La magie de Noël semble avoir déserté les rues de Kinshasa cette année. Les grandes places autrefois illuminées de guirlandes scintillantes et de sapins majestueux sont plongées dans une atmosphère morose, comme si la capitale portait le poids d’une année difficile.
Sur le boulevard du 30 Juin, seuls quelques rares édifices, comme le siège de l’ONATRA et la Caisse sociale d’épargne, s’accrochent encore à l’esprit des fêtes en arborant des décorations timides. Mais dans les quartiers populaires, le tableau est tout autre : flaques d’eau, déchets plastiques et routes détériorées dominent le paysage.
Une ville à bout de souffle
Les récentes inondations ont accentué ce sentiment de désolation. Les caniveaux débordent, les marchés sont envahis par la boue, et les habitants peinent à retrouver la joie caractéristique de cette période. “C’est triste. Noël, c’était aussi les lumières dans les rues, cette ambiance qui faisait rêver”, confie Madeleine, une habitante de Gombe.
Pour certains, cette sobriété est compréhensible. “On ne peut pas penser aux guirlandes alors qu’on a des quartiers inondés et des familles en détresse. La priorité, c’est de gérer les urgences”, souligne Pierre, chauffeur de taxi.
D’autres pointent du doigt des problèmes financiers. “Avec la crise économique, les fonds pour décorer la ville ont peut-être été redirigés ailleurs”, avance un commerçant du marché de Matete.
Transport : une autre épine dans le pied des Kinois
À cette morosité s’ajoute une crise des transports. Depuis quelques jours, les habitants subissent une flambée des prix des trajets en commun. Des trajets habituellement facturés 1 000 francs congolais, comme celui entre Ngaba et Victoire, coûtent désormais le double.
“C’est un vrai calvaire. Déjà que les fins de mois sont difficiles, comment peut-on encore faire face à ces hausses ?” s’indigne Marie, vendeuse au marché Victoire. Dans les quartiers périphériques comme Ngaliema, la situation est encore plus critique : il faut débourser jusqu’à 2 500 FC pour rejoindre le centre-ville.
Les Kinois dénoncent un manque de régulation et l’absence de solutions alternatives. “On est abandonnés. Il n’y a presque pas de transports publics et les taxis profitent de la situation”, regrette Jean-Pierre, enseignant à Ozone.
Noël dans les cœurs, malgré tout
Face à ces défis, beaucoup choisissent de célébrer en privé, loin des grandes manifestations festives. “Noël, c’est avant tout une affaire de famille et de foi. Même sans lumières dans la ville, on peut se rassembler et se soutenir”, relativise Claudine, mère de trois enfants.
Alors que Kinshasa traverse un Noël sobre et marqué par les difficultés, une question demeure : la capitale retrouver a-t-elle un jour l’éclat qui faisait d’elle une ville de lumière et de fête ? Les habitants, eux, gardent l’espoir que des jours meilleurs viendront illuminer à nouveau leur quotidien.
Glad NGANGA