Patronymies en RDC, le cas du Kongo Central

La RDC est une mosaïque de peuples. Pas moins de 450 tribus et ethnies composent ce vaste territoire. Le Kongo central qui est une des 26 provinces du pays est la seule entité territoriale composée par une seule et même ethnie : les Kongo ou Bakongo (singulier : mukongo), ou Bena Kongo ou encore Ne Kongo. Issu de l’ancien royaume du Kongo (du XIVe au XVIIIe siècles), ce peuple se trouve aujourd’hui éparpillé dans quatre pays différents depuis le partage de l’Afrique à la conférence de Berlin en 1885. Les Kongo sont présents à l’ouest de La RDC, au sud du Congo-Brazzaville, au nord  de l’Angola dont l’enclave de Cabinda et au sud-ouest du Gabon.

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Chez les Bakongo, le nom (nkumbuzina) cache le plus souvent un message codé parfois difficilement déchiffrable. Sa compréhension nécessite une explication en cohérence avec le contexte dans lequel il a été donné. Cette logique permet d’éclairer la quintessence de la philosophie qui régit la société traditionnelle kongo. Le nom qui constitue une part importante de la personnalité, n’est pas donné au hasard. Il est toujours liée à un fait ayant trait à la famille dont l’enfant né fera partie. Avant l’arrivée des Occidentaux, les prénoms chrétiens n’existaient pas. Les Kongo portaient deux noms africains (Kimpa Vita, Nimi a Lukeni). Le port du nom du père par toute la fratrie est une importation venue de l’Occident. Il s’est surtout matérialisé à l’époque coloniale auprès des Congolais dits évolués. La coutume veut que chaque membre de la famille ait son propre patronyme. Il faut noter que les noms kongo débutant par une voyelle UmbaUnzitisa (respectez-le), Ingana, se comptent sur les doigts de la main: Les principaux préfixes nominaux sont babikaki, lu, mami sans oublier les digrammes ou consonnes composées mbmfmpmvndngnknlnsntnz.

Il y a un maxime kongo qui dit qu’il n’est pas bon de donner n’importe quel nom à un enfant car il existe des noms de malédiction et de bénédiction. Le patronyme donné colle à la peau de celui qui le porte car il s’y identifie. Ce nom va influer son sa vie, son avenir, ses habitudes. Il va déterminer la destinée de l’enfant. Il va le prédestiner à devenir l’homme qu’il sera. D’autres noms de malheur sont donnés par entêtement des parents dans le but de conjurer le mal, la mort, la misère, la sorcellerie ou les railleries des tiers.

Plusieurs facteurs jouent un rôle déterminant dans l’appellation de l’enfant notamment la façon dont il vient au monde et les circonstances qui ont précédées sa naissance. Muzinga ou Nzinga est un enfant qui a le cordon ombilical autour du cou à sa naissance. Un bébé qui sort les pieds à l’avant est appelé Sunda. Un garçon qui naît tenant la main à la tête est souvent appelé Mukoko. Une fille qui éternue à sa naissance porte le nom de Nsona tandis que Mabuaka ou Mabueki est attribué à un enfant plus clair ou plus brun que de coutume. D’autres noms comme LembaNkengeWumba, Malonga sont en réalité ceux des potions ou remèdes avec lesquels la mère a été soignée pour grossesse difficile. Par contre, Mpongo est un enfant  qui est né d’une mère qui a été chez un féticheur pour le concevoir.

Les jumeaux sont appelés mapasa. Comme dans toutes les cultures tribales congolaises, ils portent des noms spécifiques qui les différentient des autres enfants. Considérés comme des êtres spéciaux, leur naissance est entourée de plusieurs précautions alimentées par la tradition et la coutume. Ils s’appellent Nzuzi et Nsimba. En cas de triplé, le troisième né de ce même accouchement est appelé Katumuako. Ce nom veut littéralement dire ″celui à qui on ne doit jamais demander de faire quoi que ce soit″.  Enfant trop choyé, il bénéficie de tous les privilèges. Le premier enfant né après les deux jumeaux porte le nom de Landu ou Nlandu (du verbe landa, qui vient après, qui suit). Celui qui est né après lui s’appelle Lukombo dont le puîné porte le nom de Nsukula. Les noms des enfants successivement nés après une naissance gémellaire sont depuis la nuit des temps déterminés par les anciens.

La faune et la flore ont par leurs merveilles inspiré certains patronymes. On distingue des noms d’animaux comme Mbumba (chat), Nioka (serpent), Mbulu (chacal), Mbemba (aigle), Nzau (éléphant), Nsiese (gazelle), Kimbembe (pigeon, colombe), Mbala (civette), Mbambi (varan), Ngandu (crocodile), Nlumba (lapin, lièvre), Mpudi (sorte de poisson d’eau douce) ; ceux des végétaux tels que Nsenga (parasolier), Makanga (brousse), Lubamba (liane pour la vannerie). Le firmament n’est pas en reste car bien présente dans la patronymie kongo : Ngonda (lune), Ntangu (soleil, temps), Miezi (clair de lune) ; les grands cours d’eau : Nzadi (fleuve) ; des phénomènes naturelles : Nzazi (foudre). Il existe aussi des patronymes relatifs aux objets : Mpanu (pagne), Matadi (pierres), Mbele (couteau), Mbungu (vase, verre, coupe), Ngoma (tam-tam).

Même si les noms sont majoritairement mixtes, il existe dans la culture kongo des noms spécifiquement féminins comme LutayaMpoloNdunduNgongoNzumba (fossé, rigole), Mansanga (larmes), Nkembi (source d’allégresse), Nsenga (parasolier), Wumba (protection), Mpemba (craie, chaux, argile blanche, blancheur, pureté), Kabutako/kawutako (stérile). Il y a aussi ceux qui sont uniquement réservés aux garçons tels que Samba (prier), Masamba (précurseur), Nganga (savant, sachant, érudit, féticheur, médecin, prêtre), Nkuka (inondation, déluge). La vie fait parfois  des mauvaises surprises. Lorsque né un enfant des suites d’une grossesse non désirée ou compliquée, un albinos, un enfant autiste, les parents abasourdis se résignent tout en s’exclamant devant cette réalité. Il n’est pas rare dans ce cas que le bébé s’appelle Sivi (miracle, fait prodigieux), Masivi (étrange, fait merveilleux), Ngitukulu (étonnement), Mangituka (chose étonnante), Diangituka (étonnant), Yobo (merci), Dianzenza (étrange, insolite, inhabituel), Kaluyitukadioko (ne vous étonnez pas), Nsisi (effroi, peur). La patronymie kongo propose aussi des patronymes interrogatifs dans lesquels les parents se demandent sur le comment et le pourquoi de la situation en présence : Nanitamo (qui le dira ?), Nkilutomba (que cherchez-vous ?), Buetusa (qu’allons-nous faire ?), Nkiambiyavanga (quel mal ai-je fait ?), Kuezituka (Ça viendra d’où ?)

Les noms d’héritage servent à perpétuer ceux des parents décédés ou encore en vie. Ainsi la présence des défunts est visible à travers les homonymes (ndusi) qui portent leurs patronymes. Cette pratique permet de porter le nom d’un grand-parent, d’une tante, d’un oncle voire d’un arrière-grand-parent que l’on a pas connu. Les récipiendaires desdits noms sont très respectés car considérés comme étant les incarnations de ceux dont ils portent le prestigieux nom. Ces patronymes sont parfois accordés dans l’espoir de voir l’heureux bénéficiaire posséder les caractères d’humanité de son ancêtre ou d’avoir la chance de posséder beaucoup de biens matériels au cas où son homonyme avait été riche. Dès lors, à travers les noms des anciens se perpétuent le maintien de la mémoire familiale qui dresse tant soit peu la généalogie clanique des parents.

Lorsque la famille connaît des difficultés, l’instinct de les surmonter est vive. Le moyen le plus employé pour relever les défis de la vie ou de les affronter avec hardiesse est l’usage des noms d’exorcisation. Des patronymes quelque peu récusables sont donnés aux enfants pour ne pas oublier ces souvenirs sombres et aussi pour les conjurer. Pour éloigner dans la famille les décès liés à la  sorcellerie : Lufua (la mort), Mvumbi (cadavre), Lufuakueno (mourez, vous pouvez mourir), Bafuakuau (qu’ils meurent) ; pour exorciser le malheur :Mpasi (souffrance, épreuve), Mampasi / Diampasi (de la souffrance), Nzungu (souffrance), Makimuna (ennuis, misères, persécutions, malheurs) ; pour chasser la tristesse : Kiadi (chagrin), Diakiadi / Makiadi  (ce qui afflige), Bukaka (solitude), Nsona (tristesse, orphelin), Nkenda (pitié, tristesse), Mankenda (ce qui attriste), (Dilu (pleurs), Basaula (ils sont détestés), Mayaula (ils ont hurlé),.Mansanga (larmes), Mansangaza (larmoiement) ; pour adjurer les puissances maléfiques qui tuent (mangent) leurs victimes de façon mystérieuse, le Ne Kongo étant trop superstitieux choisit un des noms suivants : Kindoki (sorcellerie), Bandia (ils m’ont mangé), Bamana (ils ont été décimés), Batudianga (ceux que nous massacrons), Nzobadila (maison où ils mangent,  réfectoire), Kiambukuta (à broyer), Mbizi (gibier, viande pouvant être mangée), Bafuka (ils ont péri) ; pour se libérer de l’opprobre : Nsoni (honte), Mansoni (ce qui déshonore), Diansoni (ce qui humilie). Parfois, les parents sont pensifs devant leurs déboires. Tout en se reprochant intérieurement, ils sont quelquefois amenés à faire amende honorable. Dans ce cas, l’enfant s’appellera Mbiyavanga (le mal que j’ai commis), Mayifuila (ce pour quoi je mourrai), Matumona (ce que nous verrons), Matuavanga (ce  que nous avons fait aux autres), Lumfuankenda (ayez pitié). D’autres prennent le nom des fétiches ou des personnes qui dans la famille ont été initiées. C’est le cas de l’anthroponyme Mahungu / Mawungu ou Mavungu qui selon la légende et la cosmogonie kongo désigne l’être originel, complet, qui était à la fois homme et femme.

D’autres patronymes servent à implorer les faveurs du ciel car c’est Dieu qui est aux commandes de tout : Lusakumunu (bénédiction), Wasakumunua (il a été béni), Bavedila (ils sont purifiés) ; à pérenniser l’enthousiasme : Kiese (joie, allégresse), Diakiese (ce qui rend joyeux), Makiese (ce qui apporte la joie), Batomene (ils ont réussi dans la vie), Makinu (danse), Mayangi (gaieté, exultation) ; à proclamer l’amour : Zola (aimer), Nzola (amour), Luzolo (affection, volonté), Tuzolana (aimons-nous les uns les autres), Bazola (ils aiment). Pour attirer la richesse, des noms en rapport avec des espèces sonnantes et trébuchantes sont donnés  : Madiata (que mes affaires marchent), Meya (pièce de 50 de centimes du Congo Belge), Mbongo (argent), Nzimbu (cauri qui autrefois servait de monnaie dans le royaume du Kongo, argent), Mpata (pièce de 5 francs du Congo Belge), Makaya (billets de banque, feuilles d’arbre), Nkodia (coquille d’escargot qui servait de monnaie dans le royaume du Kongo). Symboliquement, on met de petites coupures dans la main du rejeton pour que la vie lui ouvre grandement ses portes.

Profondément croyant et surtout pratiquant, le Ne Kongo ne cesse de remercier le Très-Haut pour ses merveilles et pour les enfants qu’il donne. Cette reconnaissance se remarque dans les noms suivants : Matondo (remerciement), Tonda (remercier, dire merci), Ntondele (merci), Lukau (cadeau, don, offrande), Mawete (grâce, bonté), Lutondo (remerciement).

La dérision n’est pas loin. Certains patronymes revêtus d’un sens pamphlétaire sont en quelque sorte la réponse du berger à la bergère. Les ennemis de la famille, les commères, les  hypocrites ou les envieux sont directement pointés du doigt pour leur ingérence. Pour les fustiger, les parents choisissent pour leur enfant un nom de dédain pour couper court à leurs sarcasmes et pour conjurer leurs paroles négatives : Bafuidinsoni (ils sont couverts de honte), Sita (stérile), Kisita (femme qui n’est pas féconde), Babutanga (ils procréent), Lungiambudila (foutez-moi la paix), Nsiamaketo (pays des jaloux), Talamanzoaku (occupe-toi de tes oignons), Batekuau (laissez-les parler, qu’ils parlent je m’en fiche), Lukeba (Faites attention, faites gaffe), Lusevakueno (vous pouvez persifler), Kilandamoko (je ne me prononcerai pas), Tusevo (moqueries), Matingu (insolence), Luvuezo (mépris, offense, sacrilège), Mvuezolo (médisance), Lufingu (injure, insulte).

Le 3mai 1491, Nzinga a Nkuvu, le manikongo (roi) des peuples Kongo se convertit au catholicisme et se fait baptiser sous le nom de Joao I (Jean 1er). Cet événement sans précédent bouleverse le paradigme local. Il ouvre ainsi la voie à l’introduction des patronymes occidentaux dans le paysage culturel kongo. Leur usage par les autochtones se fait non sans difficulté. Ils sont mal prononcés et finissent par être déformés. De cette altération apparaissent dans la patronymie kongo des noms hybrides qui sont le fruit du croisement des variétés anthroponymiques kongo et lusitanienne. Zoao / Nzuau (Joao), Luvualu (Alvaro), Mingiedi (Miguel), Ndomanuele / Ndomanueno (Dom Manuel), Ndongala / Ndongalasia (Dom Garcia), Ndofula (Dom Francisco), Funsu (Alfonso), Ndompetelo (Dom Pedro), Ndombasi (Dom Sebastião), Ndontoni (Dom Antonio) sont des noms ″kongolisés″ importés de la péninsule ibérique. Bien que devenus familiers, ces produits de l’hybridation ont subi une mutation sémantique aussi bien qu’une variation orthographique. Malgré leur africanisation, ces patronymes n’ont pas de signification en kikongo, hormis Lumingu (dimanche, jour de fête). Dérivé du portugais ″Domingo″, cette dénaturation est devenue quasiment un anthroponyme que l’on attribue parfois à un enfant né le jour du Seigneur.

Si des patronymes portugais ont été africanisés, le contraire s’est également produit. Des Bakongo ont francisé leurs propres noms en supprimant la première consonne du digramme originel. Dans cette déstructuration patronymique, NKanza (tique) est devenu Kanza, Nkembo (gloire) s’est transformé en Kembo, Nkibi (voyageur) s’est métamorphosé en Kibi, tandis que Nkasa-Mvubu est changé en Kasa-Vubu. Cette européanisation à outrance a dépouillé ces noms de leur substance. Dépourvus de toute leur sève originelle, ces patronymes bâtards n’ont plus de signification en kikongo. Tronqués, ils ne veulent plus rien dire.

De toute évidence, les différentes classes grammaticales (nature des mots) se retrouvent pêle-mêle dans la patronymie kongo. Transformées en noms propres pour les besoins de la cause, ces catégories grammaticales sont les suivantes :

–  Les verbes : Zinga (vivre), Samba (gémir, prier, plaider),  Lema (briller comme une lampe, flamber, brûler), Sinda (couler comme un navire), Mana (terminer, accomplir), Sindika (pousser un tison au feu).

–  Les locutions verbales dont les particules les composant sont regroupées en un seul mot : Dinzolele (ce que je veux), Diasonama (c’est déjà écrit), Badiengila (qu’ils circulent/ qu’ils fassent des tours), Mayimona / Mayamona (ce que j’ai vu), Kialunda (à garder, à conserver), Menakuntima (ce que je garde dans mon cœur), Mangwana (ce qui m’a été raconté), Kalumvueziko (ne me méprisez pas), Lunsevakueno (je m’en fous de vos railleries), 

– Les substantifs : Nsukami (pauvre), Mayanga (adultère), Yulu (ciel), Kidumu (orage, tonnerre), Lusadisu (aide, assistance, service), Mvukani (réunion), Nsangu (renommée, récit, événement, gloire), Zongo (détonation, coup de fusil), Kisweswe (regard malveillant), Mayama (orgueil, vanité).

– Les adjectifs : Sinuku (sanctifié, consacré), Manzambi (divin), Manza (terrestre, matériel, mondain), Moyo (vivant), Matantu (ennemi, adverse). 

–  Les conjonctions : Dikila (de même que, de la même manière que).

–  Les adverbes : Vanza (sur terre, ici-bas), Lelo (aujourd’hui, cette fois-ci), Masaka (en abondance, en grand nombre).

–  Les pronoms : Mangana / Mangani (d’autrui).

–  Les noms verbaux : Kinzonzi (palabre), Luyindula (réfléchissez), Mamvukila (ce qui peut sauver). Kitemoko (je ne le dirai pas), Tekadiomona (vois-le d’abord), Kazigogako (ça ne parle pas).

–  Les noms composés soudés : Ndingambote (bonne voix), Mbisimbote (bonne chair), Fukiau (leur habitude, leur coutume).

–  Les noms composés : Nsengi-BiembeMpanu-MpanuKikonda-Mbuta (manque d’un frère ainé), Nsatu a Nkazi (besoin ardent d’avoir un frère), Nitu a N’Samu (corps à problèmes).

–  Les impératifs : Tukala (soyons), Tala (regarde), Tulomba (demandons à Dieu).

Le riche vocabulaire du kikongo permet aux géniteurs de choisir aisément les différents termes qui vont le mieux exprimer leur pensée. Dans cette quête, de multiples combinaisons sont parfois faites pour former le patronyme idéal. Le nom chez les Bakongo lie son porteur à la nature, à sa propre existence et à ″Nzambi a Mpungu″ le Dieu Tout-Puissant de leurs ancêtres. Il joue de ce fait un rôle essentiel dans la vie de celui qui le porte, car c’est lui qui donne à l’être humain sa personnalité.  Derrière chaque nom se cache une histoire, une anecdote, une situation vécue peut-être un mystère. Tous les termes désignant les travers de la vie (tristesse, mort, souffrance, malheur) comme ceux de ses bienfaits (joie, bonheur) sont présents dans la patronymie kongo. Il n’y a à proprement parler pas de nom sans signification sinon la vie elle-même n’aurait pas de sens. La patronymie dans la province du Kongo Central reflète l’identité culturelle et philosophique kongo. Cette dynamique illustre la façon dont les Ne-Kongo appréhendent les mystères de l’existence. Elle est l’expression profonde de leur attachement à une tradition séculaire qui trouve son fondement dans le ″bukongo″ qui n’est autre que la spiritualité des Bakongo.

Samuel Malonga/mbokamosika.com

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