Les tenanciers de pharmacies non pharmaciens protestent contre la régulation pharmaceutique en RDC : un mémorandum déposé à l’Assemblée nationale

 

Les propriétaires de pharmacies qui ne détiennent pas de diplôme de pharmacien se sont mobilisés pour contester les nouvelles mesures mises en place par la Commission de Régulation des Pharmaciens (COREP). Ils se sont rassemblés au Palais du Peuple, où ils ont déposé un mémorandum à l’Assemblée nationale, demandant l’annulation de la décision n°0365/ACRP/CAB/DG/D12/TM/2024 du 22 mai 2024 et la révision de la loi n°91/018 du 30 mars 1997, qui encadre la profession pharmaceutique en République démocratique du Congo.

Les tenanciers de pharmacies non pharmaciens font face à des exigences renforcées de la COREP, qui imposent entre autres la présence obligatoire d’un pharmacien diplômé dans chaque officine ainsi qu’un pharmacien assistant. Cette mesure vise à garantir un niveau élevé de compétence dans la distribution des médicaments. Toutefois, les propriétaires des pharmacies non pharmaciens estiment que cette obligation est difficilement applicable dans le contexte actuel du pays.

Un manque de pharmaciens au niveau national

D’après les représentants des propriétaires, l’exigence de recruter un pharmacien dans chaque officine est irréaliste en raison du nombre insuffisant de pharmaciens diplômés en RDC. Selon eux, le pays ne compte actuellement que 1 166 pharmaciens pour desservir l’ensemble de la population, ce qui est loin de suffisant pour répondre aux besoins des pharmacies réparties dans tout le territoire.

« Avec seulement 1 166 pharmaciens, il est impossible de satisfaire les exigences de la COREP, surtout dans les zones rurales et certaines grandes villes comme Kinshasa, où la demande est très forte », explique un membre du collectif des propriétaires de pharmacies non pharmaciens.

Selon eux, cette mesure priverait la population d’accès à des services essentiels, risquant ainsi de mettre en danger leur santé, un acte qu’ils qualifient de “crime contre l’humanité”.

Des contraintes économiques difficiles à supporter

Outre la pénurie de pharmaciens, les propriétaires de pharmacies évoquent des contraintes économiques. Selon leurs dires, le budget des pharmacies privées ne dépasse souvent pas les 10 000 dollars, ce qui rend la conformité aux normes de la COREP, comme la taille minimale des officines, financièrement impossible. Ils demandent donc aux autorités de revoir ces exigences pour rendre le secteur plus accessible aux investisseurs privés et ainsi, maintenir l’accès aux médicaments pour la population.

Appel à un dialogue constructif avec les autorités

Les représentants des pharmacies privées demandent un moratoire et appellent à un dialogue avec les autorités de la santé pour adapter les lois existantes aux réalités locales, assurant ainsi un “encadrement dans l’intérêt général”. Ils soulignent que 97 % des pharmacies en RDC sont gérées par des privés, et que toute mesure visant à limiter leur activité risquerait d’aggraver les difficultés d’accès aux soins dans le pays.

Intensification des actions en cas de refus

Face à la lenteur administrative, les propriétaires de pharmacies ont averti qu’ils pourraient intensifier leurs actions de contestation dans les prochains jours si aucune réponse positive ne leur est apportée. Le bureau de l’Assemblée nationale, dirigé par le professeur Vital Kamerhe, est désormais sollicité pour examiner ce dossier sensible.

Cette contestation met en lumière les défis rencontrés par les pharmaciens et propriétaires de pharmacies en RDC face à une régulation jugée contraignante. Le débat reste ouvert entre la nécessité de garantir la qualité des services pharmaceutiques et la réalité du terrain, marquée par des ressources humaines et financières limitées.

Glad NGANGA

Soyez le premier à commenter

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*