Hommages mérités au Professeur Tshiunza Mbiye Omer par Jean Louis Miasuekama(Économiste)

L’éminent Professeur Tshiunza Mbiye Omer

IN MEMORIAM PROFESSEUR TSHIUNZA MBIYE OMER

Il était marié et avait fondé une famille. Quoi de plus ordinaire pour un homme. Sa passion pour la science économique l’a amené au niveau des savants dans cette discipline dans notre pays et sous d’autres cieux. Il a été un Père scientifique pour une multitude d’étudiants qu’il a tout simplement préparé à affronter les défis du développement de la RDC ou à remplir avec conscience leur devoir professionnel où les circonstances du métier les a placés. Le professeur Tshiunza par sa passion et sa rigueur pour la science économique marquait les esprits et ne laissait personne indifférent. D’aucun à la faculté ont expérimenté cette relation quasi filiale qu’on pouvait entretenir avec lui à force de le fréquenter et de le côtoyer dans le domaine scientifique. Il est de ces professeurs qui aimaient répéter : « n’est pas économiste qui le veut ! ». Et des économistes, il en a formé. On peut s’étendre sur des pages et des pages à ce sujet. Je retiens seulement quelques aspects de son travail. Il scrutait constamment l’évolution de l’économie en RDC mais aussi dans le monde. J’ai appris que pendant les années 80, il avait demandé à ses étudiants de se pencher sur le phénomène de l’hyperinflation qui frappait les pays d’Amérique latine. On pouvait parler d’une véritable prémonition de la part du Professeur Tshiunza. Dans les années 90, c’est le même phénomène que l’on a observé au Congo-Kinshasa. Ces anciens étudiants qui gagnèrent  la sphère des mises en œuvre des politiques de stabilisation de l’économie étaient donc préparés. Aujourd’hui, le spectre de l’hyperinflation est loin de nous et les idées comme les lois pour une banque centrale indépendante font leur chemin. Notre regretté Père scientifique avaient l’avantage d’avoir une véritable expérience et une culture de la gestion de la chose publique et précisément de la macroéconomie et de la monnaie. Une autre anecdote est celle où il avait demandé à ces étudiants de lire les encycliques des Papes sur la Doctrine sociale de l’Eglise et d’en exposer le contenu à leurs collègues. Certes, la Doctrine Sociale de l’Eglise n’a pas vocation de dispenser des techniques ni moins encore de professer des idéologies car elle est du domaine de la théologie morale. La Doctrine Sociale de l’Eglise se situe donc au niveau des principes à la lumière de l’Evangile et de la loi divine positive. Mais voilà, un homme en intellectuel accompli et complet mieux équilibré qui rappelle à ces étudiants que l’Eglise enseigne aussi la posture fondamentale à avoir face aux questions liées à la gestion de la société, du pays et du monde. Permettez-moi de continuer sur quelques expériences personnelles que j’ai eu avec notre regretté Maître. Je lui avais demandé d’exposer sur la réforme monétaire en préparation à la fin des années 90 pour les étudiants d’un résidence universitaire. En toute humilité, il a accepté mais a préféré confier cette tâche à l’un de ceux qui l’assistaient pour ses cours et ses séminaires. Il voulait montrer par là comme il aimait le répéter qu’il n’avait pas le monopole du savoir. Cette personne à qui il avait confié cette tâche et qu’il avait accompagné lors de l’exposé est aujourd’hui un grand homme d’Etat. Au début d’un séminaire que mon groupe devait animer en deuxième licence, il m’a lancé cette phrase : « je ne suis pas omniscient ! ». Quand je l’ai sollicité pour diriger mon mémoire, le Professeur Tshinza a fait preuve d’une rigueur qui m’impressionne jusqu’à aujourd’hui. Je me devais de ne pas le décevoir. J’ai pu en 2014 partager un moment inoubliable en septembre 2014 où nous étions assis côte à côte dans l’avion en route pour Paris. Il nous manque déjà ce grand homme qui savait rester à sa place. Au moment où l’on se plaint du tribalisme, on peut se référer à son exemple d’un universitaire exemplaire sur cette question. Seule, la science l’intéressait. On peut encore imaginer les sacrifices énormes qu’il a consentis dans la formation des étudiants, dans la recherche et dans la production de publications de haute facture. Il a évolué dans une époque où le travail de professeur d’université a été continuellement dévalorisé mais il s’est surpassé. Merci Professeur ! Adieu notre Père scientifique ! Perpétuer votre mémoire est notre devoir !

Jean-Louis MIASUEKAMA, économiste.

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