Page d’histoire: Tenues, insignes et bérets des FAZ de 1972 à 1997

Comme dans toutes les armées du monde, les Forces armées zaïroises avaient aussi  leurs couleurs, leurs symboles ainsi que leurs couvre-chefs. La vêture des militaires laissait voir la distinction qui existait entre les différents corps qui constituaient la défense nationale. La tenue la plus en vue était l’uniforme vert olive.  Tout ce qui était en rapport avec les FAZ était peint dans cette couleur notamment les casques (sauf pour les gendarmes car non combattants), les camions militaires, les chars, les blindés, les hélicoptères, les avions de chasse (les célèbres Maquis et Sukisa) tout comme les avions de transport de troupes et de matériels (les fameux Lockheed C-130 Hercules surnommés libumu ndunda). La légendaire couleur vert olive est devenue emblématique pour les uniformes des soldats dans toutes les armées du monde. Etant associé à la nature, le vert militaire représente l’adaptabilité et la capacité à se fondre dans un environnement naturel. Il symbolise aussi la discipline et le professionnalisme des forces armées selon les blogs spécialisés  Boutique militaire et Passion militaire.

Pour atténuer la silhouette d’un soldat sur le terrain afin de le rendre moins détectable, les FAZ utilisaient également la célèbre tenue de camouflage communément appelée tache-tache. Il existait plusieurs types de treillis dans diverses couleurs avec différents motifs et  coloris. Certains avaient le vert foncé, le marron et le vert asperge, d’autres se composaient du vert foncé, du vert pâle et du marron foncé, d’autres encore étaient parés du vert, du marron et du noir.. En 1975, un nouveau treillis fit son apparition dans l’univers vestimentaire des FAZ. Baptisé léopard du fait de la ressemblance de ses marques avec la robe de la panthère, la Division Kamanyola qui reçut en legs la marche militaire nord-coréenne exhibée pendant les défilés fut la première unité à le porter. Faisant partie intégrante du look de l’armée, des accessoires comme les insignes d’épaule, les écussons voire les médailles distinctives étaient tout autant arborés par les militaires. Ces ornements indiquaient les unités auxquelles appartenaient lesdits soldats.

Un autre accessoire important dans l’habitus des hommes en arme fut ce bonnet monocolore en feutre communément appelé béret. Il était toujours porté penché à droite. A l’instar de l’écusson et de l’insigne, il indiquait aussi l’unité du soldat. Entre 1971 et 1997, les différents corps de l’armée étaient reconnaissables par ce couvre-chef. Il en existait principalement trois de couleur différente. Chaque couleur était attribuée à une unité spécialisée pour la différencier des autres. Chaque corps avec la teinte de son béret exprimait la marque de cette complicité historique qui existait entre les différentes armées dans cet univers militaire qui constituait les FAZ. Les différentes couleurs facilitaient surtout la distinction et la reconnaissance entre les diverses unités sur un terrain d’opération.

Le béret noir et le béret vert kaki étaient portés par les fantassins. Eléments de l’infanterie étant ni paras ni commandos, ils ne savaient ni sauter en parachute ni mener des opérations kamikaze. Aguerris, c’étaient des combattants au sol. Plusieurs autres soldats de l’infanterie portaient un képi bleu.

Le béret rouge ou béret amarante fut celui des parachutistes. Leur vignette montrait la tête d’un léopard rugissant surmontée d’une étoile et d’un parachute. Inspiré de l’insigne du brevet parachutiste militaire français, une signification était attribuée à chacun des symboles qui s’y trouvaient : Le parachute te dépose, les ailes te supportent, l’étoile te guide, les feuilles de laurier te rappellent la gloire des anciens, le léopard est ta force. Mais la mort représentée par le noir entre les suspentes te guette.  Dans l’histoire des paras, deux unités avaient honoré la patrie. Il y a d’abord eu la DITRAC (Division des Troupes Aéroportées Renforcées de Choc). Les deux régiments qui la composaient étaient dirigés par les majors André Mpika Ntoya et Bula Butupu après leur formation au Ranger School en Amérique. Ensuite la 31e Brigade Parachutiste formée avec l’assistance et l’appui technico-militaire de la France. Entre les paras et les commandos existait une unité d’élite intermédiaire formés par les paras-commandos, c’est-à-dire des paras appartenant à un commando. Le plus souvent, ils étaient coiffés d’un béret vert. L’omniprésence de la panthère dans les insignes des forces armées revêtait un caractère politique. Etant totem national, l’animal était également présent dans les armoiries du pays. Rochereau n’avait pas manqué de le souligner dans son célèbre « Congo avenir » : « Congo nde mboka, mboka yango mokengeli nkoyi. (…) Congo ya makasi moto ya nkoyi » (le Congo est le pays gardé par le léopard. (…) Le Congo fort est représenté par la tête du léopard).

Le béret vert était celui des commandos. Il était flanqué d’une vignette portant la devise de cette unité d’élite : « Tokowa mpo ya ekolo » (nous mourrons pour la patrie). Ce slogan matérialisait en quelque sorte ce que montrait cette insigne : la tête d’un léopard rugissant avec au milieu une épée, le tout entouré par une sorte de défenses d’éléphants. Si le félin représentait la force, le glaive par contre symbolisait l’honneur et le courage. Ne devraient-ils pas faire preuve de bravoure et avoir le sens du sacrifice pour affronter les situations difficiles de leurs missions périlleuses ? Autrefois, le commando ne se séparait jamais de sa baïonnette. Cette épée en miniature était toujours placée dans un étui avec fermoir pour un transport sécurisé. En réalité, ce couteau robuste qui offre une grande résistance, était conçu pour répondre aux exigences des opérations militaires tactiques. Les bérets verts avaient également immortalisé une drôle de ceinture factice en corde ferme appelée cordelette. Cette unité était composée de solides gaillards au physique d’athlète qui faisaient la fierté de la Brigade Spéciale Présidentielle (BSP) née des cendres de la DITRAC puis plus tard celle de la Division Spéciale Présidentielle (DSP). La base d’entrainement des commandos était installée à Kota Koli.

Dans l’armée, les plus gradés étaient aussi les mieux lotis.  Le képi et la tenue d’apparat étaient uniquement réservés aux officiers supérieursIls les portaient surtout lors de grandes cérémonies et commémorations militaires ou lors des galas.

 

Le casque des gendarmes : Lorsque la police fut dissoute en 1972 à cause de ses incessantes bavures, Mobutu annonça publiquement lors d’un meeting au stade du 20 Mai son incorporation dans l’armée plus précisément dans la gendarmerie. Pendant la première République, le gendarme était appelé GD par la population. Autre temps, autre appellation. Avec son casque de couleur blanche qui rappelait celui de la police militaire ou Prévôté militaire, les fameux PM d’antan qui sans état d’âme  arrêtaient les militaires sortis des casernes sans permission, le gendarme s’est vu  attribuer une nouvelle dénomination : lizanda .

La casquette des gardiens de la paix : La garde civile, GACI en sigle était créée par l’Ordonnance-loi n⁰ 84/036 du 28 août 1984. Ce nom fut inspiré de la Garde Civile espagnole qui à l’époque fit parler de lui dans les médias. Entraînée d’abord par des  instructeurs Ouest-Allemands puis par les Egyptiens, les éléments de la GACI avaient suivi une formation spécialisée au camp CETA (Centre d’Entrainement des Troupes Aéroportées) pour les parachutistes et au Centre d’entrainement de Kota Koli pour les commandos. Ce corps militarisé mais non militaire qui relevait directement de la présidence de la République fut plus tard intégrée dans les FAZ. Les gardiens de la paix qui la composaient portaient une uniforme verte, une casquette de même couleur bardée d’une vignette et d’un insigne d’épaule. La GACI était d’abord dirigée par des Présidents Généraux civils notamment Antoine Bula Mandungu Niati, Godefroid Sampasa Kaweta Milombe et Désiré-Bonaventure Konde Vila Kikanda. En 1987, le poste de Président Général fut supprimé puis remplacé par celui de Commandant général militaire. Philémon Kpama Baramoto Kata, bombardé général de paix par Mobutu, prit le tête de la GACI.

Les autres unités des FAZ étaient la force aérienne (FAZA), la force navale, fluviale et lacustre ainsi que la 1re Brigade Blindée dont les troupes portaient une uniforme grise foncée. Les matelots se distinguaient aussi avec leur tenue différente des autres. A la place du béret, ils portaient un bonnet de marin.

A Kinshasa, le casernement des différents corps des FAZ respectait à la lettre la traditionnelle couleur des bérets. Chaque couleur avait sa propre caserne. Le camp Tshatshi était celui des bérets verts, le camp CETA  était pour les bérets rouges plus précisément les paras de la 31e Brigade Parachutiste. Les fantassins étaient cantonnés au camp Kokolo, les gendarmes, à l’instar des anciens policiers, étaient logés au camp Lufungula et la garde civile à Kibomango puis au C.I de Maluku. Les provinces abritaient aussi des camps militaires. La 41e Brigade Commando avec ses trois bataillons était casernée à Kisangani, la 2e Brigade d’Infanterie Léopard à Lubumbashi pour protéger les mines. La 1re Brigade Blindée couplée au corps de génie était basée à Mbanza Ngungu, La 13e Brigade d’Infanterie était également déployée au Katanga. Les conscrits ou nouvelles recrues suivaient leur formation militaire à la base de Kitona.

Samuel Malonga

 

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