RDC : les poissons retrouvés morts à Minova ne sont pas le fait du gaz méthane (Rapport)

RDC : les poissons retrouvés morts à Minova ne sont pas le fait du gaz méthane (Rapport)

Les poissons retrouvés morts, en date du 3 juin 2022 dans la baie de Kabuno et Bweremana dans le territoire de Minova, ne sont pas le fait du gaz méthane que contient le lac Kivu.

Selon les résultats des recherches menées par l’Unité d’enseignement et de recherches en hydrobiologie appliquée (UERHA).

L’analyse a porté essentiellement sur « les causes de la mortalité massive de ces poissons ».

Dans le rapport établi à l’issue de l’analyse, les chercheurs de l’UERHA renseignent que « l’hypothèse du gaz méthane ou carbonique est à exclure totalement, étant établi que la concentration en gaz méthane dans ce golf est très faible ».

Pour que le gaz méthane provoque de telles mortalités, soutiennent les experts, il faut qu’il y ait une éruption limnique.

« Ce n’est ni le gaz méthane, encore moins le gaz carbonique…. Nous pensons à un phénomène de remontée des eaux moins riches en oxygène vers les eaux plus riches en oxygène. Il y a donc eu diminution brusque de l’oxygène à l’endroit où vivent les poissons », a soutenu le professeur Pascal Masilya, chercheur au Département de Biologie-MChimie à l’Institut Supérieur Pédagogique (ISP) de Bukavu et Directeur Adjoint à l’unité d’enseignement et recherche en hydrologie.

Selon ce scientifique, c’est au cours des entretiens avec les habitants de Bweremana et Minova en date du 7 juin 2022 qu’il a conclu que quelques poissons ramassés aux endroits cités ci-haut provenaient de Minova soit déjà morts, soit en train de suffoquer à la surface de l’eau, très probablement à la recherche de l’oxygène, à l’exception de limnothrissa miodon appelé communément Sambaza, une sorte de poisson à très petite taille et le clarias appelé Kambale dans les Kivu.

Selon les résultats des recherches, il a été observé que la profondeur maximale dans cette zone était de 3,6 m et la température était normale, avec 23,4 degré C.

« Les eaux sont noirâtres mais sans odeur particulière. Il n’y a plus de poissons morts dans la zone et la pêche d’essai n’a rien apporté comme poisson. », indique le rapport.

« C’est un phénomène purement naturel mais dans les conditions qui sont les nôtres, c’est une situation imprévisible. Si on devrait vouloir prévenir ce genre d’événements, il faudra installer des stations météo pour pouvoir développer des modèles qui peuvent faire des prédictions, signaler qu’il y a risque que tel ou tel autre événement se produise. Il faudra avoir des stations météo installées un peu partout pour qu’il y ait des données en continu sur une longue période. De toutes les façons, ce phénomène devient récurrent dans cette partie du pays. C’est la 3ème fois que ça se produit à l’intervalle de quelques années », a proposé le professeur Pascal Masilya.

A en croire les responsables de l’UERHA, c’est la troisième fois que ce phénomène a lieu dans cette partie du lac. La première s’était produite en 2009 vers la même période et avait causé la mort d’une quantité importante de poissons. Le deuxième drame a eu lieu en novembre 2016.

Signalons par ailleurs que dans les endroits cités ci-haut où il a été observé la mort des poissons, la pêche était interdite pour une durée de trois mois. Une éventuelle réouverture à la pêche était prévue le 30 juin de l’année en cours.

Olivier KAFORO

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