TUER LE TRIBALISME AVANT DE CONSTRUIRE LA NATION

La Rd-Congo est un État multiethnique, multiculturel et multilingue. Elle compte environ 250 ethnies, 350 tribus et 350 dialectes. Chacune de ces multiples entités socio-anthropologiques et sociopolitiques a son credo auquel elle tient. Dans ce contexte, cet État est donc très loin de constituer une nation au sens plein du terme.

Supprimer les ethnies?

Et alors, comment réaliserait-il son intégration sur tous les plans afin de se constituer en une nation dynamique? Devrait-il procéder, comme le souhaiterait un rêveur, à la suppression systématique de ses diverses ethnies et tribus
en vue de les couler dans un seul, unique et même moule duquel sortirait un nouveau type de citoyens débarrassés des sentiments rétrogrades de tribalisme, d’ethnocentrisme et de régionalisme?

En effet, mine de rien, les gens sont généralement plus attachés à leurs origines primaires qu’à une superstructure. Celui qui prétend être capable de renier, aujourd’hui, ses origines primaires en faveur de la construction d’une nation pourrait s’avérer, le lendemain, être soit un horrible hypocrite, soit un vulgaire menteur, soit un vilain traître. Et le pays ne pourrait jamais confier ses destinées à ce type de citoyens visiblement ou potentiellement imprévisibles.

« Tribu, tondimi, kasi tribalisme, toboyi« 

C’est justement ici où se pose le vrai problème. Dans le fond, les vrais citoyens ne devraient jamais considérer leurs propres origines, comme celles des autres, comme étant des clôtures infranchissables entre eux et les autres. Autrement dit, chaque citoyen devrait se refuser de se comporter en fanatique de sa propre tribu, c’est-à-dire en tribaliste; en fanatique de sa propre ethnie, c’est-à-dire en ethnocentrique; en fanatique de sa propre province, c’est-à-dire en régionaliste, etc.

Car, ce type de comportement social est susceptible d’amener celui qui en est imbu à discriminer, à exclure ou à rejeter les autres du seul fait de leurs origines différentes des siennes. C’est la raison pour laquelle feu Président Mobutu avait l’habitude de prévenir ses concitoyens, à juste titre, en ses termes:  » Tribu, tondimi, kasi tribalisme toboyi. Région, tondimi, kasi régionalisme toboyi. « 

Réalités socio-anthropologiques

En vue de l’intégration nationale et de la construction de la nation, l’effort que tous les citoyens des différentes origines tribales, ethniques et provinciales doivent faire consiste d’abord à s’accepter mutuellement. Secundo, il réside principalement, non pas dans la suppression des diverses tribus, ethnies et provinces que certains observateurs considèrent comme étant des obstacles infranchissables à l’intégration nationale et à la construction d’une nation, mais plutôt dans le changement positif du comportement social de l’immense majorité des citoyens en général et des politiciens en particulier. Supprimer les tribus, les ethnies et les provinces équivaudrait à décréter le génocide ethnique et culturel et la destruction méchante du pays.

En effet, les tribus, sans les tribalistes; les ethnies, sans les ethnocentriques; les provinces, sans les régionalistes, etc, ne sont pas en soi nuisibles au vivre ensemble, à l’intégration nationale et à
la construction d’une nation. S’il en était ainsi, Dieu ne les aurait pas instituées et les gouvernants se seraient passés des subdivisions administratives. Les tribus, les ethnies et les provinces constituent plutôt des réalités, des expressions et des couleurs socio-anthropologiques et sociopolitiques nécessaires à l’existence d’une communauté nationale.

En définitive, c’est le tribalisme et NON les tribus, l’ethnocentrisme et NON les ethnies, le régionalisme et NON les provinces, donc ces antivaleurs et NON les origines que les citoyens en général et les politiciens en particulier doivent irrémédiablement extirper de leur esprit, de leurs discours et de leurs actes et doivent tuer et ensevelir avant qu’elles ne déciment et n’enterrent le pays.

MUSENE SANTINI BE-LASAYON

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