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 Publié le« Aux grands hommes, la patrie reconnaissante »

AMILLY (France), 20 novembre 2021. Norbert MBU-MPUTU. Salle polyvalente de la mairie d’Amilly. Un événement n’arrivant pas tous les jours : la présentation et la réception officielle du Major Jean-Robert YOLO IMBENGA par le Maire d’Amilly en personne, Gérard Dupaty, accompagné de son adjoint Christophe Bouquet, pour la publication de son livre « Parcours d’un pilote de chasse ». La sobriété du titre parlant de lui-même, il faudra vraiment apprécier ceux qui, comme l’auteur, ont passé toute leur vie à servir sous le drapeau. Bien plus : il faut plus honorer ceux qui, comme l’auteur, approchant ses soixante-dix ans, ont servi et surtout servant encore sous le drapeau, décident de partager leurs histoires par écrit pour la postérité. C’est le mérite de ce livre se lisant d’un trait et de son auteur le Major Jean-Robert YOLO IMBENGA, Parcours d’un pilote de chasse (Paris, Publibook, 2021, 156 p.)

L’auteur, major de l’armée et pilote de l’air, instructeur de son état, il faudra le dire, est encore en fonction puisqu’ayant quitté son pays, la République Démocratique du Congo pour l’Europe pour y suivre des soins appropriés après un accident dans le Bas-Congo lors d’une mission de chasse pendant la fameuse guerre de 1998, accident mortel ayant emporté son co-pilote. C’est autant dire que le destin avait souhaité qu’il soit en vie pour ainsi témoigner et devenir la voix de tous ceux-là qui, ayant servi, risquent et meurent dans l’anonymat, sans une reconnaissance du pays qu’ils ont servi et, pire, sans que leurs rejetons (ou eux-mêmes encore en vie) ne bénéficient de leurs droits statutaires puisqu’ayant servi la mère patrie.

D’entrée de jeu, l’auteur affirme sa profession de foi : « L’étude que j’ai menée s’intéresse à la problématique de la relance de l’armée de l’air qui joue un rôle important aussi bien traditionnel que moderne. Son importance n’est pas à négliger. La force aérienne est un instrument de prestige et de qualité, qu’elle agisse sur le sol national, souvent face à des hôtes étrangers, ou qu’elle aille en représentation à l’extérieur. Le rôle de la police du ciel qu’elle exerce est aussi un vecteur de notoriété autant que de souveraineté, dont l’importance a beaucoup crû depuis les attentats du 11 septembre 2001 aux États-Unis. » (p. 14-15). Et ensuite, en bon officier, il ne va pas par quatre chemins : « Ma grand passion, c’est d’être en air, c’est de combattre, c’est de défendre l’intégrité territorial de la RDC, mon cher pays » (p. 50).

A travers ces 156 pages, l’auteur raconte son histoire personnelle dans l’armée de l’air zaïro-congolaise, avec pleins d’anecdotes, histoire écrite à la manière d’un homme sous commandement, c’est-à-dire en allant droit au but sans trop des détails et sans user des tournures grandiloquentes, histoires pouvant se diviser en quatre sections : sa propre vie de pilote de chasse depuis ce premier jour où, traversant l’aérodrome de Ndolo à Kinshasa avec ses amis, après avoir obtenu leurs baccalauréats et qu’ils allaient pour s’inscrire à l’Institut Supérieurs des Techniques Appliquées (ISTA/Ndolo), ils furent attirés par un mouvement d’avions militaires jusqu’à s’inscrire pour devenir pilote de chasse. Le premier couac pour une telle carrière vint de sa maman : elle s’y opposa. Et pour cause, vendeuse au marché Somba-Zikida ou Type Ka jonchant l’aérodrome de Ndolo, elle était témoin de cet accident où mourut, après une séance acrobatique, le lieutenant-pilote Mbaki et dont camp des Forces Aériennes de Ndolo porte son. Puis, avec ses amis, ils allèrent pour des formations ad hoc à la base de Kitona, puis à celle de Kamina et surtout des études dans l’académie militaire en Italie ; partout, l’auteur s’en sortait toujours avec une très bonne distinction et surtout distinguait par sa discipline et loyauté exigées. Ce qui le conduisit à devenir, au retour, un instructeur et surtout d’effectuer nombreuses missions et de participer, comme pilote de chasse, à nombreuses opérations en temps de paix et en temps de guerre comme pendant la fameuse guerre de 80 jours où, avec cinq de ses compagnons, il pilota l’un des trois avions Macchi parti au front, effectuant ainsi des sorties journalières jusqu’à mettre l’ennemie hors d’état de nuire, guerre pendant laquelle on connut des hauts faits d’armes comme ces bombardements et surtout avec des hommes de proue que l’auteur connut comme le Général Ikuku alias « Serpent de rails ».

Revenu à Kinshasa où il se maria avec son épouse actuelle, Mme Georgine Bokele Bokonga qui lui donna ensuite toute une progéniture. Il faudra ajouter, comme conformément aux usages non pas souvent connus, pour un tel mariage, il devait avoir la permission de toute la hiérarchie militaire et des Forces Aériennes, après leur avoir adressé une demande en bonne et due forme. Puis, il sied de savoir que pendant ses études en Italie, l’auteur avait connu une fille italienne, Maria Delsordo, avec qu’il voulut alors se marier, hélas, à cause de fameux coup d’État manqué par des officiers dont nombreux avaient des femmes étrangères mariées pendant leurs formations à l’extérieur, la hiérarchie politico-militaire d’alors décida d’interdire alors ces mariage internationaux, ce qui ne le permit plus de se marier en Italie, loyauté à la mère patrie oblige, tout en y ayant laissé une fille : Antonella Yolo Del Sordo. 

La vie privée et professionnelle prometteuses d’un tel pilote de chasse connaitra une bascule avec la guerre de 1998 avec cette opération aéroportée de l’armée rwandaise et des Congolais à leurs soldes de Goma jusqu’à la base ouest de Kitona, voulant avancer très vite pour prendre la capitale Kinshasa en tenailles. C’est ainsi que, ayant bifurquer par l’aviation civile mais revenu dans ses amours avec la fin du régime de Mobutu, l’auteur, commandant de l’escadron de chasse de son état, fut désigné un matin du où il fut envoyé en mission de reconnaissance à Matadi où, à l’atterrissage, les informations étaient sans aucun doute : l’ennemi était déjà dans la ville. Il devait alors décoller rapidement pour éviter de tomber entre ses mains. C’est là que, à basse altitude, le 16 mai 1998, leur avion SIQI- Marchetti SF 260 type armée s’écrasa. Alors que son co-pilote le lieutenant-colonel Tshitundu Kabwe y perdit la vie, l’auteur gravement et mortellement blessé fut envoyé pour des soins appropriés à Kinshasa avant de se faire évacuer, par des moyens personnels surtout avec le soutien de sa fille Antonella, en France où il reçut et se fit guérir, malgré certaines séquelles de passage, de cet accident. Plus jamais soutenu par le pays, l’auteur se pose cette question méditative dans son livre : « Finalement, il existe une sorte de contraste paradoxal entre la mauvaise image du militaire en guerre et l’image positive du militaire sacrifié au combat. Pourquoi un militaire de carrière est-il rarement un héros de guerre sauf quand il meurt au combat ? Pourquoi les généraux victorieux ne s’imposent-ils pas comme des figures majeures du patriotisme, alors que les officiers vaincus mais tués en opération le deviennent ? » (p. 53). D’où, cette lettre de remerciement par l’auteur et cinq de ses compagnons pilotes (p. 143) au président Antoine-Félix Tshisekedi, commandant en chef des Forces armées congolaises, pour l’acte posé d’avoir ordonné de ramener les corps des quatre jeunes pilotes à Kinshasa pour des obsèques dignes d’officiers et pilotes d’hélicoptère survenu dans la province Orientale le 30 et 31 décembre 2020.

 

C’est ainsi que, pour rendre justice à cette armée zaïro-congolaise, la deuxième partie de ce livre s’évertue à raconter, brièvement l’histoire de cette armée, avec, en appendice la liste des tous les neuf promotions qu’il connut des pilotes de l’armée de l’air zaïro-congolaise formés et leurs pays de formation, eux dont la mission est de protéger, dissuader et d’intervenir.

Un tel livre serait sans intérêt sans la troisième partie consacrée aux « forces aériennes congolaises à l’horizon 2030 » où l’auteur, à cause de son expérience, propose quelques pistes importantes pour la modernisation et l’équipement d’une telle unité armée dont le rôle est plus que jamais important pour toute nation moderne.

L’auteur ne pourrait clore un tel opus sans remercier et rendre hommage à tous les siens qui se retrouveront à travers surtout des photos y publiées, mais, pour lui-même aussi, avec ces photos et archives personnelles faisant souvent défaut ou éparpillées ou perdues par le fait des mutations, des voyages et d’exil, il y imprime nombreuses photos qui constituent une vraie invitation à tous de mieux garder ces souvenirs et surtout de griffonner le peu que l’on peut pour la postérité.

C’est d’ailleurs la place réservée par monsieur le maire et son adjoint pour une telle réception et cette cérémonie officielle en l’honneur du désormais auteur et Major-pilote de son état; surtout que dans son mot de circonstance, l’auteur a prié le Maire, en sa qualité du représentant attitré de l’autorité ou du drapeau ou de tous les drapeaux, d’être désormais son interlocuteur auprès de l’autorité de tutelle et de toutes les autorités d’ici, d’ailleurs et surtout de sa mère patrie, la République Démocratique du Congo. Car, la loyauté et le devoir de réserve des fonctions exercées par l’auteur l’invitant à un devoir de réserve permanente.

Après une telle réception officielle à la mairie, c’est au domicile de familiale que tous se retrouvèrent pour la suite selon les usages et la coutume : c’est-à-dire des échanges et causeries autour d’un bon plat et d’un bon verre pour arroser l’événement à marquer désormais d’une pierre blanche.

Norbert MBU-MPUTU

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