La localité stratégique de Kalembe, située à quelques kilomètres de Walikale, a été le théâtre de violents affrontements ce dimanche 20 octobre 2024. Dès 4h du matin, les troupes ennemies, une coalition formée par le RCD-CNDP-M23-RDF-UPDF-AFC, ont lancé une attaque surprise sur les positions des Wazalendo, des forces locales de résistance composées du NDC-Rénové et de l’APCLS.
Ces résistants, en manque de munitions depuis deux mois malgré leurs appels aux Forces Armées de la République Démocratique du Congo (FARDC), ont dû se replier dans les collines environnantes après des combats intenses. Kalembe, localité d’une importance stratégique majeure donnant accès à Lubero, Rutshuru et Tshopo, était sur le point de tomber aux mains de l’ennemi, menaçant ainsi la sécurité de plusieurs provinces dont le Sud-Kivu, la Tshopo et le Maniema.
Cependant, la riposte des FARDC ne s’est pas fait attendre. En fin de matinée, des renforts ont rejoint les Wazalendo sur le front. Après plusieurs heures de violents combats, les forces armées congolaises sont parvenues à déloger l’ennemi, reprenant ainsi le contrôle de Kalembe aux alentours de 17h. Selon des sources militaires, l’ennemi a laissé derrière lui une vingtaine de combattants neutralisés et 13 autres gravement blessés.
Un tournant décisif dans la guerre à l’Est
Cet affrontement marque un tournant crucial dans la guerre à l’Est. Kalembe, premier village à être atteint par les agresseurs dans le territoire de Walikale, représente un verrou stratégique pour l’avancée des forces ennemies vers d’autres régions du pays. La prise de cette localité aurait permis aux ennemis de progresser vers le Sud-Kivu, la Tshopo, et le Maniema, avec des conséquences potentiellement dévastatrices.
La situation sur le terrain reste cependant complexe. Certains craignent que l’abandon forcé des Wazalendo, faute de munitions et de soutien adéquat, puisse créer un climat de méfiance vis-à-vis du gouvernement de Kinshasa, qui semble accorder trop d’importance aux négociations du cessez-le-feu de Luanda. Les forces ennemies continuent de progresser dans d’autres territoires du Nord-Kivu, menaçant de couper l’accès à plusieurs localités clés.
Appel à l’action urgente du gouvernement
Dans un message alarmant, l’honorable député Willy Mishiki Buhini, élu de Walikale, a appelé à une action immédiate du gouvernement. Il exhorte l’Assemblée nationale à convoquer une plénière d’urgence sur cette situation sécuritaire et humanitaire critique. Il met également en garde contre la perte de confiance des résistants locaux, qui pourraient être tentés de s’allier à l’ennemi pour protéger leurs terres, ou de se retourner contre un gouvernement qu’ils jugent inactif face à la progression des envahisseurs.
“Si rien n’est fait pour exécuter nos recommandations, nous serons obligés de démissionner à l’Assemblée nationale. Notre présence dans cette institution ne se justifiera plus si le gouvernement continue de négliger cette menace”, a déclaré Mishiki, appelant à une mobilisation générale pour la protection du territoire national.
La guerre à l’Est de la RDC entre dans une phase critique, et la bataille de Kalembe pourrait bien en être un symbole fort. Si la localité est désormais sous contrôle du gouvernement, la menace reste bien réelle, et la population attend des actions concrètes pour sécuriser durablement la région.
Glad NGANGA