La musique congolaise a la particularité d’avoir un répertoire des chansons dédiées aux personnes chères décédées. Les musiciens congolais ont chacun eu à immortaliser leurs proches à travers la chanson comme nous allons le découvrir dans cette balade vous proposer par la rédaction de sphynxrdc.com.
Wendo pleure Polo Kamba et Pépé Kalle
Le doyen de la musique congolaise, Wendo Kolosoy est l’un des premiers musiciens congolais à immortaliser un ami de tous les temps, Paul Kamba dans la chanson « Polo Kamba ». Cette chanson bien que dédiée à une personne disparue fut un succès jusqu’à nos jours.
Le vieux eût un profond chagrin d’enterrer un plus jeune que lui qu’il aimait, Pépé Kalle. Il lui dédia une chanson intitulée » Liwa ya Pépé Kalle mawa ».
Kalle Djeff immortalise son ami Lumumba
A l’annonce de l’assassinat de son ami et combattant de la révolution, Emery Patrice Lumumba, en 1961, Joseph Kabasele , chef de l’orchestre Africa Jazz et père de la musique congolaise moderne n’eût d’autre manière de pleurer que de lui dédier une chanson en swahili « Emery wa Mama ».
Franco immortalise Wetsh
La chanson Liwa ya Wetch a été dédiée à l’un des jeunes Kinois et supporters de V. Club comme Franco. Ce dernier s’appelait aussi François comme le promoteur de l’orchestre Ok Jazz, François Luambo Makiadi et qui fut connu sous le sobriquet de « Petit Wetch ».
Rochereau pleure Arsène dionge
Lors de son passage dans Africa fiesta, Tabu Ley Rochereau pleura avec sa voix mélancolique Arsène dionge dans » Liwa ya Arsène dionge ». Le même Arsène dionge fut aussi immortalisé par Franco Luambo Makiadi. Ce dernier serait l’un des rares funs et férus de la bonne musique congolaise de l’époque de Léopold ville.
Kalle Djeff immortalisé par Franco et Rochereau
La mort du pionnier de la musique congolaise moderne Joseph Kabasele dit Kalle Djeff, le vendredi 11 février 1983, ne laissa pas indifférents les deux grandes figures de la musique congolaise, Franco Luambo Makiadi et Tabuley Rochereau qui se retrouvaient à l’extérieur du pays. Ils étaient tous les deux au studio pour réaliser un album leur recommandé par le Maréchal Mobutu, « Ngungi ». C’est sur place à Bruxelles qu’ils vont réaliser la chanson: » Nazua Nganga wapi? »
Simaro a beaucoup pleuré
Simaro Lutumba est l’un des musiciens qui a beaucoup pleuré les siens. A la mort de son maître Franco et avant l’arrivée du corps à Kinshasa, il signa » Hommage à Franco » qui fut interprété par Djo Mpoy, l’une des voix les plus mélancoliques de l’époque.
Il va ensuite immortaliser l’une de ses connaissances, une dame assez influente de Kinshasa, Bowule dans » Testament Ya Bowule ».
Une chanson bien rendue par le chanteur de charme Malage. Le succès de la chanson prendra une autre ampleur.
Toute personne présentant des signes de faiblesse était assimilée à Bowule, une préméditation à la mort:
» Keba oko landa Bowule« , pour dire: attention, tu risques de mourir comme Bowule.
Le même Simaro reviendra avec « Pablo », un ami mort à Brazzaville dans l’incognito.
Simaro pleurera jusqu’avant sa disparition. On aura compris que ce fut un homme très marqué par son entourage quand il pense à son ami » Macleber », mort dans des circonstances assez particulières.
Adieu M’zee
Jamais un chef de l’état congolais n’a autant été pleuré par les musiciens congolais et la population comme M’zee Laurent Désiré Kabila assassiné en 2021. C’est l’arrangeur Souzi Kaseya qui prend le devant pour mobiliser ses collègues musiciens. Pas question de laisser un homme de la trampe de celui qui a incarné l’espoir de tous les congolais et qui fut un grand amoureux de l’art d’Orphée de passer inaperçu.
Papa Wemba pleure Stervos Nyarkos et Emeneya
Même si ses rapports avec l’un de ses pourvoyeurs Stervos Nyarkos n’était plus au beau fixe, Papa Wemba, un homme de grand cœur, immortalisa Adrien Mombele N’gantshie, Eddie Barra Niarka Kouroubio à l’annonce de sa mort le 10 février 1995.
L’on avait pas vu le » Nkuru » aussi abattu après la disparition, successivement, de Mère Malou dit » Mère Première » et de Emeneya Mubiala dit » King Kester ». Le roi du village Molokai sent sa mort venir et se souvient du temps passé qui ne revient plus.
Au delà de tous les racontars à la Kinoise, le Grand M’zee signe » Blessures ». C’est toute la nation qui s’effondra.
Adieu Léa de Papy Tex
Le chanteur de charme Matolou Daudet dit » Papy Tex » s’illustra, à son tour, par la chanson » Adieu Léa » où il pleure une dame très proche comme il savait le faire avec sa voix assez suave. Un vrai tube.
Dindo Yogo immortalise la mère de ses enfants
Le chanteur à la « voix cassée » de tous les temps, Dindo Yogo restera inconsolable à la disparition de sa chère épouse et mère de Lola Mwana dans la chanson » Liwa yo moyibi ».
Et tout Brazzaville pleura Dalhia
De l’autre côté du fleuve Congo, l’orchestre mythique Bana Photo Poto initié par l’ancien maire de la ville de Brazzaville, Feignon, gardera le souffle à la sortie de la chanson « Dalhia » comme les Kinois.
Jossart Nyoka Longo dans » Na lali pongi mama »
L’artiste musique et auteur compositeur Jossart Nyoka Longo immortalisera sa sœur unique partie très tôt dans l’au delà dans » N’a lali pongi mama ».
Evoloko Joker pleure un ami d’enfance dans Bakumba
La toute première chanson de la riche carrière d’Evoloko Joker, méconnue du grand public intitulée » Bakumba », fut dédiée au repos de l’âme de son ami d’enfance, mort à fleur d’âge.
Autant des clichés qui rappellent que les musiciens congolais sont restés attachés à leurs proches après la mort.
Comme pour dire que les congolais sont d’avis, tel qu’observé dans leurs cultures et selon Amadou Hampâté Bâ, écrivain et ethnologue malien, né en 1900 ou 1901 à Bandiagara, au Mali, et mort le 15 mai 1991 à Abidjan, en Côte d’Ivoire, défenseur de la tradition orale qui disait que « les morts ne sont jamais partis ».
Jacques Kalokola
