La réunion des ministres de défenses de la Communauté des États d’Afrique Centrale (CEAC), tenu à Malabo en Guinée Équatoriale, a été marqué par une vive opposition entre la délégation de la République Démocratique du Congo (RDC) et celle du Rwanda. Le vice-ministre congolais de La Défense, Sami Adubango Awotsho, a catégoriquement refusé de signer un protocole d’accord, dénonçant l’inaction de la communauté internationale face aux massacres perpétrés contre les populations congolaises.
Un refus ferme face à l’impunité
À l’origine de cette décision radicale, le refus du président de la sous-commission de la CEAC de reconnaître que plus de 2 000 Congolais ont été tués dans l’Est du pays, victimes des attaques du M23 et de l’Alliance pour la Force Atlantique (AFC), soutenus militairement par le Rwanda.
Sami Adubango a dénoncé un crime de masse et a révélé un bilan dramatique :
• 163 femmes violées,
• Des enfants emprisonnés,
• Des familles entières anéanties par la violence des assaillants.
Face aux délégués présents, le vice-ministre a lancé un avertissement en des termes sans équivoque :
« Au moment où je vous parle, 18 camions rwandais transportant des militaires sont en train d’entrer dans mon pays, le Congo, pour continuer leurs massacres et semer la désolation. »
Un geste symbolique fort : pas de photo avec le Rwanda
Au-delà du refus de signer les accords, Sami Adubango a refusé de poser sur la photo de famille aux côtés du représentant rwandais. « Comment puis-je prendre une photo de famille avec ceux qui tuent mon peuple ? Cela ne se fait pas ! », a-t-il déclaré, ajoutant que la RDC ne peut en aucun cas se prêter à une mascarade diplomatique qui légitimerait le Rwanda.
Une dénonciation du soutien occidental au Rwanda
Le vice-ministre a également fustigé l’Occident, accusé de complicité tacite avec Kigali :
« Il ne faut pas que le blanc se moque de nous ! Les Occidentaux reprennent aveuglément le discours du Rwanda, prétendant qu’il vient combattre les FDLR ou protéger une soi-disant minorité tutsi. Cette rhétorique ne passera plus ! »
Selon lui, le Rwanda utilise ce prétexte pour justifier son intervention militaire illégale en RDC, alors que la réalité est tout autre.
Un appel à la reconnaissance des crimes rwandais
Face à cette crise diplomatique, un seul geste a trouvé grâce aux yeux de la délégation congolaise : l’acceptation par le président de la sous-commission de la CEAC d’observer une minute de silence en hommage aux victimes congolaises. Mais pour Kinshasa, ce geste ne suffit pas :
« Tant que la communauté internationale ne reconnaîtra pas officiellement que le Rwanda tue des Congolais et arme le M23 et l’AFC, aucun accord ne sera signé. »
Vers une escalade des tensions ?
Ce refus de la RDC risque d’ouvrir une nouvelle phase de tensions diplomatiques dans la région des Grands Lacs. Kinshasa envoie un message clair : la paix ne peut se bâtir sur le déni et l’impunité.
La balle est désormais dans le camp de la communauté internationale. Acceptera-t-elle enfin de reconnaître la réalité du terrain, ou continuera-t-elle à fermer les yeux sur les crimes commis contre les populations congolaises ?
Cette réunion des ministres des défenses de la CEAC était organisée en prélude au sommet des Chefs d’Etats prévu en Tanzanie.
Glad NGANGA