Les journaux congolais sont unanimes ce vendredi 6 juin : la rencontre entre le président Félix-Antoine Tshisekedi et son opposant historique Martin Fayulu, jeudi au Palais de la Nation, fait l’effet d’un séisme politique. Une image forte, un signal rare, et surtout un moment que beaucoup n’osaient plus espérer dans un pays en proie à une crise sécuritaire sans précédent.
Un dialogue inattendu mais salué
À l’initiative du Chef de l’État, cette rencontre s’inscrit dans un contexte alarmant à l’Est du pays, où les affrontements entre les FARDC et la coalition rebelle AFC/M23 prennent une ampleur inquiétante. Eco News rapporte que cet entretien d’environ deux heures a porté sur les menaces qui pèsent sur l’intégrité territoriale de la RDC. Le média salue une démarche de “responsabilité politique” dans une période critique.
Pour ACP (Agence Congolaise de Presse), les mots du président Tshisekedi à l’endroit de Fayulu ont été clairs et empreints de respect : « Je suis content de vous voir et nous allons échanger à cœur ouvert. » Une déclaration qui rompt avec des années d’animosité politique.
Un tournant dans la vie politique congolaise
Le journal Le Potentiel voit dans ce tête-à-tête un tournant historique. “L’image d’un chef de l’État recevant son plus farouche opposant résonne comme un symbole fort, un signal d’unité dans un contexte de péril national”, écrit le quotidien.
Même son de cloche du côté de La Tempête des Tropiques, qui souligne le “patriotisme” salué par le président envers son hôte, dans un climat sécuritaire de plus en plus précaire.
La patrie avant les postes ?
À l’issue de la rencontre, Actu30.cd rapporte que Martin Fayulu a proposé la mise en place d’un « camp de la patrie », une plateforme de mobilisation nationale. Actualite.cd ajoute que le leader de l’ECIDé a plaidé pour un “dialogue social” impliquant les confessions religieuses, notamment la Conférence Épiscopale Nationale du Congo (CENCO) et l’Église du Christ au Congo (ECC), à l’origine d’un projet de pacte social. Le président a, selon le média, exprimé sa volonté d’y répondre favorablement.
Pour 7sur7.cd, Fayulu a affirmé que la priorité n’était pas le pouvoir, mais la sauvegarde du territoire. Cependant, Congo Nouveau évoque une rumeur qui enfle : celle d’un Fayulu futur Premier ministre. Une hypothèse que l’opposant ne confirme pas, préférant parler de souveraineté et d’intérêt général.
L’appel au sursaut national
Africa News insiste : l’objectif de cette rencontre n’était pas un partage de pouvoir, mais bien “la défense de l’intérêt supérieur de la nation”. Fayulu, selon leurs analyses, aurait franchi un pas décisif en laissant derrière lui les rancœurs de la présidentielle contestée de 2018.
Le journal Le Potentiel va plus loin, estimant que cette main tendue n’est pas une manœuvre politicienne, mais une réponse sincère à l’appel des Églises en faveur d’un “dialogue salvateur”. Une lecture partagée par Forum des As, qui écrit : « Hier adversaires irréconciliables, aujourd’hui peut-être partenaires de circonstance… Le Congo n’a plus le luxe de leurs rancunes. »
Un signal fort, dans un climat tendu
Comme le rappelle Mediacongo.net, cette initiative intervient dans un climat de guerre larvée à l’Est, où l’avenir du pays semble suspendu à la volonté de ses dirigeants de s’unir. Le média souligne que Fayulu a été reçu trois jours seulement après son message sollicitant la rencontre, preuve de la réactivité du président Tshisekedi face à l’urgence.
Dans la suite de Martin Fayulu, Africa News note la présence de trois figures clés : Devos Kitoko, Prince Epenge et Lexxus Legal un trio symbolique, entre politique, stratégie et culture.