Ouvrons ce tour de l’actualité par la rencontre entre le président Félix-Antoine Tshisekedi et la délégation conjointe CENCO-ECC, tenue samedi 21 juin à la Cité de l’Union africaine, continue de susciter de vives réactions dans la presse congolaise. Après trois mois de consultations internes et internationales, les leaders religieux ont enfin pu remettre, en main propre, le fruit de leur démarche au chef de l’État.
Selon Forum des As, il s’agissait d’une restitution « en toute primeur » du rapport des consultations, menées aussi bien en RDC qu’à l’étranger, dans le but d’identifier des pistes concrètes pour une sortie de crise à l’Est. Une initiative saluée comme un acte de responsabilité citoyenne par les observateurs.
Eco News parle d’un « tournant majeur dans la médiation religieuse », même si cette dynamique reste fragilisée par « les critiques ouvertes du vice-Premier ministre Jean-Pierre Bemba », peu favorable à l’ingérence des Églises dans les affaires de souveraineté nationale.
Pour sa part, Congo Nouveau souligne que le Président Tshisekedi n’a pas rejeté la proposition mais l’a plutôt renvoyée à une équipe technique chargée de poursuivre les discussions avec la CENCO et l’ECC en vue d’une éventuelle concrétisation.
Un peu plus loin dans l’analyse, Info 27 y voit un calcul politique maîtrisé : « En décidant la création d’un cadre de travail commun, Tshisekedi n’endosse pas l’ensemble du projet porté par les Églises. Il en canalise les intentions, les confronte aux réalités du terrain, et les inscrit dans une stratégie globale qui allie écoute et autorité. » Et de conclure : « Plus personne ne pourra, demain, prétendre n’avoir pas été entendu pour justifier sa participation à l’effondrement de l’État. »
Le Quotidien y lit une victoire morale pour Lamuka, qui réclamait depuis plusieurs semaines que le Président daigne recevoir les prélats. Une revendication désormais satisfaite, même si le contenu du rapport reste confidentiel.
Mais cette ouverture n’est pas sans zones d’ombre. Africa News tempère l’enthousiasme ambiant en soulignant que le délai de trois mois avant l’audience présidentielle pourrait révéler des résistances internes, voire des tensions au sein de la majorité présidentielle. Des voix s’élèveraient contre ce processus jugé parallèle ou concurrent au schéma gouvernemental officiel.
Enfin, Le Potentiel revient sur l’ampleur diplomatique de la démarche religieuse : depuis février, la délégation s’est rendue dans plusieurs capitales africaines, européennes et américaines, dans une quasi-diplomatie informelle visant à trouver une réponse multilatérale à l’occupation de l’Est de la RDC par les troupes rwandaises appuyées par le groupe M23/AFC.
Entre diplomatie religieuse et calcul politique, Félix Tshisekedi ouvre une brèche sans s’y engouffrer complètement. Il écoute, sans adhérer pleinement. En canalisant l’initiative des Églises, il garde la main. Reste à savoir si cette alliance inédite entre l’Église et l’État produira des résultats tangibles… ou si elle ne sera qu’un épisode de plus dans le feuilleton sans fin du chaos congolais.
Glad NGANGA