Dans la guerre pour l’hégémonie géopolitique qui déchire actuellement le monde, par l’Ukraine interposée, la place des Congolais n’est ni derrière la Russie de Vladimir Poutine, ni derrière l’Occident mené par les Etats-Unis d’Amérique de Joe Biden, ni derrière la Chine de Xi Jinping, mais bien plutôt aux côtés de leurs concitoyens qui se battent pour la survie de leur propre pays. En effet, cette guerre-là n’est pas, dans le fond, leur guerre, mais bien plutôt celle de ces cyniques monstres froids toujours accrochés à la promotion et à la défense de leurs propres intérêts au détriment de ceux des faibles. Si les Congolais veulent vraiment mettre fin à leur propre guerre, celle de l’Est leur imposée par Paul Kagame, s’ils aiment sincèrement leur pays et s’ils tiennent réellement à le construire en profondeur, ils ne doivent compter ni sur les Russes, ni sur les Occidentaux, ni sur les Chinois, mais bien plutôt sur eux-mêmes.
Face à la guerre pour l’hégémonie géopolitique que se livrent, par le biais de l’Ukraine, la Russie de Vladimir Poutine et l’Occident conduit par les Etats-Unis d’Amérique de Joe Biden, les Congolais sont divisés en trois camps distincts, séparés et antagoniques. Incroyable, mais pourtant vrai, certains d’entre eux sont pro-Poutine ou Pro-Russie, certains autres pro-Occident et certtains autres, enfin, pro-Congo. Décortiquons, ensemble, chacun de ces trois groupes.
Pro-Poutine
Le premier groupe, le plus bruyant et le plus grouillant de tous, c’est celui des pro-Poutine ou des pro-Russie. Il se constitue des fanatiques et autres inconditionnels de Vladimir Poutine, l’incarnation et le visage de la Russie post-soviétique depuis 23 ans. Et pour cause ? Tout simplement parce que cet homme défie courageusement, par la guerre qu’il impose à l’Ukraine, le géant américain et l’Union Européenne, les détenteurs de l’hégémonie géopolitique unipolaire et unilatérale depuis 1945. En plus, il réclame ouvertement, à cor et à cri, l’avènement de l’hégémonie géopolitique mondiale multipolaire et partagée.
Ce groupe qualifie l’Occident d’hypocrite, d’injuste et de méchant à l’égard de la RD-Congo et d’égoïste, d‘expansionniste et d‘impérialiste envers le monde entier. Il reproche principalement à l’Occident, qui se fait pourtant passer pour le garant de la paix mondiale, de soutenir massivement, et ce sur tous les plans, l’Ukraine de Volodymyr Zelensky contre la Russie de Vladimir Poutine, leur héros. En effet, pour rappel, la Russie, la deuxième puissance militaire mondiale après les Etats-Unis d’Amérique, a envahi et occupe, depuis le 24 février 2022, une bonne partie de l’Ukraine, un pays pourtant modeste et faible. Cependant, ce même Occident a quasi-abandonné, depuis environ 25 ans, la RD-Congo qui subit incessament, dans sa partie Est, les attaques et invasions injustifiées du Rwanda voisin. Pire, ce même Occident appuyerait sournoisement l’envahisseur rwandais contre la RD-Congo.
Ainsi, face à cette politique absurde de deux poids, deux mesures de l’Occident par rapport à la guerre en RD-Congo et à la guerre en Ukraine, ce groupe prend clairement et nettement position en faveur de Vladimir Poutine et de sa Russie contre Volodymyr Zelensky et sa chère Ukraine soutenus par l’Occident. Il pousse même le gouvernement congolais à s’allier à la Russie de Vladimir Poutine afin de libérer l’Est du pays du joug rwandais et, par ricochet, occidental. Car, il croit que la promotion et la défense des intérêts majeurs du pays passe nécessairement, aujourd’hui, par l’alliance avec la Russie de Poutine. Pour ce groupe, contrairement à l’Occident, la Russie de Poutine est susceptible d’accompagner la RD-Congo dans ses efforts pour son développement intégral, intégré et durable.
Pro-Occident
Le deuxième groupe des Congolais, qui interviennent dans ce débat sur la guerre pour l’hégémonie géopoàlitique qui se déroule en Ukraine, condamne avec force, comme le groupe précédent, le comportement ambigü et hypocrite de l’Occident envers la RD-Congo. Il pense, cependant, qu’il est logique, normal et juste que l’Occident assiste massivement l’Ukraine dans la guerre injuste et injustifiée que la Russie de Vladimir Poutine, la deuxième puissance militaire mondiale, impose à son modeste et faible voisin.
Ce groupe prend, sans aucune abiguité, position pour l’Occident et l’Ukraine de Volodymyr Zelensky contre la Russie de Vladimir Poutine. Il qualifie celui-ci de fruste, de brutal, de fou, de violent, de criminel, d’assassin, de dictateur, donc de mal suprême. Il considère que la Fédération de Russie est économiquement très faible par rapport à l’Occident. De ce fait, il la trouve incapable d’aider sérieusement et profondément la RD-Congo qui fait face à d’innombrables problèmes embrouillés. Selon ce groupe, le seul bénéfice que la RD-Congo peut obtenir plus facilement de la Russie, ce sont des armes. Et ce, en échange des cargaisons des minerais stratégiques, dont l’uranium. En dehors des armes, rien d’autre.
Il croit, enfin, en la capacité de l’Occident, généralement démocratique et libéral, de s’amender et d’apporter à la RD-Congo l’assistance dont elle a grandement besoin pour son développement intégral, intégré et durable.
Pro-Congo
Le troisième et dernier groupe des Congolais, auquel je me rattache en tant que l’un de ses intellectuels organiques, travaille généralement dans l’anonymat. Comme les deux premiers groupes, il désapprouve et regrette le comportement hypocrite et ambigü de l’Occident vis-à-vis de la RD-Congo. Mais, à la différence des deux premiers groupes, il est très critique à l’égard et de la Russie de Vladimir Poutine et de l’Occident mené par les Etats-Unis d’Amérique de Joe Biden et même de la Chine de Xi Jinping. Considérant leurs œuvres passées et présentes dans tous les continents et dans plusieurs pays du monde, il n’accorde, en réalité, aucun crédit et ne fait nullement confiance ni à l’Occident, ni à la Russie, ni à la Chine. Ses arguments ?
L’Occident a colonisé tous les pays d’Afrique, y compris l’Ethiopie et le Libéria. Il a colonisé tous les pays d’Océanie, tous les pays d’Amérique latine, des Antilles et des Caraïbes et une bonne partie des pays d’Asie. Et ce, pendant plusieurs siècles ou décennies. Partout, il s’est comporté et se comporte encore en maître. Il a politiquement, économiquement, socialement et culturellement dominé, exploité et ruiné tous ces pays. Actuellement, l’écrasante majorité de ces pays, demeurés généralement pauvres et sous-développés, le boudent, sans pour autant l’abandonner. Les seules colonies de l’Occident qui se sont réellement émancipées et qui se retrouvent aujourd’hui parmi les pays les plus hautement développés sont des anciennes colonies britanniques de peuplement. C’est-à-dire, des colonies que les Britanniques avaient transformées, dès leur établissement, en leurs propres homelands. Je cite, ici, les Etats-Unis d’Amérique, le Canada, l’Australie, la Nouvelle-Zélande et, dans une moindre mesure, la République Sud-Africaine. Mais, les peuples autochtones, qu’ils ont trouvés dans ces pays, sont parqués dans des réserves où ils sont généralement dépourvus de tout.
La Russie, qu’elle soit tsariste ou soviétique, a politiquement, économiquement, socialement et culturellement colonisé, dominé, exploité et ruiné tous les pays de l’Europe de l’Est et la quasi-totalité des pays de l’Europe centrale durant plusieurs siècles. Au bout du compte, aucun de ces pays n’a pris l’envol en matière de développement. Ils croupissent généralement dans la pauvreté, la misère et le sous-développement. Leur seule et unique véritable puissance coloniale et impériale, la Russie tsariste d’abord et l’URSS par la suite, désillusionnée par ses propres contradictions internes, s’est inélutablement disloquée. La plupart de ses anciennes républiques sont redevenues des Etats souverains, indépendants et libres. Les ex démocraties populaires, jadis pays satellites de l’URSS, sont devenus plus souverains, plus indépendants et plus libres que jamais auparavant. Et les anciennes républiques soviétiques et les ex démocraties populaires ont, dans leur écrasante majorité, abandonné l’impériale Russie de Poutine. Elles ont rejoint ou tendent à rejoindre l’Otan et l’Union Européenne. D’où, la disparition du Pacte de Varsovie et du Comecon, alors dirigés des mains de fer par Moscou, qui les reliaient entre eux sur les plans respectivement militaire et économique.
Sous le couvert de l’URSS, la Russie, la seule et l’unique puissance de ce conglomérat de pays qui se sont finalement avérés tout simplement juxtaposés, avait la main mise sur certains pays d’Afrique, tel que la Guinée Conakry de Sekou Touré ; sur quelques pays d’Amérique latine, des Antilles et des Caraïbes, comme Cuba de Fidel Castro ; et sur des pays d’Asie, à l’instar du Vietnam de Hô Chi Minh et du Cambodge des Kmers Rouges de Pol Pot. Et ce, en appui fondamental à la Chine de Mao Tsé Toung, alors la principale puissance régionale. Mais, aucun de ces divers pays n’est sorti du sous-développement. Au contraire, ils ont beaucoup regressé.
Aux yeux de ce troisième et dernier groupe des Congolais, vu tout ce qui précède, il n’y a aucune raison de militer en faveur de l’alliance soit avec la Russie de Vladimir Poutine, soit avec l’Occident de Joe Biden, soit avec la Chine de Xi Jinping. Autrement dit, il n’y a point, entre la Russie, l’Occident et la Chine, le moindre mal. Ils sont tous de cyniques monstres froids uniquement accrochés à la sauvegarde et à la défense de leurs propres intérêts. Ils ne s’occupent sérieusement et profondément que de leurs seuls intérêts que de ceux des pays avec lesquels ils font semblant de coopérer. A ce sujet, ce groupe exhibe le cas du contrat chinois signé en avril 2008, alors considéré comme le contrat du siècle, par lequel les Chinois ont, selon l’IGF, roulé le gouvernement congolais sur tous les plans. Car, ils ont beaucoup plus gagné, et ce de très loin, que les Congolais.
L’Occident, la Russie et la Chine sont, tous indistinctement, des hypocrites, des « kuluna » en cravate, des exploiteurs insoucieux de leurs esclaves, des expansionnistes autoritaires et des impérialistes sans vergogne. Ils ont, tous indistinctement, polititiquement, économiquement, socialement et culturellement exploité et ruiné le monde entier. La preuve la plus palpable ? Aucun pays d’Afrique, d’Asie, d’Océanie, d’Amérique latine, des Antilles et des Caraïbes ne s’est jamais développé et ne se développera, selon le modèle occidental, russe ou chinois, grâce à l’Occident, à la Russie ou à la Chine. Où voudrait en arriver ce groupe?
Compter sur soi-même
Par rapport à cette guerre pour l’hégémonie géopolitique en Ukraine qui divise les Congolais en trois camps distincts, séparés et opposés, ce troisième et dernier groupe des Congolais s’avère être totalement et uniquement pro-Congo. Il considère, en effet, cette guerre là comme étant, foncièrement, la guerre de ces cyniques monstres froids habitués à diviser et à écraser les faibles, dont les Congolais. Elle est donc la guerre des bourreaux des faibles. Ainsi, dans cette guerre, la place des Congolais n’est ni derrière l’Occident mené par les Etats-Unis d’Amérique de Joe Biden, la première puissance mondiale dans tous les secteurs majeurs d’activités, ni derrière la Chine de Xi Jinping, la deuxième puissance économique mondiale, ni derrière la Russie de Vladimir Poutine, la deuxième puissance militaire mondiale, mais bien plutôt aux côtés de leurs compatriotes qui se battent pour la survie de leur propre pays.
En définitive, si les Congolais tiennent réellement à mettre fin à leur propre guerre, celle de l’Est leur imposée par le Rwanda de Paul Kagame, s’ils aiment sincèrement leur pays et s’ils veulent vraiment le construire en profondeur, ils ne doivent compter ni sur les Occidentaux, ni sur les Chinois, ni sur les Russes, mais bien plutôt, fondamentalement, sur eux-mêmes. Tout en continuant à coopérer, dans le cadre du partenariat au sens plein du terme, avec le reste du monde, dont les incontournables Occidentaux, Chinois et Russes. Le développement intégral, intégré et durable de la RD-Congo est à ce prix et à ce prix seulement.
MUSENE SANTINI BE-LASAYON
