L’est de la RDC une nouvelle fois endeuilée

Une femme deplacé dans un camp de Kanyaruchinya© Cunningham/Getty Images

Des corps enveloppés dans des sacs en plastique reposent à la morgue d’Oicha.

Chaque famille est passée pour prendre des nouvelles de ses proches et récupérer les corps pour l’enterrement. La colère, l’émotion et la désolation se sont emparées des esprits à la vue des corps. Paluku Roger a vu son frère tué par des terroristes des Forces démocratiques alliées (ADF) dans leur église, alors qu’il s’était enfui dès les premiers coups de feu.

« Nous avons entendu des balles siffler là où nous étions et dans les villages environnants. L’ennemi était déjà entré, les traces de son passage étaient visibles, notamment la destruction des maisons, l’occupation de la route qui montait jusqu’à notre champ où nous construisions notre église et où nous passions la nuit. Nos proches ont été décapités après avoir été attachés avec des cordes de moustiquaire » témoigne Paluku Roger.

Laxisme

La société civile dénonce le laxisme des services de sécurité qui ont ignoré les alertes de la population et organisé des opérations contre les assaillants. Elle avance un bilan d’une dizaine de morts.

« Nous vivons dans l’insécurité depuis presque un mois, mais depuis dimanche dernier, des assaillants tuent des civils dans les villages autour d’Oïcha. Comme vous pouvez le voir, des civils ont été amputés de la tête, des bras et des jambes. Ces tueries interviennent après de nombreux avertissements et informations de la part des services de sécurité ».

Le bourgmestre de la commune rurale d’Oicha indique que 8 corps ont déjà été reçus à la morgue, mais n’exclut pas la possibilité de trouver d’autres corps de civils enlevés. Il appelle la population à rester calme et à soutenir les forces armées de la RDC.

« Nos paisibles citoyens ont été tués par les ADF, l’ennemi. Jusqu’à hier mardi, nous avions huit corps à la morgue de l’hôpital d’Oicha, tous des hommes. Nous demandons à notre peuple de rester calme, d’autant plus que nous continuons à le féliciter pour sa résistance. Ce que l’ennemi nous fait, nous devons nous rappeler que notre armée frappe ces personnes dans d’autres endroits, et il est vrai que l’ennemi cherche toujours à se venger, à nous faire du mal ».

Les attaques sont attribuées aux ADF en raison de leur mode opératoire, qui consiste à tuer des civils par décapitation. Des tueries récentes ont été signalées dans le territoire de Beni depuis près d’une semaine. Les forces armées de la RDC affirment avoir lancé des opérations contre eux, notamment dans la partie ouest d’Oicha, dans le territoire de Beni.

Les ADF, à l’origine des rebelles ougandais majoritairement musulmans, sont implantés depuis le milieu des années 1990 dans l’est de la RDC, où ils ont tué des milliers de civils. Ils ont prêté allégeance en 2019 à l’EI, qui les présente comme sa « province d’Afrique centrale » (Iscap en anglais).

Fin 2021, après des attentats qui leur avaient été attribués sur le sol ougandais, Kampala et Kinshasa ont lancé contre les ADF une opération militaire conjointe, baptisée « Shujaa », mais les rebelles continuent leurs exactions.

En décembre, ils ont été accusés d’avoir lancé deux attaques dans l’ouest de l’Ouganda, dans lesquelles 13 villageois ont été tués.

En RDC, après des semaines d’accalmie, les attaques meurtrières attribuées aux ADF ont repris depuis une semaine dans le territoire de Beni. Le 23 janvier, cinq civils y ont été tués, dans une attaque revendiquée par l’Iscap.

Auteur: Nety Zaidi Zanem

Avec DW

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