Stades congolais: état des lieux

L’implantation des installations sportives au Congo se confond avec le nom de Père Raphaël de la Kéthulle de Ryhove. Quand il arrive en 1917à Léo, il a dans ses valises un sport encore inconnu des Congolais : le football. Le prêtre catholique l’introduit en 1919 puis fonde les structures favorables à son développement comme  l’équipe du Daring et l’Union sportive de Léopoldville. Le soccer se pratique alors dans des terrains vagues et est obligatoire dans écoles pendant les récréations. En  1936 est construit dans la capitale du Congo Belge un stade digne de ce nom. C’est le Vélodrome de Kintambo. Vu l’engouement des Congolais dans ce nouveau sport, beaucoup d’autres stades sont bâtis sur toute l’étendue du territoire. Il faut attendre plusieurs décennies après l’indépendance pour voir la construction d’un gigantesque stade moderne répondant aux normes de la FIFA. Une première avec écran géant, marquoir électronique, piste d’athlétisme puis plus tard pelouse synthétique. Devenu le nouveau temple du foot congolais, le stade des Martyrs abrite depuis  toutes les rencontres internationales importantes. En réalité ce stade n’est que l’arbre qui cache le désert. Car le parc des infrastructures sportives est constitué de vieilles bâtisses rongées par le temps dont la quasi totalité éparse dans les provinces date de l’époque coloniale. D’autres n’ont de stade que de nom. Ce sont en réalité de grandes enceintes clôturées avec espace réservé aux spectateurs et au milieu une aire de jeu souvent couverte d’une pelouse naturelle non entretenue. Si le terrain n’a pas de gazon, il est ou sablonneux ou granuleux ou bien couvert d’une couche de terre jaunâtre. Certains desdits stades sont dépourvus de tout : marquoir, sièges, gradins, électricité, projecteurs,  latrines, vestiaires, tribune. Dans la plupart des cas, les spectateurs en province suivent les rencontres debout faute  de sièges au moment où les footballeurs s’affrontent dans la poussière pendant 90 minutes. 

En haut de gauche  à droite, les stades Socol (Boma) et Tshikisha (Mbui-Mayi) ; en bas les stades Mobutu (Bumba) et Lumumba (Kisangani).

Au Congo, les grandes arènes sont concentrées dans les deux plus grandes villes du pays. Pourtant, il est curieux de constater des disparités frappantes. Une localité comme Kasangulu dispose d’un stade de 1.500 places alors que  Mbandaka, pourtant chef-lieu d’une province, ne possède qu’un stade minuscule d’une capacité de 1.500 places seulement. Dopées par leur puissance politico-économique, la capitale et la cité cuprifère possèdent à elles seules les meilleures équipes du pays, celles-là même qui ont marqué l’histoire du football tant national qu’africain. Ces villes concentrent à elles-mêmes les meilleurs joueurs, les meilleurs entraîneurs, les meilleurs encadreurs des jeunes et le plus grand nombre de licenciés. Depuis toujours, c’est surtout Kinshasa et Lubumbashi qui pourvoient les Léopards en internationaux. Le Congo ne dispose que de quatre stades qui  répondent aux exigences de la FIFA sur la quarantaine qui abrite les championnats locaux et celui de la Linafoot. Les stades des Martyrs de la Pentecôte, Tata Raphaël, Kibasa Maliba et T.P. Mazembe sont aussi les seuls équipés d’éclairage adéquat pour jouer en nocturne. Si sur le plan sportif, le pays peut être fier du palmarès de certaines équipes en compétitions africaines et internationales; sur le plan des infrastructures par contre, le bilan est globalement négatif. Il existe un seul centre de formation pour tout le Congo. Le TP Mazembe peut se vanter de posséder l’unique académie de football de la RDC. La Fécofa n’a aucune structure pour l’accès au professionnalisme, aucun plan d’action sur la préparation des jeunes pour la relève, aucun projet sur le devenir du football et du footballeur, aucune politique sportive adéquate pour le développement du soccer. Il n’existe aucun championnat pour les cadets de 6 à 12 ans. Les talents et stars de demain tout comme leurs aînés sont formés dans la rue, la seule vraie école du foot au Congo. Les organismes (fédération et ministère) censés gérer le sport-roi se distinguent à la fois par la prédation, l’amateurisme, l’improvisation, le désordre et un manque criant d’organisation. 

En haut de gauche  à droite, les stades de la Concorde (Bukavu) et des Jeunes (Kananga) ; en bas les stades des Volcans (Goma) et Sendwe (Kalemie) avec la clôture endommagée par la pluie.

En haut de gauche  à droite, les stades de la Concorde (Bukavu) et des Jeunes (Kananga) ; en bas les stades des Volcans (Goma) et Sendwe (Kalemie) avec la clôture endommagée par la pluie.

 

Les Léopards livrent depuis toujours tous leurs matchs dans la capitale. L’unique rencontre que l’équipe nationale ait joué en dehors de son fief kinois eut lieu  à Lubumbashi. Ce fut lors de la fermeture du mythique stade du 20 Mai dans les années 80. Ce derby de triste mémoire contre le Maroc s’est soldé par la défaite de nos fauves. Bien avant en 1974, l’ancienne province du Kivu  a eu le privilège d’accueillir nos internationaux. C’était non pas dans un terrain de foot mais au parc Virunga. Le Guide leur avait donné l’occasion de faire un peu de tourisme en visitant  ce magnifique site en récompense à leur qualification pour la Coupe du monde. C’est dire que les Congolais de l’intérieur n’ont jamais vu les Léopards à l’œuvre. Ils se contentent de suivre leurs exploits par médias interposés. Le  manque criant d’infrastructures adéquats  aggravé par l’état de délabrement avancé et la vétusté de la majorité des stades provinciaux a jusqu’ici empêché la RDC à organiser une phase finale de la Coupe d’Afrique des nations. Peut-être que celle de 2019 lui reviendra afin de bien célébrer le centenaire du football au Congo. Déjà, la réhabilitation et la construction de nouveaux stades sont prévues dans plusieurs provinces pour pallier à la carence. En attendant et en guise de test, la CAF vient de confier à notre pays l’organisation de la deuxième édition du Championnat d’Afrique des Espoirs (moins de 23 ans) en 2015.

Aperçu des stades congolais

Ville Stade Capacité Ouverture
 Kinshasa Vélodrome de Kintambo   7.000 1936
Stade Cardinal Malula 24.000 Juin 1937
Stade Tata Raphaël 50.000 01.07.1952
Stade des Martyrs de la Pentecôte 80.000 14.09.1994
Stade Shark   5.000
Lubumbashi Stade Frédéric Kibassa Maliba 35.000 1964
Stade T.P. Mazembe 18.500 12.07.2012
Stade de la Victoire 10.000
Bukavu Stade de la Concorde 10.000
Matadi Stade Lumumba   5.000
Stadium Damar
Kananga Stade des Jeunes 10.000
Kisangani Stade Lumumba 10.000
Stade Municipal   5.000
Goma Stade des Volcans   8.000
Mbuji-Mayi Stade de Tshikisha   8.000
Boma Stade Socol   2.000
Lukala Stade de la Lukala   5.000
Idiofa Stade Mayunga   5.000
Kikwit Stade du 30 Juin   5.000
Mbanza-Ngungu Stade Kitemoko 10.000        1984 ?
Stade de Nsona-Nkulu
Kindu Stade Patrice-Emery Lumumba   5.000
Mikishi Stade de Mikishi   4.000
Bandundu Stade du 6 Mai   2.000
Kolwezi Stade Diur   3.000
Mbandaka Stade Bakusu  1.500
Likasi Stade de Kikula   2.000
Butembo Stade Matokeo
Isiro Stade Nelson Mandela
Inkisi Stade Monseigneur Kimbondo
Tshikapa Stade Kanzala
Bumba Stade Mobutu       1977
Kasangulu Stade Diogas 5.000
Kalemie Stade Sendwe
Tshela Stade Kasa-Vubu
Muanda Stade Salongo
Kwilu-Ngongo Stade de la Sucrière
Gemena Stade Movoto

Au Congo, quatre clubs seulement disposent d’un stade privé : TP Mazembe, Shark XI FC avec des stades qui portent leurs noms, SC Cilu avec le stade de la Lukala et Saint Eloi Lupopo avec celui de la Victoire. 

Samuel Malonga

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