La vie, ce don de Dieu, passe si vite qu’il vaut mieux la croquer à pleines dents. Pour beaucoup de mélomanes, le nom de Papa Noël est inévitablement associé à celui de “Bon Samaritain” et “Tangawusi” – une double composition de ce guitariste de génie (solo et mi-solo) qui a fait les beaux jours du TP OK Jazz du Grand Maître Luambo Makiadi Franco. Nedule Papa Noël fut un des piliers de l’OK Jazz avec Dialungana Gerry, Gégé Mangaya (transfuge de Thu-Zahina et l’un des fondateurs de Zaiko Langa-Langa aux côtés de Nyoka Longo Jossart, l’esprit et l’âme de Zaïko Langa-Langa…), Dizzy Mandjeku (ex-Les Grands Maquisards et Afrisa l’International), le poète Lutumba Simaro, Makonko Kindundi Makosso (ex-Sosoliso) et Michelino Mavatiku (ex-Afrisa l’International de Tabu Ley Rochereau) pour ce qui concerne les guitares solos, mi-solos et accompagnement.
Ce type de musiciens lorsqu’ils ont une guitare entre les mains, il faut kaka omona lokola likolo ekiti. Sebene ya suka. Ba sonorités ya monde mosusu. Pour dire: ce genre des musiciens, quand ils ont la guitare en mains, c’est comme si le ciel nous tombait sur la tête, à cause de leur Doigts de fée. Elombe nganga te.
Papa Noël Nedule c’est plus de soixante ans d’une riche carrière consacrée à la rumba congolaise et à la charanga cubaine, sa principale source d’inspiration. Son sobriquet de Papa Noël lui vient du fait qu’il est né pendant la période des fêtes de fin d’année, soit le 25 décembre 1940 comme d’autres se font appeler Premier Janvier… Papa Noël Nedule grandit à Léopoldville, il devient à 16 ans guitariste professionnel, côtoyant les pères de la rumba. Dès le début des années 1960, il contribue à l’épanouissement des principaux “orchestres-écoles” sur les deux rives du fleuve Congo. D’abord au sein des Bantous de la Capitale à Brazzaville, puis dans l’African Jazz de Joseph Kabasele à Kinshasa, enfin, avec le Tout-Puissant OK Jazz de Franco. Il y collabore durant douze ans, jusqu’à la mort de son leader, en 1989. Celui que ses ainés appelaient affectueusement, le petit Django Reinhardt, a fait ses classes au Collège Sainte-Anne chez les Pères Catholiques où, chaque vendredi, il s’initie au solfège. En fait, il apprend l’art de la guitare seul avec pour idoles Ebengo Paul Dewayon et Wendo Kolosoy, dont la chanson Marie-Louise fut un immense succès dès sa parution en 1948.
Ensuite, bien sûr, la référence sera l’African Jazz, de Kabasele Joseph, dit Kalle Jeff, qui inaugure un style musical nouveau. Avec lui, la musique congolaise acquiert progressivement ses lettres de noblesse grâce au métissage de sa musique peinte aux couleurs cubaines et européennes. Sa musique était très élaborée. Kabasele enregistrait pour Opika, à l’instar du Centrafricain Jimmy, dont les mélodies envoûtantes de la guitare hawaïenne, finirent par convaincre Papa Noël. François Bosele (Écurie Ngoma) tout comme Léon Bukasa mais, surtout, Bill Alexandre, talentueux guitariste belge – qui a introduit au Congo la guitare électrique, l’amplificateur et le médiator – initieront Papa Noël et bien d’autres musiciens congolais à la guitare solo. La brillante carrière de ce virtuose de la guitare qu’est Papa Noël Nedule prit un tournant décisif, lorsqu’en 1957, il dut remplacer au pied levé Tino Baroza, en personne, de l’orchestre Rock-a-Mambo lors d’un concert. Le début d’une folle aventure.
Écoutons, si vous le voulez bien, “BON SAMARITAIN” puis “GALO NEGRO” pour apprécier tout le talent de Papa Noël Nedule. Je vous laisse juge… Salut l’artiste et merci pour tout.
Roger Nzau
Kinshasa, 11 novembre 2024
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