Page d’histoire :L’assassinat par l’ANC de M. Jean-Paul PLASSE-FAUQUE à Bukavu: Un document déclassifié du Département d’Etat US

Après un moment de silence dû aux difficultés d’accès aux archives en raison de la pandémie du Covid-19, nous vous proposons un document confidentiel sur l’assassinat de M. Jean-Paul Plasse-Fauque en 1968 à Bukavu par les éléments de l’ANC, envoyé par notre consultant, le prof. Jeremy Rich.

Ce document révèle que l’Est de la RDC a toujours été convoité par les puissances étrangères et que la situation actuelle procède de cette triste réalité. La vidéo sur la fin des mercenaires réalisée par l’INA en 1967 permettra à nos lecteurs de revoir le dernier combat livré par ces derniers sur le sol congolais, avant de s’enfuir au Rwanda, en compagnie de leurs alliés, les ex gendarmes katangais.

En voulant avoir plus de détails sur la victime, nous avons effectué des recherches sur la toilé lesquelles n’ont abouti qu’a ce « faire part » trouvé dans les archives du Figaro :

« Une messe sera célébrée le lundi 11 novembre 2013, à 9 heures, en la chapelle de la Maison d’Ananie, 20, rue Barbet-de-Jouy, Paris (7 e ), à l’intention de Madeleine PLASSE-FAUQUE née Constantin de Magny, décédée il y a dix ans, et de son époux, Jean-Paul Plasse-Fauque (1935-1968) ». (Figaro).


À         : Département d’État

INFO     : LUBUMBASHI

        DATE : 21 mars 1968

Sujet    : CONGO-KINSHASA : Sources de conflit au sein de l’armée

RÉF      :

L’assassinat par l’ANC de M. Jean-Paul PLASSE-FAUQUE à Bukavu le 1er mars 1968 a, à juste titre, alarmé la population européenne déclinante du Kivu. M. Plasse-Fauque était un citoyen français qui exploitait une plantation de thé dans la région de Bukavu.

Les SitReps DEFATT ont déjà signalé l’arrestation de plusieurs officiers de l’ANC en lien avec le meurtre, ainsi que l’ouverture de leur cour martiale du 18 mars 1968. La cour martiale a été suspendue après la première journée d’audience pour permettre l’arrivée de témoins supplémentaires qui proviendraient de la ville de Bukavu.

L’ambassade de France s’inquiète des derniers développements du procès puisque des témoins supplémentaires ont apparemment été appelés pour déterminer si Plasse-Fauque était ou non un mercenaire, ce qu’affirme l’un des accusés, le commandant du premier bataillon de commando, le major MUTHOMBO. Plasse-Fauque n’avait aucun lien avec les mercenaires, mais si l’on fait venir des témoins de l’ANC qui prouvent le contraire, les accusés risquent de se voir imposer des peines légères, ce qui

porterait un coup au moral de la communauté expatriée au Kivu.

Vous trouverez ci-joint un mémorandum de conversation entre le responsable politique Frank Crigler et l’agent consulaire français à Goma fournissant des informations générales sur le meurtre.

Ci-joint :

Mémorandum de conversation

GROUPE 4 – Déclassé tous les 3 ans.

Déclassifié 12 ans après la date d’origine.

MÉMORANDUM DE CONVERSATION

DATE : 15 mars 1968

PARTICIPANTS : Jean de Chalvet, comte de Rochemonteix, agent consulaire de France à Goma

T. Frank Criglet, Ambassade américaine, Kinshasa

Le docteur Rochemonteix est arrivé à Kinshasa la semaine du 11 mars 1968, à l’occasion du décès à Bukavu le 1er mars de Jean-Paul PLASSE-FAUQUE, de nationalité française. Il venait de rentrer de Bukavu où il avait engagé une enquête sur les circonstances de la mort de M. Plasse-Fauque. Sa ferme conclusion était que Plasse-Faque avait été assassiné par des éléments du premier bataillon de commandos de l’ANC, sur les instructions du commandant de bataillon, le major MUTHOMBO et avec l’approbation du commandant par intérim du groupement, le lieutenant-colonel MULENDA.

Selon De Rochemonteix, le meurtre de Plasse-Fauque s’est déroulé de la manière suivante :

Début février de cette année, Plasse-Fauque est revenu d’Europe au Kivu (après avoir évacué avec nous en juillet 1967) et a repris la gestion des plantations de thé d’Irabata Co. à Ngweshe. Quelques jours seulement après son retour, une grande quantité de thé transformé a été volée dans les entrepôts de l’une des plantations par une escouade de commandos. Plasse-Fauque se mit aussitôt au chemin de retour. Mulenda a accepté d’enquêter sur l’affaire et les coupables – des éléments du premier commando probablement dirigés par le major Muthombo lui-même – ont été appréhendés. Cependant, le thé de Plasse-

Plasse-Frauque a manifestement aggravé. Et le nouvel ambassadeur de France prévoit également de s’y rendre début avril.

Des notices de « nécrologie » sont parues dans le numéro du 9 mars de La Presse Africaine, l’hebdomadaire de Bukavu contrôlé par Progres. Il n’y avait aucune autre mention dans le journal de l’incident de Plasse-Frauque. De Rochemonteix a déclaré que le black-out avait été fait à sa propre demande, afin de ne pas compromettre l’enquête de l’Auditorat et aussi d’éviter d’attirer l’attention de l’ANC sur d’autres Européens (comme Hermans) au courant de l’affaire.

COMMENTAIRE : J’ai connu personnellement Plasse-Frauque, lui ayant rejoint le Rotary Club de Bukavu dont j’étais membre peu avant les événements de juillet dernier. Le jour de notre évacuation de Bukavu, Plasse-Frauque a demandé à rejoindre notre caravane dans sa propre voiture avec sa femme et ses deux enfants, et j’ai accepté. Il est apparemment resté un certain temps au Rwanda, mais suite au retour des mercenaires à Bukavu et à l’infestation par l’ANC de la zone de Ngweshe où se trouvaient ses plantations, il est retourné avec sa famille en Europe, et il les a laissés là quand il est finalement revenu au Kivu en février.

Il avait 32 ans, solidement bâti, blond avec une magnifique barbe et moustache. Il avait été membre de la Légion étrangère française et avait atteint le grade de capitaine lors des combats d’Algérie.

Pour visionner la vidéo de l’INA sur la dernière bataille des mercenaires à Bukavu, veuillez appuyer sur le lien ci-dessous.

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