RDC: L’insolvabilité de l’Etat à la base de nombreuses irrégularités dans la fourniture d’eau potable

Le non paiement des créances liées à la consommation d’eau potable par certaines structures et établissements de l’Etat congolais est à la base de nombreuses irrégularités constatées dans la fourniture d’eau potable par la Régie de distribution d’eau (Regideso) à ses abonnés. C’est ce qu’a affirmé le Directeur général de la Regideso, Clément Mubiayi N’kashama, dans son oral de vendredi 26 novembre 2021 devant la Commission « Aménagement du territoire, infrastructures, postes, télécommunications, nouvelles technologies de l’information et de la communication » de l’Assemblée nationale.

Cette allégation est jugée peu convaincante par le Président de la Commission, le député national José Engbanda qui estime que des recettes réalisées par cette société commerciale ainsi que d’autres apports extérieurs dont la Regideso est bénéficiaire peuvent suffir pour procurer de l’eau potable aux abonnés.

Pour le député José Engbanda, il se pose un problème de gestion.

« Le Directeur général de la Regideso a répondu à toutes les 50 questions qui lui ont été adressées. Ce qui est un exercice formidable. Nous le félicitons pour cela. Mais seulement, le problème reste pendant parce que la population congolaise a besoin d’eau. Les discours, on en a déjà entendu. Le Comité de gestion de la Regideso se plaint du fait que le Gouvernement a accumulé une lourde créance, laquelle empêche la Regideso de procurer de l’eau aux populations congolaises. Ce qui n’est pas totalement vrai, parce que la Regideso réalise des recettes et reçoit des financements des organismes internationaux. Apparemment, ce qu’elle reçoit n’est pas judicieusement affecté », a déclaré José Engbanda.

Malgré la réalisation de nombreux projets sur l’ensemble du pays, fait observer José Engbanda, plusieurs quartiers de la capitale Kinshasa connaissent de problème d’adduction d’eau. Raison pour laquelle, la Commission a décidé de renvoyer la question à la sous-commission pour confronter les éléments mis à la disposition à la réalité des faits.

« Dès demain, la sous-commission va envisager la descente au siège de la Regideso pour confronter les chiffres produits par le Directeur général, la situation des nouvelles unités, des journaliers, des tuyaux placés au niveau de Météo (Kinshasa) qui ne sont jamais exploités, les raisons qui font que les habitants de Camp Luka et Binza-Ozone (Kinshasa) n’ont pas accès à l’eau potable…
Sur les 145 territoires que compte le pays, à peine 75 disposent d’une centrale de distribution d’eau. Et les 70 restants font face à un accès difficile à l’eau potable », a annoncé José Engbanda.

Pour lui, le Directeur général de la Regideso n’a pas convaincu. C’est pourquoi son dossier a été envoyé à la sous-commission qui a cinq jours pour déposer son rapport.

Entre-temps, la Commission demande à l’État de s’acquitter de ses créances envers la Regideso afin de permettre à cette entreprise de bien fonctionner.

Quant à Clément Mubiayi, il estime qu’en ce qui concerne la carence d’eau potable à Kinshasa, des informations techniques vérifiables sur le terrain ont été données après des efforts déployés depuis qu’il est à la tête de la Regideso. Au nombre de ces efforts, le Directeur général de la Regideso a épinglé le cas des usines en construction a N’Djili Brasserie, Lemba Imbu (Kinshasa). De toutes ces usines, il y en a une qui est presque achevée, laquelle devra desservir, à terme, six communes de l’Est et Sud-Ouest de la ville.

« Sur l’avenue du Tourisme, on a assisté pendant plus d’une année à la construction d’un captage sur le fleuve, lequel va prendre de l’eau brute à distribuer au quartier Binza-Ozone en passant par le camp Tshiatshi pour être traitée à l’usine de l’Ozone. C’est la solution principale qui intervient d’ici un an, principalement pour la commune de Ngaliema, la partie haute de la ville », a indiqué Clément Mubiayi.

Signalons par ailleurs que comme la Regideso, plusieurs autres sociétés de l’Etat connaissent des sérieux problèmes de gestion.

Le détournement de fonds publics dans plusieurs d’entre ces entreprises a été érigé en mode de gestion.

Depuis quelques temps, l’Etat s’efforce à arrêter l’hémorragie mais semble quelque peu essoufflé.

Hormis cette donne, plusieurs institutions de l’Etat consomment de l’eau potable fournie par la Regideso sans pour autant débourser un seul rond. Au nombre de ces insolvables pour lesquels le Gouvernement s’est engagé à payer les factures d’eau et d’électricité figurent les universités, les hôpitaux et les camps militaires.

Les créances jusque-là non recouvrées se chiffrent en des millions de dollars américains.

Olivier KAFORO/Zoom-Eco

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