C’est une page qui se tourne, et une autre, résolument tournée vers l’avenir, qui s’ouvre pour l’enseignement supérieur en République démocratique du Congo. Après 27 années d’attente, d’espoir, de projets avortés et de réformes inabouties, le Ministère de l’Enseignement Supérieur et Universitaire (ESU) a signé, ce mardi 13 mai, un nouveau cadre organique. Un événement qualifié d’historique, tant par son impact structurel que par l’élan de renouveau qu’il suscite.
Sous les dorures feutrées de la salle de conférence du ministère, c’est un sentiment de fierté mêlé d’émotion qui s’est emparé de l’assistance. « Ce jour marque une véritable renaissance pour l’ESU », a déclaré la ministre Marie-Thérèse SOMBO, visiblement émue, au moment de parapher l’arrêté ministériel. Pour elle, il ne s’agit pas simplement d’une réforme administrative, mais d’un changement de paradigme. « Nous posons aujourd’hui les bases d’un ESU plus fort, plus inclusif et mieux préparé à répondre aux défis du 21e siècle », a-t-elle martelé.
Une réforme à visage humain et territorial
Au cœur de cette transformation : la décentralisation réelle de l’administration. Le nouveau cadre organique prévoit la création de divisions provinciales et de représentations dans les 145 territoires de la RDC. Une première dans l’histoire du secteur, qui permettra d’approcher les besoins locaux avec une précision inédite. Plus besoin de monter à Kinshasa pour faire valoir une revendication ou obtenir un document : l’ESU descend désormais dans les territoires, au plus près des étudiants, des enseignants et des gestionnaires.
L’université au bout du réseau
Autre avancée majeure : l’intégration formelle de l’enseignement à distance dans la stratégie nationale. Portée par les leçons tirées de la pandémie et les réalités géographiques du pays, cette mesure vise à étendre l’accès au savoir même dans les coins les plus reculés. « L’université doit aller vers l’étudiant, peu importe sa localisation », a insisté la ministre SOMBO. Une ambition qui redonne de l’espoir à des milliers de jeunes congolais jusque-là privés de formation supérieure faute de moyens ou d’infrastructures.
Une vision présidentielle traduite en actes
Cette réforme s’inscrit dans la droite ligne de la vision du Chef de l’État, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, qui a érigé l’éducation en pilier du développement national. Le Vice-Premier Ministre et Ministre de la Fonction publique, Jean-Pierre Lihau, l’a souligné avec force : « Cette réforme redonne à l’ESU son statut stratégique. Elle est une réponse structurelle aux attentes des agents et un socle pour la promotion de la méritocratie ». Il a salué le courage politique de la ministre SOMBO et son engagement à inscrire son action dans la durée et l’efficacité.
Une réforme attendue… et applaudie
Du côté des universités, la réaction a été immédiate. Syndicats, recteurs, doyens, chefs de travaux : tous saluent un geste fort et une avancée sans précédent. « Ce cadre organique va changer la manière dont nous gérons nos institutions. Il crée de la clarté, de la stabilité, et surtout, de la responsabilité », a confié un recteur d’université, présent à la cérémonie. Toutefois, les acteurs du secteur restent vigilants. « Il ne suffit pas de signer un texte. Il faut l’appliquer, et bien », prévient un syndicaliste enseignant.
Une réforme, et maintenant ?
Les prochaines semaines seront cruciales. Une présentation officielle du nouveau cadre organique sera organisée à l’intention de toutes les institutions d’enseignement supérieur du pays. Objectif : garantir une appropriation harmonieuse et lancer la mise en œuvre progressive des nouvelles structures.
Après 27 ans d’attente, l’ESU amorce enfin sa mue. Une réforme portée par une vision, traduite par des actes, et portée par une ministre déterminée. L’histoire retiendra que c’est en mai 2025 que l’enseignement supérieur congolais a choisi d’entrer pleinement dans le XXIe siècle.
Glad NGANGA