Honoré Ezando alias Télévision

Son nom est quasiment inconnu de la nouvelle génération. Et pourtant , il a été un des meilleurs gardiens de but kinois. Après avoir ébloui le public du stade Tata Raphaël, Honoré Ezando a disparu comme fumée de la vie sportive congolaise. Dès ses débuts dans Air Congo, il se signale par son aptitude à défendre ses bois. De l’équipe de la société nationale de navigation aérienne congolaise, il est incorporé dans FC Mikado, appartenant à la Sabena. De là, il est transféré dans V. Club où il trouve les gardiens Permos et Balonga alias Bekao alias Bekons. Il impose sa marque et se hisse aux premiers rangs. C’est Ezando qui est dans les perches des vert-noir lors du classico V.Club – Daring de 1967 officié par le sulfureux Albert Lotoma.

1966, est effet une année charnière dans l’histoire du football congolais. Le 30 juin, à l’occasion du sixième anniversaire de l’indépendance, la Fécofa invite les Black Stars du Ghana, champions d’Afrique en titre. Ceux-ci donnent une leçons de foot aux Lions qui courent derrière un ballon insaisissable. Le Congo-Léo courbe l’échine à domicile devant le gotha politique congolais et surtout en présence de Mobutu. Agacé par cette humiliation, le président dissout les Lions. L’équipe nationale new-look prend le nom d’un félin futé : le léopard. Les Belgicains sont rappelés d’urgence au pays sur ordre du gouvernement. Dans le cadre de la restructuration qui s’annonce, les commandes de l’équipe nationale sont confiées au Hongrois Ferenc Csanadi. Comme tout bon Européen, il forme l’ossature du nouveau Onze national avec les joueurs venus du vieux continent, mieux aguerris et mieux formés. Dans  son équipe-type, il retient à peine quelques joueurs locaux qui sont tous Kinois. Les grands noms du football katangais manquent sur la liste. Ceux qui sont sélectionnés ne sont pas partants. Ils jouent les seconds rôles comme remplaçants. Dans l’équipe-type, il n’y a ni Kalala, ni Mukombo, ni Katumba, ni encore moins Tshimanga. Dans les perches, le choix du titulaire pour ce poste ne tombe pas sur Matumona ou Kazadi, mais sur Ezando, le gardien qui éblouit le public kinois. Son aisance dans les buts, ses interventions spectaculaires ont fini par taper dans l’œil de Csanadi qui le sélectionne aussitôt. La carrière internationale de celui que l’on a surnommé Télévision peut commencer.

L’équipe nationale ainsi constituée joue d’abord des matches de préparation pour affuter ses armes afin d’affronter avec sérénité les défis majeurs qui pointent à l’horizon. Si la CAN en Éthiopie doit faire oublier la mésaventure de celle de 1965 en Tunisie, l’affront subi contre les Ghanéens à domicile devrait aussi être lavé devant le même public. Lorsque la roue de l’histoire commence à tourner, Ezando commence peu à peu à se faire des soucis pour sa carrière internationale. Il n’est plus retenu dans l’équipe nationale malgré ses performances dans le championnat de Kinshasa. Privé de sélection, il suit en spectateur des rencontres capitales comme celle qui oppose les Léopards au Santos FC du roi Pelé le 2 juin 1967 au stade Tata Raphaël.

Avec les Léopards, l’international Ezando n’a joué que des matches amicaux. Il n’a participé à aucune compétition majeure ni aux éliminatoires de la CAN. Malgré sa brève carrière internationale, il a eu le mérite d’être retenu au début de l’aventure. Il est entré dans l’histoire du football congolais comme étant le tout premier gardien titulaire des Léopards. C’est lui qui a joué à cette position à la création de l’équipe nationale, devançant ainsi d’une longueur d’onde ses concurrents les plus en vue notamment Bernard Matumona et Robert Kazadi, Ces deux prétendants ont d’ailleurs pris leur revanche plus tard en prenant sa place.

Samuel Malonga

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