La République démocratique du Congo pleure l’une de ses voix emblématiques. Gemimah Mambasa Mogwo, journaliste chevronnée de la Radio Télévision Nationale Congolaise (RTNC), a succombé à ses blessures le dimanche 24 novembre 2024, après avoir été violemment agressée par des bandits à la sortie de son service. Ce décès tragique, survenu dans des circonstances évitables, plonge l’univers médiatique congolais dans la consternation et soulève des questions graves sur la gestion interne de la chaîne nationale.
Une négligence systémique pointée du doigt
Le drame aurait pu être évité, mais la succession d’erreurs et de négligences institutionnelles a scellé le sort de Gemimah. Ce soir-là, le bus de service, censé ramener les journalistes travaillant tard, était en panne sèche. Sans autre moyen de transport sécurisé, la journaliste a quitté la RTNC sur une moto qui est tombé en embuscade tendues par ses agresseurs près du camp Colonel Kokolo. Sauvagement battue, elle a été admise en soins intensifs à l’hôpital du Cinquantenaire, mais les soins cruciaux nécessitaient une somme de 2 500 dollars, une dépense que la RTNC n’a pu couvrir à temps.
Quelques jours avant sa mort, la directrice générale de la RTNC, Sylvie Elenge, n’a pu rassembler qu’une somme de 500 dollars pour tenter de régler la facture. Un geste dérisoire face à l’urgence vitale. Entre manque de moyens et dysfonctionnements internes, l’indignation gronde : comment une institution nationale de cette envergure peut-elle être si désorganisée au point de perdre l’une de ses figures en raison d’un manque de moyens de base ?
Patrick Muyaya hausse le ton
Face à cette situation scandaleuse, le ministre de la Communication et des Médias, Patrick Muyaya, a réagi avec fermeté. Une demande d’explication a été adressée à la directrice générale de la RTNC, Sylvie Elenge. L’objectif, justifier les multiples failles dans l’organisation de la chaîne, depuis l’absence de transport pour les employés jusqu’à l’incapacité de mobiliser les fonds nécessaires pour sauver Gemimah Mambasa.
Le ministre, souvent perçu comme un défenseur de la presse congolaise, ne compte pas en rester là. Selon des sources proches du dossier, une enquête pourrait être ouverte pour déterminer les responsabilités et, potentiellement, sanctionner les fautes graves qui ont conduit à ce dénouement tragique.
L’appel à un sursaut institutionnel
Le décès de Gemimah Mambasa résonne comme un cri d’alarme sur l’état déplorable des conditions de travail dans les médias publics en RDC. Au-delà du drame individuel, cette perte symbolise l’urgence de réformer en profondeur des institutions qui peinent à protéger leurs employés.
Des voix s’élèvent déjà au sein de la corporation journalistique pour exiger des mesures concrètes. « Gemimah n’est pas morte parce qu’elle a été agressée, mais parce que le système l’a abandonnée », déclare un journaliste sous couvert d’anonymat.
La tragédie de Gemimah Mambasa appelle à une réflexion nationale sur le rôle et les responsabilités des institutions publiques envers leurs employés. Alors que la RTNC est au cœur de la tempête, l’heure est à la vérité, aux réformes et, surtout, à la justice pour Gemimah.
La Rédaction
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