ces pays, pris en mains soit par les Occidentaux, soit par les Soviétiques ou les Russes, sont devenus plus pauvres et plus misérables que jamais auparavant. C’est dire que les quelques pays qui émergent, même s’ils s’inspirent des expériences des autres et optent généralement pour le mode de production capitaliste,  empruntent leur propre voie.

TRILOGIE GAGNANTE

Ainsi, dans cette guerre des impérialistes les plus cruels du monde, la place des rd-Congolais n’est ni derrière l’Occident mené par les Etats-Unis d’Amérique, la superpuissance mondiale, ni dernière la Russie, la deuxième puissance militaire mondiale, ni derrière la Chine, la deuxième puissance économique mondiale, mais bien plutôt aux côtés de leurs concitoyens qui se battent, en RD-Congo même, pour la survie de leur propre pays. Et ce, d’autant plus qu’ils désapprouvent et condamnent, à l’unanimité, l’implication de certaines multinationales occidentales, aux côtés du Rwanda, dans la guerre mercantiliste sévissant dans l’Est de leur pays depuis bientôt trois décennies. Cependant, quant à l’idée de privilégier les relations diplomatiques et de coopération au développement soit avec la Russie seule, soit avec l’Occident seul, soit avec la Chine seule dans toutes les questions touchant à la guerre de l’Est et au développemment de leur pays, les rd-Congolais sont foncièrement divisés, comme on l’aura vu, en trois camps distincts, séparés et antagoniques difficilement réconciliables!

D’où, s’ils tiennent vraiment à mettre fin à la guerre que le président rwandais Paul Kagame, soutenu par quelques multinationales occidentales, leur impose dans l’Est de leur pays, ils doivent se refuser de se diviser en fonction du comportement, des attitudes et des pratiques de l’Occident dans la guerre en Ukraine et de comparer ces deux guerres. Ils doivent également se refuser de succomber à la propagande russe qui ne sert que les intérêts russes et uniquement russes.  Ces deux guerres sont, en effet, différentes par leur nature et leurs protagonistes. La guerre en Ukraine est une guerre impérialiste de lutte pour l’hégémonie géopolitique mondiale. Elle oppose les impérialistes russes aux impérialistes occidentaux, les deux cyniques monstres les plus froids des monstres, toujours égocentriques. La guerre dans l’Est de la RDC est une guerre mercantiliste. Elle oppose le gouvernement rd-congolais au gouvernement rwandais, sous-traitant de certaines multinationales capitalistes occidentales friandes des minerais stratégiques rd-congolais. Ainsi, les rd-Congolais doivent se concentrer, dans l’unité la plus totale, non pas sur la guerre en Ukraine, mais bien plutôt sur le combat contre l’ennemi impénitent rwandais jusqu’à son dernier retranchement.

Pour y parvenir, ils doivent franchir, préalablement, les cinq importantes et stratégiques étapes opératoires suivantes: Premièrement, identifier systématiquement toutes les fameuses multinationales occidentales impliquées dans la guerre de l’Est. Deuxièmement, chercher et obtenir impérativement de négocier, d’égal à égal, directement avec les présidences exécutives de ces fameuses multinationales occidentales friandes des minerais stratégiques rd-congolais et leurs gouvernements respectifs. Troisièmement, trouver avec ces derniers un modus vivendi rationnel, réaliste, opérationnel, juste et profitable à tous. Quatrièmement, ne compter ni sur les Occidentaux seuls, ni sur les Russes seuls, ni sur les Chinois seuls, mais bien plutôt avant tout et après tout sur les citoyens rd-congolais obligés à chercher, à trouver et à déterminer, eux-mêmes, les voies et moyens les meilleurs de sortir leur pays du gouffre dans lequel il se trouve. Cinquièmement, enfin, emprunter, à l’instar des Sud-Coréens, des Brésiliens, des Indiens et des la Chinois, leur propre voie pour émerger. Ils ont, en effet, tous les atouts, sauf deux : le patriotisme véritable et la volonté politique de développer, eux-mêmes d’abord, eux-mêmes ensuite et eux-mêmes enfin, leur pays.

En définitive, la solution aux multiples et embrouillés problèmes de la RD-Congo ne se trouve ni dans la guerre contre le Rwanda et l’Occident, ni dans l’alliance exclusive soit avec la Russie de Vladimir Poutine, soit avec la Chine de XI Jinping, soit avec l’Occident de Joe Biden, ni dans le repli sur soi-même, mais bien plutôt, avant tout et en dernier ressort dans la conjugaison simultanée, rationnelle et responsable de la trilogie gagnante ci-après: 1) le patriotisme sincère, sérieux, engagé et réellement appliqué de ses propres citoyens; 2) la volonté politique farouche, implacable et optimale de sa prise en charge effective, profonde et totale par ses propres citoyens ; et, enfin, 3) la diplomatie et la coopération au développement stratégiques et rentables avec le reste du monde, dont les incontournables grandes puissances impérialistes mondiales. Et ce, dans le cadre du partenariat, au sens plein de ce terme, rationnellement et responsablement conduit par des autorités politiques et autres hauts cadres rd-congolais imbus de la vertu politique.

MUSENE SANTINI BE-LASAYON

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