L’arrivée de Massad Boulos, envoyé spécial du président américain Donald Trump, a fait l’effet d’un coup de tonnerre à Kinshasa. Porté par un message clair, M. Boulos est venu défendre une proposition de partenariat inédit : en échange de ses minerais stratégiques, la République démocratique du Congo bénéficierait d’une protection sécuritaire américaine. Une équation qui séduit une large partie de l’opinion congolaise, convaincue qu’il s’agit d’un pari gagnant pour contrer les menaces sécuritaires croissantes dans l’Est du pays. Mais derrière cet enthousiasme, certains experts appellent à la vigilance « les minerais sont des richesses épuisables », rappellent-ils, et leur exploitation sans stratégie claire pourrait condamner les générations futures à un sol pollué et inexploitable.
Les minerais au cœur des négociations
Au-delà des enjeux militaires, c’est l’économie congolaise qui est au centre des discussions. Massad Boulos l’a affirmé sans détour.
« Vous avez entendu parler d’un accord sur les minéraux. Nous avons pris connaissance de la proposition de la RDC et avons convenu d’une voie à suivre pour son élaboration. » En clair, Washington souhaite revenir dans le jeu africain en s’implantant dans la gestion des ressources stratégiques congolaises, face à la domination croissante des puissances asiatiques, notamment la Chine. Pour Kinshasa, c’est une opportunité de diversification, mais aussi un test de souveraineté dans la négociation de contrats gagnant-gagnant.
Kisangani sous tension : la peur d’un nouveau front
Pendant que les négociations avancent dans la capitale, le cœur du Congo tremble. À Kisangani, troisième ville du pays la population vit dans l’angoisse d’une avancée rebelle. Après avoir pris Goma, Bukavu et Wali-Kale Centre, les troupes du M23 viseraient désormais la ville stratégique du nord-est. Si elles ont momentanément reculé, leur logique reste inchangée : occuper les territoires riches en minerais pour accroître leur pouvoir de négociation face au gouvernement congolais. Une stratégie qui alimente la peur d’un nouvel embrasement à Kisangani, où les souvenirs des conflits passés restent douloureux.
Un partenariat qui doit rimer avec développement
Face à ces enjeux croisés, une chose est certaine, la RDC ne peut se contenter d’un simple échange « minerais contre sécurité ». Ce deal, pour être juste et durable, doit inclure une vision de développement à long terme, incluant la dépollution, la valorisation des ressources locales, et un partage équitable des richesses. Plus qu’un contrat, c’est un choix de société qui se dessine : celui d’un Congo protégé, mais surtout maître de son destin.
Glad NGANGA