Tom Dan: Israël investit 500 Milliards de dollars dans l’Intelligence Artificielle pour le secteur public

Tom Dan: Israël investit 500 Milliards de dollars dans l'Intelligence Artificielle pour le secteur public
Tom Dan, Directeur général adjoint au ministère israélien de l’Innovation, de la Science et de la Technologie

En quelques années, Israël est devenu un hub de la technologie qui sert divers domaines dans le pays, autant le secteur privé que le public. L’intelligence artificielle (IA), par conséquent, a pris une place prépondérante dans les plans futurs du pays qui travaille à implémenter stratégie nationale sur l’intelligence artificielle qui doit servir entre autres les domaines de l’agriculture et la lutte contre le changement climatique. Explications avec Tom Dan, Directeur général adjoint au ministère israélien de l’Innovation, de la Science et de la Technologie. 

Hespress FR a interrogé Tom Dan, qui est aussi membre du conseil d’administration de l’Autorité israélienne de l’innovation (l’IIA) dans le cadre de ses travaux, notamment des efforts consentis pour la lutte contre le changement climatique et une agriculture durable. Il dirige actuellement le programme du gouvernement israélien pour la mise en place d’une stratégie nationale sur l’intelligence artificielle, y compris la réglementation, l’éthique et la mise en œuvre de l’IA dans le travail du gouvernement.

Il travaille également à faire progresser le capital humain dans le secteur technologique israélien et à atteindre l’objectif du gouvernement d’augmenter la participation de la main-d’œuvre dans le secteur technologique à 15 % de la main-d’œuvre totale.

Hespress FR. Comment l’intelligence artificielle peut-elle améliorer le travail ou l’efficacité des institutions ?

Tom Dan: L’intelligence artificielle a le pouvoir d’aider le ministère de la santé à améliorer le travail des médecins : des algorithmes peuvent comprendre les images IRM et aider les radiologues à identifier plus facilement les tumeurs. Cela peut aider le système de protection sociale surchargé à comprendre quel enfant a besoin d’un travailleur social et peut être en danger.

Cela peut aider aussi le ministère des Finances à déterminer qui se soustrait à l’impôt, et le ministère de l’agriculture à identifier les cultures qui vont échouer en raison du changement climatique au cours des 30 prochaines années et aider les agriculteurs à s’adapter. Ces exemples sont réels et ont déjà été mis en œuvre ou le seront dans les années à venir.

Vous dirigez les travaux de votre gouvernement pour mettre en œuvre une stratégie nationale sur l’intelligence artificielle. Quels sont les principaux objectifs de cette stratégie ? Et pourquoi est-il important de commencer à se pencher sur ce type de nouvelles technologies à l’échelle nationale ?

Lorsque nous en sommes arrivés là, nous avons examiné plusieurs normes internationales d’IA qui plaçaient Israël au sommet de la R&D en IA, des startups en IA, des connaissances en IA (9e au monde dans le classement Vibrancy de Stanford, 5e au monde dans le classement de Tortoise), mais en même temps nous étions classés bas en ce qui concerne la stratégie gouvernementale, l’infrastructure et la réglementation. Et c’est ce que le programme se propose de faire.

Il se compose de 6 piliers, à travers la mise en œuvre gouvernementale, un plan de 500 milliards de dollars pour mettre en œuvre des outils d’IA dans le travail quotidien du secteur public afin d’améliorer le service aux citoyens israéliens.

La recherche, le capital humain et l’infrastructure dont le but est de promouvoir une meilleure infrastructure liée à l’IA comme par exemple mettre en place un supercalculateur/HPC, augmenter le nombre de docteurs universitaires dans le domaine et mettre en place des subventions pour la recherche sur l’IA dans le milieu universitaire.

Il y a un objectif de régulation: Nous avons déjà publié le projet de règlement sur l’IA d’Israël. Le document adopte les principes de l’IA de l’OCDE avec des ajustements au contexte israélien, refuse de mettre en place une loi globale sur l’IA comme c’est le cas dans l’UE en optant plutôt pour la promotion de chaque régulateur (dans les transports, la santé, l’éducation, etc. ) pour réglementer leurs besoins spécifiques, et met en place un centre gouvernemental pour soutenir ces régulateurs.

La collaboration internationale est également un pilier car cela permettra de jouer un rôle actif dans l’élaboration des réglementations mondiales sur l’IA par exemple par le biais de l’OCDE, du GPAI, de l’UE et du Conseil de l’Europe, et mettre en place des dizaines d’accords et de collaborations bilatéraux sur l’IA, notamment avec les États-Unis et Singapour, la France, le Royaume-Uni et, espérons-le, aussi le Maroc !

Pour le pilier relatif à l’industrie, l’objectif est de poursuivre les plans de promotion de l’industrie des technologies de l’IA et des startups. Et enfin, en matière de gouvernance des données, il s’agit de s’assurer que les bases de données pouvant être mises à disposition à des fins d’IA.

Israël devient une plaque tournante de l’innovation et de la technologie, mais quelle est la place du climat dans cet écosystème ?

Nous « devons » travailler très dur pour créer les outils incroyables que nos capacités d’innovation et technologiques créent afin d’aider à lutter contre le changement climatique et de faire notre part. Pas par bonté de cœur, mais parce que nous, et beaucoup d’autres, souffrirons gravement si nous le faisons pas !

L’intelligence artificielle ou la technologie dans un plus large spectre peut contribuer à implémenter et développer l’agriculture durable. Y a-t-il des projets lancés en Israël dans ce domaine ?

Oui! L’agriculture est l’un des principaux domaines pilotes que nous ciblons dans ce programme national d’IA. J’ai mentionné l’identification des cultures, mais il y a plus de projets en la matière.

Le ministère, dans un travail incroyable dirigé par son scientifique en chef Michal Levy, travaille également dans le nord d’Israël pour mettre les données agricoles à la disposition des algorithmes d’IA afin que les agriculteurs puissent avoir une meilleure compréhension des conditions météorologiques, des maladies des cultures, des ravageurs, etc.

Comment pensez-vous que la technologie climatique peut relever les défis qui arrivent? Quelles sont les principales préoccupations dans ce domaine pour votre pays ?

La technologie climatique devra faire des heures supplémentaires pour relever les défis du futur, mais je suis convaincu que ce sera le cas.

Il y avait un célèbre économiste britannique du 18e siècle nommé Thomas Malthus qui a examiné la quantité de cultures agricoles au Royaume-Uni, la croissance rapide du nombre de personnes et a fait le calcul. Il est arrivé à la conclusion alarmante que la population du Royaume-Uni grandit t qu’il n’y aura pas assez de nourriture pour tout le monde et des gens mourront. Cela s’est avéré être 100% faux pour le Royaume-Uni, et la raison en était qu’il avait oublié l’immense pouvoir de la technologie.

Les nouvelles techniques agricoles, les tracteurs et les machines à vapeur, la production de masse et bien d’autres innovations ont contribué à multiplier l’approvisionnement alimentaire et à subvenir à tous les besoins de la population croissante. De même avec le changement climatique, les perspectives sont très sombres, mais je suis convaincu qu’avec des universités, des startups, des entreprises technologiques et de R&D solides, nous trouverons des moyens d’atténuer ses effets.

Hespress

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