Rapports de forces et origine de la déclaration de principes
Tout commence par la compréhension des rapports de forces sur le théâtre d’opérations :
▪︎ RDC – Rwanda
▪︎ Rwanda – USA
▪︎ RDC – USA
À ce niveau, la RDC n’a pas réussi militairement à reprendre Goma et Bukavu. Si la situation était restée figée, l’occupation rwandaise de ces deux villes aurait perduré.
Face à l’influence majeure des États-Unis sur le Rwanda, la RDC ne pouvait espérer inverser la tendance que par la voie diplomatique bilatérale avec Washington.
Cependant, bien qu’étant une superpuissance reconnue, les États-Unis ont opté pour une approche diplomatique nuancée plutôt que coercitive envers le Rwanda.
Conséquence : en signant la Déclaration de principes, Kigali reconnaît implicitement son agression contre la RDC.
Du rapport de forces à la déclaration : casus belli et aveu rwandais
À ce stade, la reconnaissance écrite par le Rwanda de l’intégrité territoriale de la RDC est lourde de conséquences : elle agit comme une épée de Damoclès suspendue au-dessus de Kigali.
Paul Kagame admet, sans le formuler explicitement, avoir porté atteinte à la souveraineté de la RDC et s’engage désormais à ne plus violer ses frontières.
Le plus important est que les frontières héritées de 1885 resteront inviolées.
Pendant près de 30 ans, le Rwanda a mené une guerre non déclarée contre le Congo, au prix de millions de vies congolaises, dans une quête d’« espace vital ».
Aujourd’hui, cet objectif est réduit à néant : le Rwanda n’obtiendra pas cet espace.
Narratif rwandais battu en brèche
Le Rwanda clamait haut et fort que la crise était purement congolaise. Pourtant, il n’a pas osé défendre cette thèse devant les États-Unis pour éviter la signature de la Déclaration de principes.
En paraphant le document, Kigali a invalidé son propre narratif, prouvant son implication directe dans la déstabilisation de la RDC.
● Origine de la Déclaration de principes
Contrairement aux suspicions, la Déclaration n’est pas le fruit d’un deal Rwanda-USA, ni d’une quelconque complicité contre la RDC.
Elle est née d’un accord bilatéral entre la RDC et les États-Unis.
Ce partenariat, désormais officiel, repose sur un accord minier pour sécuriser la RDC, notamment dans le secteur stratégique des minerais critiques.
La Déclaration de principes en est une conséquence directe : lorsque le Rwanda se retirera, les USA et la RDC poursuivront leur coopération, consolidant ainsi leur alliance économique et sécuritaire.
Rwanda : le grand perdant
Le Rwanda sort grand perdant de cette affaire.
Kigali est contraint de revenir aux opportunités économiques et aux partenariats gagnant-gagnant que Félix Tshisekedi lui avait proposés dès le début de son mandat.
Privé de son narratif et de son casus belli, le Rwanda devra désormais accepter ce que la RDC et les USA voudront bien lui offrir, sans pouvoir imposer ses conditions comme par le passé.
RDC : le grand gagnant
La Communauté Économique des Pays des Grands Lacs (CEPGL), créée en 1976, réunissant la RDC, le Rwanda et le Burundi, visait à promouvoir la coopération économique et à prévenir les conflits régionaux.
Son siège est situé à Gisenyi, au Rwanda, symbole d’une volonté d’équilibre entre les trois États.
Aujourd’hui, avec la Déclaration de principes, la logique de coexistence pacifique refait surface :
Le Congo reste le Congo
Le Rwanda reste le Rwanda
Le Burundi reste le Burundi
Cette configuration ouvre la voie à des partenariats économiques sains, basés sur le respect mutuel et la souveraineté de chacun.
Ambroise Mamba Ntambwe
Journaliste et chercheur en sciences politiques