Page d’histoire: La revanche des lumumbistes

 

Lorsque Lumumba est démis de ces fonctions de premier ministre, plusieurs de ces partisans sont arrêtés. Beaucoup parmi eux sont exécutés. De leur côté, les jeunes lumumbistes, décidés de se faire entendre, mènent sur place à Kinshasa une véritable chasse à l’homme. Des personnalités de premier plan sont ciblées. Des opérations sporadiques punitives sont menées contre certains membres du gouvernement et des proches de Kasa-Vubu.

 

Le 14 octobre 1960, Albert Ndele, commissaire général aux Finances et aux Questions monétaires, tient une conférence de presse. Viscéralement anti-lumumbiste, il y fustige le communisme. Son entrevue avec les journalistes vient juste de terminer qu’il est l’objet d’une attaque des jeunes sympathisants de Lumumba. L’assaut a lieu en plein centre-ville, au su et au vu des militaires ghanéens qui gardent les lieux. Ceux-ci laissent faire dans un premier temps. Toutefois, c’est leur intervention tardive qui sauve la vie de Ndele. Le ministre est blessé à la tête et ses habits sont tâchés de sang. Après avoir frappé le ministre, les assaillants arrivent même à kidnapper deux de ses assistants dans leur retraite. Albert Ndele concentre sur lui la haine et la colère des jeunes lumumbistes. En sa qualité de vice-président du Collège des Commissaires Généraux, il a ordonné aux soldats congolais qui autour de la résidence de Lumumba forment un deuxième cordon, d’arrêter à tout moment l’ancien Premier ministre.

Quelques mois plus tard, les partisans de Lumumba frappent un second coup. Ils touchent cette fois-ci le plus proche collaborateur de Kasa-Vubu. Le choix n’est pas un hasard. Déjà dans leur viseur, le but affiché est de toucher le président lui-même. Comme ils ne peuvent pas atteindre personnellement le chef d’État, ils ciblent son secrétaire particulier. A la fin de juillet 1961, Philibert Luyeye est violemment agressé. Son corps porte même les stigmates des violences subies. Le 1er août 1961, l’intéressé convoque la presse. Lors de sa conférence, il ôte sa chemise pour laisser voir ses plaies bandées. Il affirme que cette attaque contre sa personne aurait dû lui coûter la vie et que ses agresseurs sont des pro-Lumumba.

 

Deux agressions corporelles contre deux personnalités du pouvoir, telle est la réponse des jeunes lumumbistes à toutes les déconvenues subies par leur camp.

 

 

Samuel Malonga

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