Art d’Orphée : ces guitaristes forgeurs de l’identité particulière du style de Viva la Musica de Papa Wemba

Viva la Musica, ce n’est pas seulement l’appellation d’un groupe musical fondé en 1977 par le chanteur Papa Wemba, aujourd’hui îcone de la rumba congolaise moderne. Viva la Musica, c’est également un style particulier de cette rumba congolaise, une identité musicale propre d’un groupe forgée par la dextérité d’un nombre des guitaristes depuis l’aurore de cet ensemble musical majeur de la rumba congolaise moderne.

Ils sont peu connus du public. Et parfois, ils passent totalement dans l’anonymat de grandes stars et chanteurs rd-congolais qui sont au devant de la scène. Et pourtant, ce sont eux les véritables compositeurs et même créateurs de la rumba congolaise moderne. Les guitaristes, il y en a eu et il y en a encore à profusion, originaires de la République démocratique du Congo, qui ont marqué les époques, des mélodistes de l’art d’Orphée rd-congolais.

Nous nous intéressons ici à ceux d’entre eux qui ont fait partie du groupe musical Viva la Musica de Papa Wemba. Plus d’une vingtaine de ces virtuoses de la guitare rythmique ou lead, de l’accompagnement ou de la guitare basse ont littéralement forgé le style mélodieux singulier de Viva la Musica de Papa Wemba depuis la création de cet ensemble musical en 1977, conférant à ce groupe musical une identité particulière dans la grande rumba congolaise. Chacun a apporté certainement sa pierre, sa touche dans l’instrumentation musicale majeure de ce groupe de la rumba congolaise depuis près de 40 ans.

Les guitaristes de la première heure dans Viva la Musica

Papa Wemba a effectué sa première sortie officielle avec son groupe le 26 février 1977 à Kinshasa. S’il avait  à ses côtés des chanteurs comme Kisangani Espérant (actuellement décédé), Pépé Bipoli, Jadot Le Cambodgien et Petit Aziza, il s’etait appuyé cependant sur cinq guitaristes pour son premier spectacle.  Il s’agit des Bamundele Rigo Star, Jean-Jacques Bongo Wende Bojack, Syriana, Julva (décédé) et le bassiste Pinos. L’on note aussi la présence du batteur du groupe à l’époque, Koyongonda Otis (décédé). Ces cinq guitaristes ont donc pris une part prépondérante dans la composition des tubes comme « Amazone », « Matembele Bangi », « Lisuma ya Zazu », « Mère Supérieure », « Ebale Mbonge », « Mabele Mokonzi », « Bokulaka », etc. joués au premier concert en février 1977.

Ensuite, d’autres cracks de la guitare rythmique ont rejoint le groupe entre 1977 et 1979, dont Sec Bidens surnommé Monganga et Nseka Huit Kilos, Safro Mazangi, Santana Mongo Ley, Beniko Popolipo alias Zéro faute, Djodjo, Tofolo Kitoko alias Tofla (décédé), Ping Pong Tshamala surnommé Jeux de dés. On note aussi l’incorporation dans le groupe de Sebaret au début des années 1980, ainsi que Yves Demukuse décédé en 2015, Alex Azulino arrive dans Viva  la musica en 1995. À propos des bassistes, on souligne la présence de Dada Acome Kombe dans Viva la Musica  en 1977, Gauthier Mukoka, de Boss Matuta à partir de 1988, d’Egide Bass (Bassiste) en  1992, et de John Pepito (Bassiste). Et ensemble, ces magiciens de la guitare ont pu ralentir le tempo de la musique de Viva La Musica par rapport au beat du début qui était très rapide. Et les amoureux de la rumba ont commencé à apprécier à leur juste valeur le talent de ces guitaristes produisant des sons innovants axés sur des mélodies exceptionnelles.

Partis du groupe, certains reviennent à partir de l’Europe…

À la fin des années 1980, Papa Wemba s’installe en Europe avec son groupe Viva la Musica, alors que certains guitaristes n’y font partie. A cette époque, plusieurs musiciens s’exilent en 

en Europe où ils continuent leur carrière. Ainsi, certains guitaristes du début qui avaient quitté Viva la Musica au début des années 1980 lors des premières défections avaient aussi voyagé pour l’Europe. Lorsque l’orchestre s’installe en Europe, certains d’entre eux regagnent la barque. C’est aussi le cas des guitaristes comme Bongo Wende qui rentre en 1992 alors qu’il avait quitté le groupe en 1984 pour Victoria Eleison d’Emeneya Kester, ainsi que Sec Bidens parti en 1980 pour revenir en 2003, avant de quitter ensuite, même s’il est parfois sollicité par Papa Wemba pour des travaux en studio. D’autres guitaristes que Papa Wemba rencontre en Europe sont abondamment sollicités pour des enregistrements des chansons et pour des concerts, comme Maika Munan surnommé Mukubwa, ancien d’Afrisa International de Tabu Ley et qui est arrivé en France en 1984 pour continuer sa carrière ; et aussi Olivier Tshimanga, ancien de l’Institut national des Arts (INA) parti en France et qui va intervenir dans plusieurs chansons de Papa Wemba. Mais le style particulier de la rumba de Viva la Musica n’en est pas écorné.

Les recrus de Kinshasa pérennisent le style de Viva la Musica

Des guitaristes arrivés dans le groupe après ceux de la première heure au milieu des années 1990 et recrutés à Kinshasa continuent de pérenniser ce style envoûtant et mélancolique de la rumba de Viva la Musica de Papa Wemba. On pourrait dans le groupe Viva la Musica Nouvelle Ecrita  trouver le bassiste Tosha Fulakanda (dans le groupe depuis 1996), les solistes Ramazani Fulutini (arrivé en 1996 et parti du groupe en 2000), Thierry Mogratana (1999-2004), Dady Bola (dans le groupe depuis 1999), Rodrigue Solo, (2007-2012), Vico Mupassa l’un de derniers recrus (arrivé au groupe en 2013 et fils du regretté Kati Mupassa Moussa Edmond grande figure du music-hall à Kinshasa disparu en 2009). Et Viva La Musica, c’est des milliers de chansons de Papa Wemba, et d’autres musiciens passés par ce groupe et dont certains sont décédés, dont l’orchestration a été et est encore faite par ces magiciens de la guitare, sans omettre les autres musiciens comme les percussionnistes.

Martin Enyimo

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Verified by MonsterInsights