Séjour de Tshisekedi à Kananga : La tête du Gouv’ Kambulu mise à prix à cause de sa « main libre » face à Muyaya

Joseph Moïse Kambulu, Gouverneur du Kasaï Central, est l’objet d’une fatwa numérique visant son discrédit et, au final, sa déchéance de ses fonctions. Son péché : avoir déclaré et reconnu ouvertement, au cours d’une émission télé avec le Ministre de la communication et médias en direct de Kananga, la quasi inexistence des appuis du Gouvernement central aux efforts de développement de sa province.

Dans une brève passe d’armes sur place à Kananga avec Patrick Muyaya, Ministre officiant le programme de briefing de presse sur la RTNC, en effet, le Gouv’ n’a pas voulu se laisser dédire ce que lui renseigne la réalité de sa province dont il arpente les rues chaque jour, preuve qu’il la connaît mieux que les diseurs des vérités venu(e)s de Kinshasa. Ancien journaliste passé à la politique, Kambulu affirme mordicus qu’au Kasaï central, « tout est prioritaire et dans tous les secteurs ».

La « main libre » de tous les malheurs

« Non, Monsieur le ministre, c’est moi qui dirige et c’est à moi de répondre », proteste le Gouv’ aux côtés de Muyaya en réaction au tableau des réalisations dans sa province que celui-ci tente de dépeindre à l’intention du parterre des journalistes médusés de ce spectacle. Et de déclamer : « C’est à moi que vous avez posé la question, c’est à moi de répondre et je dis que je ne sais pas faire de priorité, car tout est prioritaire. La population l’a dit au Président, nous avons besoin de la route Kananga-Kalamba-Mbuji, nous avons besoin d’électricité, d’eau, de voiries urbains ».

Sans désemparer, il cogne encore : « Nous n’avons pas de voirie parce que nous avons deux offices qui n’existent que de nom et je m’assume » Et droit dans ses bottes, il révèle : « l’Office des routes qui ne dispose de rien et qui ne fait rien, de même l’ OVD qui n’a rien et qui ne fait rien ».

Puis cette signature sous une salve d’applaudissements de la brochette des journalistes, ses confrères d’hier, triés sur le volet en raison de leur pertinence professionnelle : « C’est ça le tableau macabre de la province du Kasaï Central. Je suis gêné, suis peiné pour me tenir debout. Je ne sais même pas ouvrir le débat. Nous sommes une province totalement abandonnée ».

Lèse-majesté contre vérité, la conscience balance
Que lui vaudrait alors, au Gouv’ Kambulu, la mise à prix de sa tête par cette implacable armée numérique qui s’est mise en branle ? D’aucuns avancent que l’ancien journaliste se serait rendu coupable d’un crime de lèse-majesté de par son franc parler direct sur un plateau télé. Une grande première, c’est vrai, dans l’histoire de la démocratie des flagorneurs dominants sur cette rive-ci du fleuve Congo.

Pour le reste, les observateurs, y compris les inconditionnels de la fatshisphère, reconnaissent, dans cette passe d’armes médiatiques inédite, le fait de la culture kasaïenne du franc parler, surtout dans cette partie -ci du bastion de la tshisekedie reconnue comme le « quartier latin » de l’Udps.

Il reste vrai aussi que le séjour centre-kasaïen du Président Tshisekedi a été rythmé par cette rengaine populaire sur le grand retard dans la réalisation des projets d’infrastructures dans cette province. Plusieurs semaines avant l’arrivée du chef de l’État, en effet, les réseaux sociaux s’étaient enflammés d’images montrant le spectacle des érosions béantes, des routes défoncées, des colonnes d’enfants, surtout les filles, à la recherche d’eau potable, etc., dans la ville de Kananga, sans oublier cette vidéo d’un train en rade poussé par des militaires.

Certaines langues avancent même que le mauvais temps du premier rendez-vous manqué du chef de l’État sur Kananga aurait été un message des ancêtres pour exprimer leur désapprobation du traitement que leur fils réserve à leur terre centre-kasaïenne.

Félix Tshisekedi assailli par les doléances des centre-kasaïens

Un mémorandum parlementaire, réel celui-là, évoquait déjà les préoccupations des centre-kasaïens avant l’arrivée de Tshisekedi.
Qu’à cela ne tienne, il est vrai que de son arrivée à son départ, Félix Tshisekedi s’est laissé dire bien de choses par cette population chaude de Kananga, et cela aussi bien dans ses différentes processions pédestres que lors de son meeting où il était entrecoupé et par différents interlocuteurs qu’il a reçus.

Bien avant cela, un groupe de députés nationaux et sénateurs avaient exprimé le besoin de rencontrer le chef de l’État à Kananga pour lui faire part des mêmes doléances exprimées en direct et en « main libre » par l’impudent Gouverneur.

C’est le cas du très dynamique député national Papy Kanku Kabamba, élu UNC de Kananga qui avait adressé au chef de l’État un mémo (voir ci-dessous) dans lequel il demandait une audience des élus directs et indirects du Kasaï central pour lui exposer les problèmes de leur province.

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