Transition énergétique | Nouvel essor, nouvel enjeu

 

Avec sa politique de transition énergétique ambitieuse et ses investissements massifs dans le domaine des énergies renouvelables, la Tunisie est sur la bonne voie pour devenir indépendante des importations d’énergie. Pour toutes les composantes de l’énergie renouvelable, éolienne, solaire thermique et solaire photovoltaïque, la Tunisie a consenti un effort considérable d’investissement, affirmant ainsi sa volonté de maîtriser la consommation de l’énergie primaire à partir des ressources renouvelables.

En se référant à l’évolution du poids des énergies renouvelables (ER) dans la production de l’électricité, on constate que la production de l’énergie électrique à partir des ER ne représente, en 2014, que 3,2% de la production totale d’électricité, contre 0,9% en 2000. En 2012, la part des ER dans le mix électrique tunisien n’est que de 1,8%.

La Tunisie a fait de grands progrès dans le domaine des énergies renouvelables et envisage d’atteindre une production de l’électricité, à partir des énergies renouvelables passant de 12%, en 2020, à 22% en 2022 et 30% à l’horizon 2030, conformément à la stratégie nationale.

Le pays s’est engagé depuis plus d’une décennie à réaliser sa transition énergétique et à développer une économie sans émissions de dioxyde de carbone, rappelant que les projets de production d’électricité à partir des énergies renouvelables ont été soumis, depuis 2017, au système de permis et concessions. En effet, deux appels d’offres ont été lancés pour la réalisation de projets d’une capacité de 264 mégawatts (MW), dans le cadre du système des permis, et pour la mise en place de 1.000 MW, dont 500 MW d’énergie solaire photovoltaïque et 500 MW d’énergie éolienne.

Il est à noter qu’une stratégie a été mise en place pour le mix énergétique à cause du creusement du déficit énergétique, passant de 0,6 million de tonnes en 2010, à 4,2 millions de tonnes en 2016, soit plus de 45% des besoins en énergie primaire. Cette stratégie vise la réduction de la densité énergétique de 3%, au cours de la période 2016-2030, qui permettra une économie d’énergie de 30% et une production de l’électricité à partir des énergies renouvelables de 30% à l’horizon 2030.

D’après les estimations de l’Agence nationale pour la maîtrise de l’énergie, le taux de contribution de l’énergie renouvelable dans la production d’électricité dépasserait l’objectif de 30%, tel que fixé à l’horizon de 2030.

Cette contribution oscille actuellement entre 3 et 4%, par rapport à un objectif de 12% fixé pour l’année 2020.

La réalisation, d’ici 2030, d’un taux qui dépasse les 30% est expliquée par le nombre et l’importance des projets prévus au plan national, tels que le projet ProSol, qui est actuellement lié au réseau électrique et a permis d’assurer 150 mégawatts. ProSol vise le raccordement de 700.000 familles à l’énergie solaire, en plus du projet ProSol social, qui vise le raccordement de 1.000.000 de familles appartenant à des catégories précaires.

Changement de paradigme

De plus et depuis le début du XXsiècle, la Tunisie connaît une croissance continue de la demande en énergie, une croissance liée notamment au processus d’industrialisation en développement, à l’essor de l’économie nationale et à l’augmentation du niveau de vie de la population. Parallèlement, un nouvel enjeu est venu s’ajouter à la liste: le dérèglement climatique, dont l’impact peut être déplorable si nous n’agissons pas, dans un pays où l’eau joue un rôle central et où la dépendance énergétique demeure encore très forte.

Aujourd’hui, désireuse de se positionner comme leader en Afrique et dans le monde en matière de lutte contre le changement climatique, la Tunisie tente activement de changer la donne, en ambitionnant d’être depuis une dizaine d’années à l’avant-garde de la transition énergétique, notamment à travers sa stratégie énergétique volontariste et ambitieuse.

Ainsi, les avancées réalisées dans la transition énergétique tunisienne sont l’aboutissement d’une grande volonté politique, d’une stratégie énergétique claire, de projets attractifs, de réformes visant l’ouverture du marché des énergies renouvelables au privé et la mise en place de modèles de partenariat pertinents. La Tunisie accorde également une importance particulière à toutes les solutions énergétiques, notamment les nouvelles filières des énergies renouvelables, qui permettront de diversifier son mix énergétique.

Projets d’envergure

Récemment, le gouvernement a signé des contrats de réalisation de cinq projets pour produire 500 mégawatts à partir des énergies renouvelables. Ces projets entrent dans le cadre du programme national de production de l’électricité à partir des énergies renouvelables faisant partie du plan de transition énergétique.

La première tranche de ce projet vise à produire 500 mégawatts d’électricité photovoltaïque dans cinq gouvernorats, à savoir : Tataouine (200 mégawatts), Tozeur (50 mégawatts), Sidi Bouzid (50 mégawatts), Kairouan (100 mégawatts) et Gafsa (100 mégawatts). Des investissements conséquents d’une valeur de 1.200 millions de dinars ont été mobilisés pour la réalisation de ces projets et par là même permettre la création d’environ 2.200 postes d’emploi directs et indirects.

De tels projets contribueront à réduire l’importation du gaz naturel de 6% et d’économiser environ 130 millions de dinars.

D’un autre côté, la Banque mondiale a exprimé récemment sa prédisposition à investir dans le secteur des énergies renouvelables en Tunisie et à fournir un appui technique aux établissements exerçant dans ce secteur.

Le responsable de la Banque mondiale a souligné que l’institution financière est également prête à apporter un appui à la Société tunisienne du gaz et de l’électricité (Steg) afin d’améliorer sa productivité et de développer son réseau national de raccordement électrique.

Un autre projet non moins important initié par la Représentation régionale opérationnelle du commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives pour les pays de l’Afrique et du Moyen-Orient (CEA-RRO) sera réalisé au gouvernorat de Tozeur. Il s’agit d’un projet énergétique multiterme, premier en son genre en Afrique, qui consiste en la production de l’électricité à partir de l’énergie solaire thermique. Il consiste en l’implantation d’une installation d’hybridation technologique qui permettra à la fois la génération d’électricité, la production de la chaleur, le stockage, la transformation de la chaleur en froid positif (climatisation) et froid négatif (de la glace) ainsi que la valorisation de l’eau à l’usine de dessalement de Tozeur.

Le succès de ce projet pionnier sera un catalyseur pour d’autres futurs investisseurs dans le domaine des énergies alternatives et la production de l’eau, d’autant plus que la Tunisie est un pays qui jouit de toutes les capacités humaines et naturelles pour devenir un leader dans le domaine des énergies renouvelables et renforcer ainsi son indépendance énergétique.

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