RDC : de nombreux Congolais se sont installés à Luhihi près d’une mine d’or avec l’espoir d’une vie meilleure

Cobalt, or, coltan… le sous-sol congolais regorge d’immenses richesses. La découverte d’un nouveau gisement d’or à l’est du pays a amené des centaines de personnes à s’installer dans cette région dans l’espoir de trouver quelques grammes du métal jaune.

La découverte d’une mine d’or à Luhihi, une bourgade située dans l’extrême Est de la République démocratique du Congo, a suscité beaucoup d’espoir parmi la population congolaise dont la majorité vit avec 1,25 dollar par jour, selon la Banque mondiale. Les creuseurs sont prêts à prendre de nombreux risques et mettre leur vie danger pour récolter le précieux métal. Mais pour certains, cette découverte est un véritable désastre environnemental et la colère commence à monter dans une partie de la population.

12 photos prises à Luhihi par Guerchom Ndebo illustrent ce propos

Le site minier de Luhihi, situé sur une colline au-dessus de Bukavu, la capitale du Sud-Kivu dans l’est de la RDC, a été découvert par la population locale il y a environ deux ans.  GUERCHOM NDEBO / AFP
En février 2021, la découverte d’un gisement d’or par des agriculteurs, filmé et mis en vidéo sur les réseaux sociaux, a entraîné une véritable ruée vers le site. Equipés de pelles et des pioches, villageois, mineurs, mais aussi certains soldats des forces armées congolaises se sont alors mis à creuser la terre.   GUERCHOM NDEBO / AFP
Ainsi, près de 200 familles se sont installées sur une colline adjacente. Des habitations en bois, couvertes de bâches bleues, permettant aux creuseurs artisanaux d’organiser leur vie de famille, ont été construites à la hâte dans l’indifférence quasi-totale de l’Etat.  GUERCHOM NDEBO / AFP
Mais au final, très peu d’orpailleurs ont pu trouver le métal précieux. De plus, la société civile a dénoncé les conditions de travail difficiles et dangereuses des mineurs. Au cours des cinq derniers mois, sept personnes sont mortes sur le site.  GUERCHOM NDEBO / AFP
Sans protection et à mains nues, ces creuseurs artisanaux, torche fixée sur le casque, s’engouffrent chaque jour dans des galeries souterraines soutenues par des poutres circulaires.  GUERCHOM NDEBO / AFP
Hardy Bisimwa, jeune diplômé du secondaire de 22 ans, un des creuseurs de Luhihi, témoigne auprès de l’AFP : « Nous entrons dans la mine comme des animaux en marchant à quatre pattes, et si nous nous fatiguons, nous glissons sur nos fesses jusqu’à 70 mètres sous terre. (…) On travaille sans ration. On n’a même pas le moyen de trouver du savon pour nous laver. Si on n’a pas encore trouvé la matière (l’or), c’est difficile de manger. »  GUERCHOM NDEBO / AFP
En sept mois de travail, il n’en a ramené qu’une seule fois. Mais il ajoute : « Je ne me décourage pas. Avec l’aide de Dieu, je pourrai encore en trouver pour faire vivre ma femme et mes trois enfants. »  GUERCHOM NDEBO / AFP
Un autre jeune creuseur de 19 ans, qui a échoué aux épreuves du baccalauréat en 2019, travaille lui aussi dans l’une des excavations souterraines, sans masque, ni casque. Il raconte à l’AFP que s’il lui a fallu plus d’une année de travail avant de ramener de l’or à la surface, il estime que son jour « approche à grands pas ».  GUERCHOM NDEBO / AFP
Quand les creuseurs ressortent avec des sacs de pierres sur le dos, ils se dirigent vers un concasseur, une vieille machine bringuebalante composée d’une poulie attachée à une courroie qui permet de broyer les cailloux en petits morceaux.  GUERCHOM NDEBO / AFP
Puis « la matière » broyée est lavée pour enlever les impuretés. Le nettoyage se fait de manière artisanale. Le sable alors récupéré est méticuleusement séparé des particules métalliques. Le tamisage se fait dans une sorte de réservoir d’eau boueuse, rejetée dans la nature sans être canalisée, ni préalablement traitée. Les quelques grammes d’or trouvés sont aussitôt remis aux propriétaires des puits pour leur commercialisation auprès d’un comptoir d’achat à Bukavu.  GUERCHOM NDEBO / AFP
L’impact environnemental est désastreux, explique le président de la société civile du groupement de Luhihi : « Lorsque nous évaluons l’impact environnemental, on constate que toutes nos infrastructures, routes et ponts, ont été détruites. (…) N’étant pas organisés en coopératives, les creuseurs artisanaux ne participent pas à leur réhabilitation. » De plus, le désordre s’est installé dans la localité. Ici, « tout voleur est lynché jusqu’à ce que mort s’en suive. La justice populaire dicte sa loi », ajoute-t-il.  GUERCHOM NDEBO / AFP
Aujourd’hui, la population commence à se plaindre de cette situation car « cette carrière n’a plus assez d’or. S’ils en trouvent, ça ne nous aide en rien parce que les creuseurs ramènent toute leur production à Bukavu. Nous, habitants de la cité, ne bénéficions de rien du tout », proteste une habitante née dans cette localité. 

AFP

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