Deux sujets ont retenu l’attention des journaux parus ce mercredi 2 avril à Kinshasa : le décès tragique d’un policier de la circulation impliquant la garde de la Première ministre et la poursuite des consultations politiques en vue de la formation du prochain gouvernement.
Mort du policier Fiston Kabeya : la garde de la Première ministre mise en cause
L’affaire du décès du policier de la circulation, Fiston Kabeya, suscite de vives réactions et fait la une de plusieurs journaux ce matin. Congo Nouveau titre sans détour : « Le décès du policier Kabeya éclabousse la Première ministre », en évoquant une implication présumée de sa garde rapprochée dans cet incident qui a choqué l’opinion publique.
Selon ce trihebdomadaire, le ministre d’État en charge de la Justice, Constant Mutamba, a réagi fermement en donnant “injonction à l’Auditeur supérieur de la Gombe d’appréhender, d’engager des poursuites en flagrance contre les auteurs de ces actes barbares”, selon un communiqué officiel. Il insiste pour que “les responsables subissent la rigueur de la loi”. Congo Nouveau rapporte que l’incident a eu lieu le mardi 25 mars dernier sur l’avenue Mondjiba, lorsque l’escorte de la Première ministre Judith Suminwa Tuluka a emprunté une voie en sens inverse. Fiston Kabeya, policier commis à la circulation routière (PCR) dans la commune de Ngaliema, aurait alors lancé aux policiers de l’escorte : « Allez à l’Est, arrêtez de perturber les gens ici ».
Ces propos auraient-ils conduit à son décès ? Le journal s’interroge : « Non, estiment plusieurs observateurs qui fustigent l’excès de zèle dans le chef des policiers commis à la sécurité de la Première ministre ».
Toutefois, Forum des AS donne une version légèrement différente des faits en situant l’incident sur l’avenue de l’ex-24 novembre. Ce quotidien indique, sur la base de témoignages recoupés, que Fiston Kabeya aurait eu un échange tendu avec des policiers affectés à la garde de la Première ministre après avoir tenté de réguler la circulation face à un cortège roulant à contre-sens en pleine heure de pointe. Après le passage du cortège, une escorte serait revenue quelques minutes plus tard pour s’en prendre physiquement au policier, qui aurait été violemment battu. Grièvement blessé, il aurait été conduit au parquet avant de succomber à ses blessures quelques jours plus tard.
De son côté, EcoNews adopte une approche plus prudente et laisse entendre que la Première ministre pourrait être victime d’un complot visant à la fragiliser politiquement. Le journal souligne que cet incident intervient alors que la RDC prépare un gouvernement d’union nationale et que des tensions politiques se font sentir. « Judith Suminwa Tuluka, Première ministre aux réformes audacieuses, est accusée à tort dans l’affaire du décès d’un policier de la PCR », affirme le tabloïd, qui évoque un plan orchestré pour affaiblir son autorité.
Le journal mentionne également la circulation d’une vidéo virale accusant un membre de l’Unité de Protection des Institutions et Hautes Personnalités (UPI-HP) d’avoir torturé le policier. Mais Econews nuance ces accusations en rappelant que la Première ministre « n’était ni sur les lieux, ni informée des faits », selon des sources institutionnelles
Consultations nationales : tractations en coulisses pour le futur gouvernement
Parallèlement à cette affaire, les consultations nationales se poursuivent à Kinshasa, dans un climat marqué par des discussions stratégiques en vue de la formation du prochain gouvernement. Forum des AS souligne que « les consultations se déroulent sans désemparer » et indique que, ce mercredi 2 avril, le Conseiller spécial du Président Félix Tshisekedi, Kolongele Eberande Cachemire, reçoit le sénateur Salomon Idi Kalonda Della.
Le journal ajoute que, selon une source proche du Palais de la Nation, Félix Tshisekedi est prêt à rencontrer officiellement les représentants de la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) et de l’Église du Christ au Congo (ECC). Le Quotidien rapporte à ce sujet les déclarations du révérend Moïse Gbema, directeur de cabinet d’André Bokundoa, président de l’ECC, qui a affirmé que les chefs religieux devraient soumettre au Président les conclusions de leurs échanges avec des opposants politiques, des groupes armés opérant à Goma (Nord-Kivu) ainsi que plusieurs chefs d’État africains et européens.
De son côté, EcoNews s’intéresse au type de gouvernement qui émergera de ces consultations. Dans son édition du jour, le journal titre : « “Il faut un gouvernement d’ouverture, pas d’union nationale” : Constant Mutamba plaide pour le maintien de Judith Suminwa ». Il rapporte que le président de la Dynamique progressiste et révolutionnaire de l’opposition (DYPRO), et actuel ministre de la Justice, Constant Mutamba, s’est exprimé sur la nécessité d’un gouvernement d’ouverture plutôt que d’un gouvernement d’union nationale.
D’après EcoNews, Mutamba a plaidé, lors de son entretien du mardi 1er avril avec Eberande Kolongele, pour un gouvernement fondé sur « la compétence et le patriotisme, plutôt qu’un simple partage des postes ». Cette position semble conforter l’idée d’un maintien de Judith Suminwa à la Primature, malgré la polémique qui l’entoure actuellement.
Entre tensions politiques et quête de vérité, une actualité sous haute pression
Entre l’affaire du décès du policier Fiston Kabeya et les tractations en vue de la formation du prochain gouvernement, l’actualité congolaise tient en haleine l’opinion publique qui, attend désormais que la justice fasse la lumière sur les circonstances exactes du drame impliquant la garde de la Première ministre, tandis que les consultations nationales se poursuivent dans un climat d’incertitude. Les prochains jours seront décisifs pour l’avenir politique du pays.
Glad NGANGA