IL N’Y A PAS DE MAUVAISE TROUPE, IL N’Y A QUE DE MAUVAIS CHEF.(Tribune de MUSENE SANTINI Be-lasayon)

« Ce qui laisse transparaître un sentiment d’échec du premier mandat du Président Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo », soutient un analyste politique, « n’est pas de son fait, mais de son entourage meritoirement médiocre. » Cependant, les philosophes politiques de l’histoire nous enseignent qu’il n’y a pas de mauvaise troupe. Il n’y a que de mauvais chef. Qui dit vrai ?

A son arrivée au pouvoir en janvier 2019, le Président de la République et Chef de l’Etat, Félix Antoine Tshisekedi, le pays était en pleine crise multisectorielle qui s’enracine dans le régime Mobutu. Une crise multisectorielle que même le meilleur des génies politiques ne pouvait, en trois ans de pouvoir seulement, dont deux partagés avec le camp de son prédécesseur, enrayer d’un revers de la main. Je comprends, par ailleurs, que le Peuple ordinaire, qui ne trouve pas son compte jusqu’à présent, mette tous ses malheurs et déboires sur le dos du Président Tshisekedi. Cependant, attribuer les causes du sentiment d’échec de son premier mandat uniquement « à son entourage meritoirement médiocre », me paraît incorrect et injuste. D’où, ma contribution.

DES QUESTIONS PERTINENTES

Le Peuple souverain rd-congolais souffrirait-il à cause de mauvais conseillers qui entoureraient le Président de la République parce qu’ils seraient essentiellement des mobutistes, des kabilistes, de la diaspora et des mafiosi ? Peut-être ! Mais, les philosophes politiques de l’histoire nous enseignent qu’il n’y a pas de mauvais conseillers. Il n’y a plutôt que de mauvais chef. Car, c’est le chef qui se choisit ses conseillers, selon la politique qu’il entend mener et les critères de choix qu’il s’impose, afin d’atteindre les résultats qu’il escompte. Les conseillers émanent, de ce fait, du chef. Prétendre le contraire serait plutôt une diversion.

Le Souverain primaire pataugerait-il dans une misère indescriptible à cause de mauvais ministres qui seraient, dans leur écrasante majorité, des mobutistes, des kabilistes, de la diaspora et des mafiosi? Peut-être. Mais, les philosophes politiques de l’histoire nous apprennent qu’il n’y a pas de mauvais ministre. Il n’y a plutôt que de mauvais chef qui est, soit le Président de la République, soit le Premier ministre. Car, c’est le chef de l’Etat ou de gouvernement qui sélectionne ses ministres, d’après la politique qu’il veut appliquer et les critères de nomination qu’il s’impose, en vue de réaliser les résultats qu’il attend. Les ministres sont, dans le fond, les émanations du Président de la République ou du chef de gouvernement. Prétendre le contraire serait plutôt une diversion.

Le Peuple rd-congolais, le véritable commanditaire des politiques, serait-il victime de mauvaises lois votées par l’Assemblée nationale et le Sénat parce que les présidents respectifs de ces deux chambres parlementaires seraient des mobutistes, des kabilistes, des corrompus et des mafiosi? Peut-être ! Mais, les philosophes politiques de l’histoire nous rappeleraient qu’il n’y a pas de mauvais législateur. Il n’y a plutôt que de mauvais chef suprême. Car, en Rd-Congo, le président de l’Assemblée nationale et du Sénat sont généralement ceux dont le chef suprême aurait préalablement désignés et faits élire, dans les coulisses, avant leur élection proprement dite respectivement par les députés et les sénateurs. Et ce, en tenant compte de la politique que le chef suprême tient à conduire et des critères de choix qu’il s’impose pour aboutir aux résultats qu’il espère. Le Président de l’Assemblée nationale et du Sénat sont, en réalité, les émanations du chef suprême qui est le Président de la République et Chef de l’Etat. Prétendre le contraire serait plutôt une diversion.

Le Peuple rd-congolais subirait-t-il de criantes injustices de la part des magistrats parce que ceux-ci seraient généralement des mobutistes, des kabilistes, des corrompus et des mafiosi ? Peut-être. Mais, les philosophes politiques de l’histoire nous diraient qu’il n’y a pas de mauvais magistrat. Il n’y a plutôt que de mauvais magistrat suprême. Car, c’est ce dernier qui nomme, en se référant à la politique qu’il veut mettre en œuvre et aux critères de nomination qu’il s’impose, le président de la Cour constitutionnelle, le président de la Cour de cassation, le président du Conseil d’Etat, etc, et les procureurs généraux près ces hautes juridictions. Tous ces très hauts magistrats sont, fondamentalement, les émanations du Président de la République et Chef de l’Etat. Prétendre le contraire serait plutôt une diversion.

Les entreprises et services publics seraient-ils saignés à blanc parce que leurs directeurs généraux seraient des mobutistes, des kabilistes, de la diaspora, des corrompus et des mafiosi ? Peut-être. Mais, les philosophes politiques de l’histoire nous répondraient qu’il n’y a pas de mauvais directeur générau. Il n’y a plutôt que de mauvais détenteur du pouvoir de nomination de ces mandataires publics. Et ce, en fonction de la politique publique et des critères de choix qu’il s’impose, afin d’atteindre les résultats qu’il souhaite. Les directeurs généraux des entreprises et services publics sont, à vrai dire, les émanations du détenteur du pouvoir de nomination. Prétendre le contraire serait une diversion.

LA POLITIQUE DU PRÉSIDENT

Certes, le Président de la République et Chef de l’Etat n’est pas Dieu. Il lui est quasiment impossible de connaître en détail tous ses collaborateurs à tous les niveaux et dans tous les secteurs. Mais, les philosophes politiques de l’histoire objectraient qu’ en tant qu’architecte social attitré de la politique qu’il conduit, le Président de la République est le responsable numéro un de la situation du pays à tous les niveaux et dans tous les domaines. D’où se pose le problème de la politique du Président Tshisekedi. Existe-t-elle ? Quel est le programme politique du chef suprême? Quels sont, à court, à moyen et à long terme, les objectifs politiques spécifiques qu’il
s’est assignés dans tous les secteurs? Quelles stratégies s’est-il choisies pour atteindre ces objectifs? Quels sont les résultats obtenus par rapport aux résultats escomptés ? Ces résultats sont-ils globalement positifs, mitigés ou négatifs et pourquoi ? Quel impact ces résultats ont-ils produit sur le social de la population ? Dans le fond, toutes ces questions peuvent être résumées en une seule et unique question: La politique publique que mène le Président Tshisekedi est-elle viable? »

ENDOSSER LES RÉSULTATS

La coalition politique actuellement au pouvoir compte, en son sein, un certain nombre d’éminents experts dans tous les domaines. Ceux-ci sont en mesure de faire ce genre d’analyse et d’arrêter de nouvelles méthodes et stratégies de travail. Et ce sont les réponses sincères et viables aux questions ci-dessus posées qui indiqueraient au Président de la République la voie à suivre pour mieux réajuster sa politique au cours des deux dernières années qui lui restent et de mieux préparer les échéances électorales de décembre 2023. S’il lui faudrait, au préalable, remanier en profondeur son cabinet politique, le gouvernement Sama Lukonde ou l’une ou l’autre des institutions publiques, il ne pourrait se baser que sur les résultats concrets que sa politique publique aurait obtenus durant les trois premières années de son premier quinquennat. Bons, mitigés ou mauvais, il devra avoir le courage d’endosser ces résultats. S’il s’hasardait à les imputer à son seul entourage ou à ses seuls collaborateurs, ce serait la super diversion qui risquerait de confirmer le dicton selon lequel il n’y a pas de mauvaise troupe. Il n’y a que de mauvais chef.

MUSENE SANTINI Be-lasayon

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