1. Un milliard de dollars ne tombent pas du ciel
La Banque mondiale vient d’accorder un milliard de dollars à la RDC. Ce n’est ni un geste de compassion, ni un hasard comptable. C’est un acte politique. Un signal stratégique. Un pari sur un État qui redevient fréquentable.
Ce financement n’est pas un trophée. Il est le symptôme d’un basculement, amorcé silencieusement mais sûrement, dans les rouages de l’économie et de la gouvernance.
2. Une reconnaissance claire, malgré un héritage empoisonné
Ne travestissons pas la vérité : Tshisekedi a hérité d’un champ de ruines.
Une administration à genoux. Une armée infiltrée. Un Trésor public saigné par des mafias installées sous Kabila.
Et une image internationale laminée.
Mais contre toute attente, une trajectoire s’est redessinée :
• Digitalisation de la paie publique ;
• Meilleure traçabilité des flux miniers ;
• Refonte de la chaîne de dépense publique ;
• Réactivation de la diplomatie économique.
Résultat : pour la première fois depuis près de dix ans, la RDC décroche un financement multilatéral de cette ampleur.
Ce n’est pas un chèque en blanc. C’est une validation. Une preuve de crédibilité.
Inga 3 : l’énergie de la souveraineté minière
Ce milliard n’est pas un simple financement d’infrastructure : il est ciblé. Il est stratégique. Il est orienté vers Inga 3.
3. Pourquoi Inga 3 ?
Parce que le grand projet de valorisation des minerais stratégiques, au cœur du partenariat USA–RDC, a besoin d’énergie.
Sans électricité, pas de transformation locale. Pas de zones industrielles. Pas de souveraineté économique.
Et surtout, pas d’alternative crédible à la domination chinoise dans la chaîne mondiale de la transition énergétique.
Ce financement pour Inga 3 n’est donc pas un hasard.
Il s’inscrit dans une architecture globale, pensée de manière méthodique :
• Les États-Unis sécurisent l’accès aux minerais critiques ;
• La Banque mondiale dont Washington est le plus grand contributeur, finance l’énergie qui permettra de les transformer ;
• La RDC s’engage à garantir transparence, fiscalité moderne, et stabilité réglementaire.
C’est un deal, mais surtout une doctrine. Un basculement d’ère.
4. Ce que ce tournant permet concrètement
Ce moment est plus qu’une opportunité : c’est une convergence rare entre ressources, vision et alignement géopolitique.
Il devient désormais possible de :
• Financer des infrastructures stratégiques (barrages, routes minières, ports secs) ;
• Créer des zones industrielles adossées aux gisements ;
• Stabiliser le franc congolais par des réserves énergétiques pérennes ;
• Former une main-d’œuvre technique locale capable d’assurer la transformation minière ;
• Construire un État régulateur, capable de garantir sécurité juridique et fiscale.
Mais pour cela, il faudra sortir d’un logiciel ancien : celui de la prédation institutionnalisée.
Gouverner ne sera plus dépenser, mais transformer.
Gouverner, ce sera planifier. Exécuter. Évaluer. Et rendre des comptes.
5. Plus structurant que le contrat chinois
Le fameux « contrat du siècle » avec la Chine promettait des infrastructures contre des minerais.
Mais il n’a jamais transformé le Congo. Il l’a enfermé.
Pourquoi ? Parce qu’il a ignoré trois piliers essentiels :
• La transparence ;
• La création de chaînes de valeur locales ;
• La souveraineté énergétique.
Aujourd’hui, ce que propose le partenariat USA–RDC, en synergie avec la Banque mondiale, n’est pas une promesse vague. C’est une stratégie structurée.
Elle part du sous-sol, passe par l’énergie, et vise l’industrialisation.
Ce n’est pas un slogan. C’est une architecture.
6. L’heure de vérité pour notre gouvernance
Ce tournant ne pourra être consolidé que si la gouvernance suit.
Pas de transformation sans rigueur. Pas d’investissement sans stabilité. Pas de prospérité sans justice.
Il faut :
• Des technocrates compétents, pas des clientèles politiques ;
• Des institutions solides, pas des arrangements personnels ;
• Une opposition républicaine, capable de surveiller et d’alerter ;
• Une jeunesse encadrée, formée et intégrée à la transformation productive.
Conclusion : une stratégie est en marche — sachons la comprendre et la protéger
Ce milliard destiné à Inga 3, ce deal minier avec Washington, cette réouverture des financements multilatéraux : ce ne sont pas des coïncidences.
C’est la matérialisation d’un changement stratégique, à la croisée de la géopolitique et de la transformation nationale.
Pour la première fois depuis des décennies, le Congo n’est plus simplement regardé comme une victime de ses ressources. Il commence à être vu comme un acteur stratégique, central dans la transition énergétique mondiale.
À nous de ne pas gâcher ce moment.
Car cette fenêtre ne s’ouvrira qu’une fois.
Jean-Marie Kabemba
Député honoraire
Président du LRC
(Les Républicains Chrétiens)
0818442828