Retrait de certains blocs pétroliers des appels d’offres : « la demande des États-Unis ne peut être prise en compte qu’à la suite d’une contrepartie équivalente » (Patrick Muyaya)

Patrick Muyaya

Patrick Muyaya, ministre de la communication et des médias. Ph. Droits tiers

PAR DESKECO – 11 OCT 2022 10:47, DANS ACTUALITÉS

Le ministre de communication et médias Patrick Muyaya a répondu à la demande de Washington qui appelle la République Démocratique du Congo de renoncer à la mise aux enchères de blocs pétroliers situés dans des zones sensibles.

Pour le porte-parole du gouvernement congolais cette demande ne peut être prise en compte qu’à la suite d’une contrepartie équivalente car le pays s’est engagé à répondre aux besoins de la population. Une tâche qui nécessite des moyens colossaux. Il a, par ailleurs, précisé qu’un comité de travail Congolo-américain a été mis en place pour statuer sur ce sujet. 

« Il ne faut pas rester sur cette posture qui exige au Congo de retirer six blocs. Il a été convié au termes de l’arrivée du Secrétaire d’Etat américain que nous allons mettre en place un comité de travail entre les gouvernements de la RDC et américain pour statuer sur ce sujet. Si le gouvernement américain nous dit que nous voulons que vous retirez ces six blocs en nous offrant une contrepartie équivalente, tant mieux. Ils doivent nous rassurer ceux dont nous avons besoin pour répondre aux besoins de nos populations. Toutes ces questions doivent être évoquées dans ce cadre », a déclaré Patrick Muyaya. 

Et de poursuivre : 

« Dans le vocable Pays-solution, autant nous devons être une solution pour le monde, nous devons également l’être pour nous-mêmes. Si de par la technologie, on a trouvé qu’il est possible d’exploiter le pétrole dans le parc sans entacher l’écosystème, pourquoi on ne le ferait pas ? »

L’envoyé spécial américain John Kerry a déclaré lors de son passage à Kinshasa, en marge d’une réunion sur le climat, que Washington avait demandé à la République démocratique du Congo (RDC) de renoncer à la mise aux enchères de blocs pétroliers situés dans des zones sensibles.

Le gouvernement congolais a lancé fin juillet des appels d’offre pour 30 blocs pétroliers et gaziers, s’attirant les critiques d’organisations de défense de l’environnement. Celles-ci font valoir que l’exploitation pétrolière dans les forêts et tourbières du Bassin du Congo risquait de libérer de grandes quantités de carbone.

Les Etats-Unis ont demandé à Kinshasa d’en retirer certains « pour protéger la forêt », a indiqué John Kerry lors d’un point de presse. 

L’ancien secrétaire d’Etat américain a estimé qu’il était possible de créer des emplois et du développement économique sans mettre en danger des zones sensibles du point de vue de l’environnement telles que les tourbières.

Quelque 30 milliards de tonnes de carbone sont stockées dans l’ensemble du Bassin du Congo, l’équivalent de trois ans d’émissions globales, selon une étude scientifique publiée en 2016.

Le gouvernement congolais a assuré que des normes environnementales strictes seraient appliquées pour l’exploitation pétrolière dans un pays qui, souligne-t-il, a besoin des revenus du pétrole pour lutter contre la pauvreté de la population.

Les trois quarts des plus de 90 millions d’habitants de RDC vivent sous le seuil de pauvreté, bien que le sous-sol du pays regorge de minerais tels que l’or, le cuivre ou le cobalt.

DeskEco

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