RDC : Les Nande fustigent la confusion entretenue par l’armée sur Identité des ADF

Jérôme PALUKU

« Environs 6000 morts ont été documentés durant une dizaine d’années des massacres attribués aux rebelles ADF à Beni et Irumu. Des victimes, majoritairement issues de la communauté Nande, continuent malheureusement à être enregistrer même sous le régime militaire instauré dans les 2 provinces affectées par ces tueries. Curieusement, l’armée entretient une bonne confusion sur l’identité de l’ennemi et ceux qui veulent penser autrement subissent répressions et intimidations. Voilà ce que dénonce la communauté Nande de KINSHASA dans une interview exclusive que son président, Mr Jérôme PALUKU a accordée à La Cloche RDC. »

  1. La Cloche RDC : L’Etat de siège a été décrété dans 2 provinces de l’Est du pays, quelle lecture en faites-vous 3 mois après ?

Jérôme PALUKU : Nous avons accueilli l’Etat de siège avec une immense joie, nous l’avons d’ailleurs salué également parce que nous avons cru que les groupes armés qui insécurisent la région, les égorgeurs qui tuent horriblement à la machette vont être largement neutraliser et que nos frères de BENI devront aussitôt rentrer dans leurs champs et voyager calmement. Certes, nous nous sommes dit que c’était vraiment une bonne chose mais malheureusement à notre dernière surprise, à notre grand étonnement, on réalise que la situation va de mal à pire. La situation sécuritaire n’est pas encore bonne malgré cet Etat de siège décrété il y a 3 mois et qui ne produit pas encore ses fruits.

  1. La Cloche RDC : C’est-à-dire quoi concrètement ?

Jérôme PALUKU : En fait, on attendait que les tueries, les enlèvements, les pillages, les incendies des véhicules et maisons cessent ou même diminuent sensiblement avec ce régime militaire. On attendait que les forces armées passent à l’offensive d’autant plus qu’ils disent chaque jours qu’ils ont l’appui des forces internationales mais malheureusement, on se rend compte que plus de 25 véhicules ont été incendiés en IRUMU pendant cet Etat de siège, environ 600 personnes ont été tué en plein Etat de siège. Et on se dit finalement, où allons-nous avec ces tueries en plein Etat de siège. On se demande alors si cet Etat de siège était un salut pour nous ou est venu muselé les bouches de ceux qui pouvaient encore parler ?

  1. La Cloche RDC : Mais au même moment, l’armée annonce avoir récupérée plusieurs bastions des ADF !

Jérôme PALUKU : C’est une bonne chose et cela ne doit que nous réjouir. Nous les encourageons et nous disons merci et c’est ce que nous voulons. C’est depuis tout le temps que nous avons soutenus notre armée, nous avons dit qu’elle devait aller de l’avant et non pas raconter des choses contradictoires. Si nos militaires continuent à conquérir les bastions de l’ennemi, nous disons bravo et nous les soutenons largement.

  1. La Cloche RDC : Mais comme vous le dites autrement, l’identité de l’ennemi porte encore plusieurs confusions !

Jérôme PALUKU : Nous avons tous suivi du compte rendu de notre gouvernement à l’issue d’un conseil des ministres tout comme de la bouche du porte-parole des forces armées que les « BANYABWISHA » sont de collaborateurs de l’ennemi et que ce sont eux qui tuaient les gens à BENI et IRUMU. Et quelques temps après, à notre grande surprise, le porte-parole du gouverneur militaire du Nord-Kivu souligne que les ADF arrêtés sont à 90% les enfants de BENI et BUTEMBO. On se dit finalement de quoi s’agit-il ? Ou qu’est-ce qu’ils sont en train de nous raconter ? C’est pratiquement la confusion qu’ils sont en train d’entretenir ? Nous nous savons qu’à BENI ou BUTEMBO, il n’y a jamais eu des BANYABWISHA depuis longtemps. Comment ils peuvent dire que les BANYABWISHA tuent les gens et au même moment que les capturés sont en 90% les enfants de BENI et de BUTEMBO ? C’est un problème et l’on comprend qu’il y a ce qui ne va pas dans toutes ces communications contradictoires. Et pourtant tout le monde a vu comment il y a eu certains mafieux dans notre armée. Le chef de l’Etat lui-même l’a dénoncer lors de son séjour dans la région de Beni. D’autres ont même été pris la main dans le sac en plein circuit de ravitaillement des munitions à l’ennemi. Et donc c’est un problème très sérieux qui demande beaucoup d’attention. L’armée doit assumer ce qu’elle dit à la population pour qu’elle l’accompagne. Mais lorsqu’elle crée elle-même des confusions, elle commence à nous intimider, c’est vraiment grave.

  1. La Cloche RDC : Et que pensez-vous être caché alors derrière cette confusion et ces intimidations ?

Jérôme PALUKU : C’est la complicité de nos forces armées qui veulent intimider tout le monde qui veut parler et cette complicité a plusieurs fois été prouvée. Ils ont été pris la main dans le sac en voie de ravitaillement des rebelles en munitions. Que voulez-vous encore ? Depuis combien de temps, nous avons dénoncé des affairistes dans notre armée. Où avez-vous vu des militaires qui vont au front en train de faire le commerce des bois, cacao, etc ? Plusieurs fois ils sont impliqués dans le détournement des fonds alloués aux opérations de traque de ces égorgeurs. C’est anormal qu’un officier détourne les fonds commis à la guerre, les fonds destinés au payement ou à la ration des militaires qui combattent sur le front. Quelle trahison ?

  1. La Cloche RDC : Enfin, que dire alors du programme DDRC qui sera bientôt relancé ?

Jérôme PALUKU : Nous avons été très clair à ce niveau. Que l’armée neutralise l’ennemi, que l’armée passe à l’offensive et que les capturés aillent à la prison. Pourquoi encore créer un programme de réinsertion et c’est pour les réinsérer où ? Ils vont aller se réinséré là où ils ont tué ? Et les gens vont vivre comment avec eux ? Par quelle manière magique du gouvernement les victimes peuvent oublier leurs bourreaux et vivre ensemble ? Il faut qu’on les neutralise et que les captures aillent en prison. C’est quelle manière ça  de récompenser les bourreaux dans ce pays.

Ivan Eliel KANIKI, depuis BENI

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