Rencontre de Nairobi : Félix Tshisekedi va t-il marquer son ultime penalty ?

Le monde entier a le regard tourné vers le Quatar où s’est ouverte la coupe du monde 2022. La République démocratique du Congo est absente dans cette prestigieuse compétition internationale sans être absente de l’actualité internationale. La situation de guerre lui imposée depuis 30 ans est entrain de prendre un autre tournant. Peut être cette fois ci, ce pays meurtri pourrait retrouver un semblant de paix. C’est son capitaine, Félix Tshisekedi, qui porte cette charge. Il est prévu des discussions avec les rebelles du M23 soutenus par le Rwanda et l’Ouganda sans compter d’autres pays comme l’Érythrée, le Soudan et autres.

Devant cette responsabilité de marquer un but libérateur ou pas, certains conseillers sont à la manœuvre comme le président Kenyan William Ruto, celui là même qui avait traité les congolais de tous les maux d’Israël avant de se rebiffer. Il est arrivé tard dans la nuit du dimanche à Kinshasa, afin de convaincre le Chef de l’état Félix Tshisekedi de prendre part aux assises de Nairobi prévu ce lundi.

Cependant, du côté des supporters congolais qui attendent impatiemment ce but libérateur, il n’est pas question de prendre langue avec les adversaires, car la tactique de jeu proposée par le bloc de l’est avait déjà conduit toute l’équipe à la défaite plusieurs fois.

C’est ce que pense cet autre supporteur qui propose ce qui suit au brassard n°10, Félix Tshisekedi.

RDC : VERS QUEL SCÉNARIO DE SON AVENIR ?

En suivant attentivement le ballet diplomatique qui se déroule au Palais de la Nation à Kinshasa, une seule question me taraude l’esprit : où va exactement la Rd Congo depuis que l’option militaire annoncée tambour battant par le président congolais bat de l’aile. Pour y répondre, il faut envisager ces trois scénarios suivants.

SCÉNARIO n*1 : la forte pression internationale et l’obligation pour le gouvernement congolais de négocier en position de faiblesse.

Tout analyste de la guerre au Congo connaît le sens caché des trêves qui interviennent toutes les fois que les FARDC ont le vent en poupe sur l’ennemi. L’agitation des dirigeants de ce monde depuis que les congolais se sont décidés d’en découdre une fois pour toutes avec l’adversaire fait réfléchir.

Si les officiels congolais cèdent à cette pression internationale, ils auront donné du temps au camp adverse de se réorganiser pour mieux affaiblir les positions militaires congolaises. “Talk and fight” ( dialoguer pour ensuite continuer la guerre) a toujours été le mode opératoire de l’ennemi en face de nous et le dialogue de Nairobi annoncé déjà par des organisations régionales et soutenu par des institutions internationales s’inscrit justement dans ce schéma.

SCÉNARIO n* 2 : Jouer discrètement à la prolongation de la crise sécuritaire en fonction du scrutin présidentiel de 2023.

En suivant le discours va-t’en-guerre et les échos qui nous parviennent du front avec des avions qui tombent en panne dès la première semaine des combats; avec les militaires qui se plaignent de manquer le minimum des rations alimentaires ou encore ces récentes déclarations du ministre des affaires étrangères se plaignant des matériels militaires achetés et bloqués dans un aéroport étranger, on croit comprendre que le gouvernement congolais envoie des messages sibyllins à l’opinion congolaise pour accepter l’inacceptable, à savoir la résignation à abandonner la voie des armes en vue de rentrer à la table de négociations.

A bien voir les choses, le gouvernement pourrait aussi bien trouver son compte dans cette énième marche à reculons de l’armée nationale qui équivaut à l’enlisement sécuritaire à l’Est du pays.

Cette guerre militaire qui se prolonge peut devenir un sésame politique au profit de Félix Tshisekedi soit pour empêcher l’Est congolais (majoritairement acquis au potentiel candidat Dénis Mukwege qui n’est pas membre de son Union sacrée) de participer aux élections de 2023 soit encore pour annuler carrément au niveau national, le scrutin présidentiel que le régime actuel n’est pas très sûr de remporter en 2023 prochain.

SCÉNARIO n* 3 : Faire beaucoup de bruit à l’Est pour attaquer à l’Ouest.

Dans cette campagne militaire entre deux armées ou plutôt entre l’armée congolaise contre ine coalition des armées sous le label Rwanda, la vérité est que le Rwanda qui sait quand et où s’engager fait en sorte que les dirigeants congolais ignorent complètement où et quand ils doivent se défendre. Kigali ruse et sème son adversaire. Et Kinshasa devenu depuis quelques temps comme une cité assiégée croit faussement connaître la direction de l’offensive adverse mais au fond, il n’est plus critique sur la véritable nature des menaces qu’il reçoit de son adversaire.

Pourtant beaucoup de signaux sont évidents : ces nombreuses informations sensibles qui démontrent de quelle manière la capitale kinoise est « encerclée » par les forces spéciales rwandaises, notamment les éleveurs déguisés et ces miliciens allogènes infiltrés dans le prétendu conflit teke-yaka dans le grand Bandundu; puis ces mystérieux acquéreurs des hectares de terre dans le Kongo Central jusqu’aux confins de Kinshasa et la cinquième colonne rwandaise postée dans le Congo Brazzaville voisin. Autant de signes avant-coureurs pour appliquer le sixième stratagème chinois sur le déroulement de la guerre en RDC et pour pouvoir enfin comprendre que le Rwanda et ses puissances commanditaires ne pensent pas prendre Goma comme leur point de chute. Absolument Non!

Dans le contexte géopolitique actuel de la guerre en Ukraine où beaucoup de pays africains sont en train de s’affranchir de la tutelle occidentale pour basculer dans l’orbite sino-russe et dans ce même contexte géopolitique où le régime de Kinshasa a commencé à flirter publiquement avec Moscou, il y a fort à parier que les puissances atlantistes qui ont d’ailleurs invité Paul Kagame hier à la rencontre de G20 en Indonésie, aient pu avoir levé l’option de porter la guerre jusqu’au cœur du pouvoir en RDC pour imposer de nouveaux acteurs politiques plus soumis au jeu des impérialistes. Dans ces conditions, ils sont en train de mettre le cap non sur Goma mais bien plus loin sur Kinshasa.

La guerre autour de Goma est juste une ruse militaire. L’armée congolaise qui est en train d’envoyer tous ses renforts et réservistes à l’Est risque d’être prise au piège par le réveil des cellules dormantes postées dans et autour de la capitale congolaise.

Il faille prendre cette hypothèse très au sérieux tant est si vrai que les ressortissants congolais résidant dans les villes angolaises frontalières avec la RDC ont donné depuis début cette semaine l’alarme sur la présence des colonnes des militaires rwandais lourdement armés à Malanje en Angola en destination vers la cité des Tembo en RDC.

Dans ce contexte précis, la médiation offerte par le président angolais peut se révéler comme un cadeau empoisonné. Le leader angolais ( allié stratégique des États-Unis qui sont à leur tour parrains directs du Rwanda) pourra bien concéder une partie de son territoire pour servir de base-arrière d’où peuvent être lancés des chars et infanterie pour le dernier coup fatal.

Une attaque par surprise à l’Ouest congolais n’est donc plus à écarter. Dans ces conditions, une quelconque chute de la capitale congolaise entre les mains de l’ennemi pourra équivaloir à un début soit de la soumission officielle du Congo soit encore de la conflagration du Congo en plusieurs petits états à la solde des puissances qui ont financé la guerre. Une espèce de remake du schéma d’une Ukraine envahie et morcelée appliqué cette fois-ci sur l’ex grand Zaïre.

Avant que ce funeste plan ne se réalise, je m’en tiens à la sagesse militaire de Sun Tzu : « Connaissez l’ennemi et connaissez-vous vous-même : en cent batailles, vous ne courrez jamais aucun danger (…) Si vous êtes à la fois ignorants de l’ennemi et de vous-même, vous êtes sûrs de vous trouver en péril pour chaque bataille. »
Un congolais averti en vaut mille!!! Abbé Germain Nzinga – Italie.

Ainsi dit, les congolais gardent leur mal en patience et n’attendent que le but libérateur. Béton marquera ou ne marquera pas ? Wait and see !

Sam Nzita

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *