Face à une crise foncière qui déstabilise les communautés rurales du Kongo Central, le député Atou Matubuana Nkuluki a tiré la sonnette d’alarme. Dans une motion incendiaire adressée à l’Assemblée provinciale, il dénonce un “fléau social” qui menace les terres ancestrales et appelle à une enquête parlementaire urgente.
Les villages de Ndembo Nord et Kilawu, jadis symboles d’un patrimoine sacré transmis de génération en génération, se retrouvent au cœur d’un scandale foncier. Des centaines d’hectares de terres, appartenant aux communautés locales, auraient été vendus illégalement à des individus non identifiés. Selon Atou Matubuana, ces transactions douteuses s’effectuent souvent avec la complicité de certaines autorités locales. “C’est une situation grave, abominable et inacceptable qui appauvrit nos populations et détruit notre identité collective”, a-t-il martelé lundi lors de son intervention.
La terre, un héritage sacré menacé
Pour les populations du Kongo Central, la terre n’est pas qu’un bien matériel : c’est une source de vie et un symbole d’appartenance. “Ces abus privent nos concitoyens de leur dignité et de leurs droits fondamentaux. Perdre la terre, c’est perdre son histoire, ses ancêtres et son futur”, a souligné l’ancien gouverneur de la province.
Le député a évoqué des cas concrets pour illustrer l’ampleur de cette crise. À Ndembo Nord, par exemple, 230 hectares auraient été cédés, laissant des familles entières sans ressources ni abris. À cela s’ajoutent des tensions sociales croissantes et un sentiment d’insécurité généralisé dans les villages.
Un appel à l’action immédiate
Face à cette situation, Atou Matubuana a appelé l’Assemblée provinciale à agir sans délai. Il propose la mise en place d’une commission spéciale d’enquête parlementaire pour :
• Identifier les auteurs des transactions frauduleuses.
• Établir un état des lieux des terres spoliées.
• Mettre en place des mesures pour prévenir de futurs abus.
“Nous devons garantir que les terres ancestrales restent entre les mains de leurs véritables propriétaires. Sinon, nous trahissons non seulement nos électeurs, mais aussi notre devoir envers l’histoire et l’avenir de notre province”, a-t-il affirmé avec force.
Une crise qui dépasse les villages
Cette crise foncière, bien que localisée, menace de fragiliser l’ensemble de la province. Les conflits fonciers, souvent ignorés ou minimisés, risquent de dégénérer en troubles sociaux majeurs si aucune solution n’est trouvée rapidement.
Pour Atou Matubuana, il ne s’agit pas seulement de dénoncer, mais d’agir. “Nous sommes à un tournant critique. Laisser cette situation perdurer, c’est permettre à nos populations de devenir des étrangers sur leur propre sol”, a-t-il prévenu, citant un proverbe Kongo : « Perdre la terre, c’est perdre la mère. Où irons-nous ? »
Un test pour les élus provinciaux
La balle est désormais dans le camp de l’Assemblée provinciale. Les élus doivent démontrer leur engagement envers les populations qu’ils représentent. Matubuana, à travers ce cri d’alarme, leur rappelle l’urgence d’une réponse concrète.
Si aucune mesure n’est prise, cette crise pourrait marquer un point de non-retour, compromettant non seulement les droits des communautés, mais aussi la paix sociale dans le Kongo Central. À l’heure où la province cherche à préserver son identité face aux défis modernes, la défense des terres ancestrales devient un combat incontournable, un devoir moral.
Glad NGANGA