Archidiocèse de Kinshasa: Homélie prononcée à l’occasion de la messe des funérailles de Maman Julienne IKOLI(Abbé José Mpundu)

Textes : Rm 8, 31-39 ; Lc 17, 11-19

Ni la vie ni la mort,  ni le présent ni l’avenir,  ni aucune créature,  rien ne pourra me séparer de Toi. 

Seigneur mon Dieu,  tu le sais si bien,  en toi j’ai mis mon espérance et ma foi,  j’en ai la certitude  rien ne pourra me séparer me séparer de Toi.

Chers frères et sœurs,

Les deux textes que nous venons de suivre ont été choisis par Maman Julienne, elle-même, il y a de cela 28 ans, le jour où elle célébrait son 60e anniversaire de naissance. En préparant avec elle la messe de son anniversaire, je lui avais demandé de choisir les textes qu’elle voulait pour la liturgie de la Parole. Sans hésiter, elle a proposé ces deux textes. A l’occasion de cette messe de son anniversaire, je lui avais demandé de prêcher. Ce qu’elle fit avec joie. 

De cette homélie de maman, je retiens deux choses. La première, c’est la foi profonde de maman Julienne en Dieu son créateur et en Jésus son sauveur dont elle ne doutait pas un seul instant de son amour. La seconde, c’est le fait que Maman Julienne, encore jeune fille, avant son mariage – et je l’apprenais ce jour-là -, a souffert de la lèpre et en a été guéri miraculeusement. C’est pour cette raison qu’elle n’arrêtait de rendre grâce à Dieu durant toute sa vie. A chacune de nos rencontres en famille, lorsque nous devrions prier ensemble, elle ne manquait jamais d’entonner sa chanson fétiche : « O mon Dieu, tu es bon, O mon Dieu tu es bon, O mon Dieu, tu es bon, tu es bon pour moi tu es bon. Nzambe na ngai napesa yo nini ? Nzambe na ngai napesa yo nini ? »  Et tout récemment encore, le 25 avril dernier, à son 88e anniversaire de naissance, elle n’a pas raté l’occasion pour chanter : « Nzambe na ngai napesa yo nini ? » En cela, elle était en phase avec son mari, Papa Pierre Mpundu, qui l’a précédé dans la maison du Père et qui, à chaque fois que nous nous retrouvions pour prier en famille, ne manquait d’entonner : « Totondo Nzambe aleki bolamu, alleluia, alleluia…. Totondo Nzambe aleki bolamu, alleluia, alleluia, alleluia, alleluia, alleluia, alleluia, alleluia… ».

Le mercredi 31 mai, le jour où elle a été admise à l’hôpital, j’ai été lui rendre visite dans l’après-midi. Au terme de cette visite, au moment où je m’apprêtais à la quitter, elle me dit, en s’adressant à tous ses enfants qui étaient là : « Bokanisi nakokufa ? Nakokufa te ! Ngai mbamba na Yezu ». Ce furent les dernières paroles que j’ai entendues sortir de la bouche de ma chère maman Zulema. « Ngai mbamba na Yezu ». Je me suis posé la question de savoir : « Qui est donc ce Jésus dont elle avait la certitude que rien ne pourra la séparer de son amour ? »

Ce Jésus est celui que nous présente Saint Pierre dans son premier discours le jour de la Pentecôte lorsqu’il dit : « Gens d’Israël, écoutez ce que je vais vous dire : Jésus de Nazareth était un homme dont Dieu vous a démontré l’autorité en accomplissant par lui toutes sortes de miracles et de signes prodigieux au milieu de vous… Cet homme… vous l’avez tué… mais Dieu l’a ressuscité… » (Ac 2, 22-24). 

Oui, le Jésus auquel Maman Julienne était attachée, est un homme, un homme qui, comme tout homme, est né un jour et est mort un jour, tué par les infidèles comme dit Saint Pierre. Un homme qui est passé sur cette terre des hommes en ne faisant que le bien, en aimant sans exclusive tous ceux qui croisaient le chemin de sa vie. Ce Jésus ne s’est pas limité à guérir Maman Julienne de sa lèpre lorsqu’elle jeune fille, mais encore à son âge avancé, il l’a guéri d’un cancer. Un homme libre, totalement libre vis-à-vis de tout et de tous, libre pour faire le bien, pour aimer. 

Un homme vrai qui pouvait dire, parlant de lui-même : « Je suis la VERITE ». Il est la Vérité et n’a fait que dire la vérité. Il a dit la vérité sur Dieu qui est Amour, sur l’homme qui est image et ressemblance de Dieu, la seule créature sacrée, sur les biens matériels et l’argent qui ne sont là que comme des moyens et non des fins, sur le pouvoir qui doit être uniquement service des autres, sur la gloire qui ne s’obtient que dans l’humilité, car qui s’abaisse sera élevé et qui s’élève sera abaissé. Et c’est pour avoir dit la vérité qu’on l’a tué.

Ce Jésus auquel Maman Julienne croyait et en qui elle avait mis toute sa confiance est un Prince de la paix qui donne la paix, la vraie paix à l’humanité, au monde ; une paix différente de celle que le monde donne. En effet, si la paix selon le monde c’est dans le silence qui naît de la peur de la répression, c’est dans la résignation et la soumission à l’ordre établi, la paix à la manière de Jésus a pour nom l’amour, un amour qui donne, qui se donne et qui pardonne ; elle a pour nom la justice, une justice-miséricorde qui détruit le mal sous toutes ses formes et sauve le malfaiteur ; elle a pour nom la vérité, cette vérité qui libère du péché. 

C’est ce Jésus que Maman Julienne nous a appris, à nous ses enfants et à tous ses enfants, à connaître, à aimer et à servir. Un Jésus qui a aimé jusqu’à en mourir ! Un Jésus qui n’a laissé qu’un seul commandement aux hommes, celui de l’amour mutuel par lequel on reconnaît ceux qui prétendent être ses disciples.

C’est le seul héritage, le plus bel héritage que Maman Julienne nous lègue. Elle n’avait ni argent ni or mais tout ce qu’elle avait, elle nous l’a légué : l’amour inconditionnel et sans frontière de tout l’homme et de tous les hommes. 

Comme l’unique lépreux qui est revenu rendre gloire à Dieu, avec

Maman Julienne, la lépreuse guérie miraculeusement, nous voici réunis ici pour dire tout simplement : Merci Seigneur ! Merci pour l’amour et pour la joie que tu avais donnés à Maman Julienne, dons qu’elle n’a pas gardés pour elle seule, mais qu’elle a su, durant toute sa vie, partager avec tous ceux et toutes celles qui ont croisé le chemin de sa vie.

Et la meilleure façon pour nous de rendre grâce au Seigneur pour ces dons reçus à travers Maman Julienne, c’est de vivre nous aussi dans l’amour et dans la joie : d’aimer et de rendre heureux les autres. 

Sur cette terre des hommes où nous ne sommes que des pèlerins, tout passe sauf l’amour de Dieu et l’amour des autres qui ne passeront jamais.

Sous le firmament, tout n’est que changement, tout passe.  Et quoi que l’homme fasse, ses jours s’en vont courant  plus vite qu’un torrent, tout passe

Grande vérité hormis l’éternité, tout passe. Faisons valoir la grâce, le temps est précieux, tandis que sous nos yeux, tout passe.

Les petits, les grands, les charges et les rangs, tout passe. Chacun prend une place et disparaît un jour,  dans ce mortel séjour, tout passe.

Comme le vaisseau qui glisse au loin sur l’eau, tout passe. Il n’en est plus de trace, ainsi vont les honneurs,  les biens et les grandeurs, tout passe.

Que le Seigneur accueille dans sa demeure de paix et de joie sa servante Julienne, Zulema et accorde à chacun et chacune de nous de ne vivre que d’amour et d’être des témoins de la vérité qui libère et des artisans de la vraie paix, celle de Dieu ! Amen !  

Fait à Kinshasa/Saint Michel, le 10 juin 2023

Abbé José MPUNDU

Tél. : +243818133765/+243997030932/+243856467887 E-mail : jpmpundu@gmail.com

Credo

Seigneur,  je crois,  je m’attache à toi,  je suis sûr de ta parole. Je crois en Dieu, 

Non pas un Dieu vengeur  ou justicier ou bourreau,  non pas un Dieu qui humilie  et écrase,  qui veut avoir le dernier mot,  non pas un Dieu  qui a besoin d’abaisser l’homme  pour élever sa divinité. 

Je crois en Dieu Père.  Je sais qu’il a créé le monde  pour l’homme,  pour tous les hommes,  le monde et tout ce qui y vit,  les astres et le ciel et le soleil  et la mer,  l’infiniment grand  et l’infiniment petit.  Je sais qu’il a créé tout cela  avec le même amour  et le même émerveillement  et qu’il a vu que c’était bon.

Je crois en Jésus Christ,  le Seigneur, le fils de Dieu,  celui qui donne un sens à ma vie.  Il est venu chez nous  il a vécu comme nous,  il est venu pour nous.  Il est le fils de Dieu  et fils de l’homme,  né de l’Esprit saint  et de Marie, une fille des hommes.  Il est allé jusqu’au bout de la vérité,  jusqu’au bout de l’amour,  jusqu’au bout du don.  Il a été condamné à mort,  comme un malfaiteur,  au milieu de deux brigands,  lui qui n’a fait que du bien,  parce que le monde a du mal  à accepter la vérité,  à accepter la contestation,  à accepter la libération.  Il y a trop de choses à changer,  il y a trop de compromission à soulever.  Et on préfère les ténèbres à la lumière.  Il vaut mieux qu’un homme meure  plutôt que tout le peuple.  Mais il est ressuscité des morts  et il est maintenant le Seigneur :  il partage la gloire du Père. 

Il reviendra  pour rendre justice aux vivants et aux morts  et nous serons toujours avec lui.

Je crois en l’Esprit de Dieu  par qui le monde reçoit la vit,  par qui le monde reçoit l’amour  et qui rend possible toute justice  et possible tout espoir.

Je crois que nous ne sommes pas des individus isolés ;  nous sommes un peuple,  le peuple de Dieu,  une famille, son Eglise,  signe d’unité et d’amour,  signe de la présence  et de la tendresse de Dieu.

Je crois que le monde est déjà sauvé  que le mal est déjà vaincu  et que l’homme est déjà transfiguré,  déjà ressuscité. 

Mais je sais que cette résurrection  doit se faire de jour en jour  jusqu’à ce que nous devenions  semblables à Dieu,  en le voyant tel qu’il est. 

J’attends un monde nouveau,  je ne l’attends pas,  je le construis, 

je l’achève – avec les hommes, mes frères et mes sœurs –  car je sais que l’Esprit de Dieu  plane sur le monde pour que naisse  le Royaume de Dieu, Royaume de Justice et de Paix,  de Vérité et de Liberté, d’Amour et de Fraternité sans frontières. 

(Tiré et adapté du livre de Paul Grostefan, … car Dieu répond, Desclée, 1971, p.85-89) 

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