Page d’histoire: 4 janvier 1959, jour de gloire, l’histoire à l’endroit.

Il y a eu le 4 janvier 1959 avec ses héros, les veritables héros de l’indépendance avant le 30 juin 1960.

Les événements du 4 janvier 1959 passent dans l’histoire du Congo comme le facteur d’accélération rapide de la marche vers l’Indépendance. Cependant, malgré leur grande portée, l’histoire officielle tend à les réduire à une simple manifestation de la colère des supporters de l’équipe de football V Club sortant du stade Roi Baudouin (Stade Tata Raphaël) où leur équipe venait de perdre (3 à 1) contre l’équipe Mikado.

La vérité est pourtant bien connue. Les émeutes du 4 janvier 1959 ont été déclenchées par les partisans de l’Abako réunis au centre YMCA dans la commune Renkin (Kalamu) et très remontés par l’annulation du meeting. Ceux-ci furent plus tard rejoints par une foule nombreuse de supporters furieux de l’équipe de football V. Club, sortant du grand stade Roi Baudouin proche (l’actuelstade Tata Raphaël).

Pendant quatre jours, du 4 au 7 janvier, Léopoldville, ville de 400.000 habitants à l’époque, fut le théâtre d’actes de violence contre les Européens. Leurs magasins et résidences furent saccagés et pillés, les symboles de l’État colonial détruits. Une manière pour les Congolais de manifester le rejet du système colonial.

Le pouvoir colonial réagit en faisant intervenir la Force Publique afin de mettre fin à ces manifestations de colère aux allures d’une véritable insurrection populaire. La répression qui s’en est suivie se solda par la mort de 49 personnes selon des sources officielles, sinon des centaines selon des sources indépendantes.

Tenu pour responsable de ces troubles Kasavubu fut révoqué de sa fonction de bourgmestre et accusé de xénophobie et incitation au soulèvement contre l’autorité. L’ABAKO fut dissoute. Recherché par la police, Kasavubu disparut pendant quelques jours avant de se rendre le 12 janvier 1959 et être mis aux arrêts avec d’autres dirigeants de l’ABAKO. Ceux qui échappèrent à la traque trouvèrent refuge à Brazzaville où ils continuèrent de sensibiliser et mobiliser leurs partisans grâce à une petite station de radio, Radio Makala qu’ils y avaient installée. Les autres étaient entrés dans la clandestinité développant contre toute attente un activisme débordant grâce à des réseaux secrets de communication.

Au terme d’un procès très médiatisé, tous les dirigeants de l’ABAKO furent emprisonnés. Ils furent libérés le 14 mars 1959, cependant certains d’entre eux (Kasavubu, Daniel Kanza et Nzeza Nlandu) furent déportés en Belgique! Ils avaient bénéficié de services d’un avocat français, Me Croquez, dont les plaidoiries ressemblaient parfois à une leçon sur les droits humains, au grand désenchantement du gouvernement belge. N’est-il pas significatif que tous ceux qui avaient comparu à ce procès furent des Bakongo, membres de l’Abako, et qu’aucun joueur de football ni dirigeant sportif n’a été poursuivi?

Prenant la mesure de la situation, le roi Baudouin 1er prononça le 13 janvier 1959 un discours resté célèbre à ce jour, dans lequel il annonçait l’engagement de la Belgique à «conduire sans atermoiements funestes mais sans précipitation inconsidérée les populations congolaises vers l’indépendance, et l’organisation à la fin de l’année d’une conférence devant discuter des modalités d’accession du Congo à l’indépendance». Pour la première fois, les Belges, par la bouche de leur roi, venaient de reconnaître le droit des Congolais à l’indépendance. Le prenant au mot les Congolais répandirent comme un «leitmotiv» le mot magique «indépendance» traduit dans les langues locales : «dipanda» en lingala, «kimpwanza» en kikongo, «uhuru» en kiswahili et «budukadidi» en tshiluba, le criant à la face des Belges comme par défi et pour exprimer l’inéluctabilité de l’indépendance.

Le 4 janvier 1959, la population de Léopoldville, menée par l’ABAKO, avait exprimé dans la violence son rejet du système colonial, l’ébranlant dans ses fondements et faisant précipiter les événements qui ont conduit à l’Indépendance. Dans le calendrier officiel cependant, cette date n’est généralement connue que comme fériée et l’absence de manifestations commémoratives officielles à la hauteur de sa grande signification et portée historique tend à l’effacer progressivement de la mémoire. Il en est de même de l’histoire officielle de l’Indépendance dans laquelle le rôle déterminant de l’ABAKO dans la conscientisation politique de la population et son antériorité historique dans la revendication de l’indépendance sont souvent passés sous silence. Certains n’hésitent même pas à réduire les événements du 4 janvier 1959 à la manifestation du mécontentement des supporters d’une équipe de football à la suite d’un match perdu! Cela s’expliquerait-il par un certain refus d’exposer les premières revendications de l’indépendance comme le fait des seuls Bakongo?

Il est temps de rétablir la vérité sur cette importante page de l’histoire de notre pays, et de reconnaître ses acteurs pour leur héroïsme. don’t: Joseph Kasavubu, Antoine Kingotolo, Abbé Jean Loya, Daniel Kanza, Raphael Batshikama, Edmond Nzeza Nlandu, Filibert Luyeye, Raymond Bikebi, Philemon Madudu, Esaie Kuyena, Raphael Batshikama, Raymond Bikebi, Antoine Makengo, Vital Moanda, Simon Nzeza, Francois Makungu, Joel Nsiku, Boniface Langa, Alphonse Masamba, Antoine Kitolo, Paul Ngumba, Francois Pululu, Gaston Diomi, Arthur Pinzi, Alphonse Mangonda, Philibert Luyeye, Dominique Ndinga, Albert Ndombele, Simon Nkanga, Antoine Mawangu, Simon Malunga, Jean Baptiste Ntete, Joseph Mumbamuna, Robert Weyi Kiangudi, Jean Sala, George’s Mansianga Fundu, Daniel Ngonda, Jean Nlandu Nzeza.

IMAGES


1 Procès de Joseph Kasavubu, leader de l’Abako

2 Maître Jacques Croquez, avocat près le Barreau de Paris venu défendre les prisonniers de l’Abako

3 Baudouin 1er, roi des Belges prononçant son discours du 13 janvier 1959

4 Grille des portraits des leaders de l’Abako, « ba mbuta zi Bakongo mu nkindu kimwanza », les leaders des Bakongo, combattants de l’indépendance.

Ngimbi Kalumvieziko/Mbokamosika

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