RDC: les armées congolaise et ougandaise unissent leurs forces pour traquer les ADF

Des opérations conjointes des FARDC (forces armées de la République démocratique du Congo) avec les forces armées ougandaises, le 14 décembre 2021, dans le Nord-Kivu.© AFP – SEBASTIEN KITSA MUSAYI Des opérations conjointes des FARDC (forces armées de la République démocratique du Congo) avec les forces armées ougandaises, le 14 décembre 2021, dans le Nord-Kivu.

En République démocratique du Congo (RDC), l’armée ougandaise mène, depuis plus de trois mois, une opération conjointe avec les FARDC dans l’est du pays pour combattre les ADF, le groupe armé le plus meurtrier de la région.

Avec notre envoyée spéciale à Tchabi, Lucie Mouillaud

Dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri, de nombreux villages, régulièrement attaqués par les rebelles, sont désormais presque entièrement vidés de leur population. C’est le cas de Tchabi, localité du sud de l’Ituri, traversée par les convois de l’armée ougandaise où quelques habitants espèrent voir renaître leur ancien quartier.

Au milieu des maisons désertées de ce village de Tchabi, une dizaine d’hommes creusent les fondations d’un nouveau bâtiment. « On est en train de reconstruire les bureaux de la chefferie de Tchabi qui a arrêté ses activités depuis au moins neuf mois. Ils veulent ainsi reprendre les activités administratives », souligne Jacques.

Comme le reste des habitants, Jacques a quitté sa maison l’année dernière pour se réfugier à Bunia, suite aux nombreuses attaques de présumés ADF. Il fait partie de l’un des premiers groupes revenus dans le village, quelques jours plus tôt. « Cette chefferie a 26 villages. Il n’y en a qu’un seul qui a commencé à récupérer sa population. Nous ne nous sentons pas encore en sécurité à 100%. Il y a encore des bastions des ADF à peu près à une vingtaine de kilomètres de Tchabi », ajoute-t-il.

Les habitants espèrent que la nouvelle présence militaire dans la région permettra aux populations de revenir. Depuis un mois, les convois de l’armée ougandaise traversent régulièrement Tchabi.

« La route entre Haibale, Tchabi et Kainama est notre deuxième axe d’accès contre les ADF. Les forces conjointes doivent camper à Kainama, un peu plus loin, pour éloigner les ADF qui terrorisent la population, depuis un long moment », précise le commandant Peter Mugisa, porte-parole de l’opération.

Les militaires ougandais dont les opérations au Nord-Kivu ont commencé le 30 novembre dernier, interviennent également dans la province de l’Ituri, depuis début février.

« L’objectif de l’opération est de détruire les capacités des ADF »

Aucun bilan récent n’a été communiqué par les Ougandais sur le nombre d’ADF capturés ou tués depuis le début de leurs opérations dans l’est de la RDC, le 30 novembre dernier. Dans la base militaire de Kainama, localité de la province du Nord-Kivu, proche de l’Ituri, le général-major Kayanja Muhanga, en charge de l’opération pour l’armée ougandaise, fait un point sur l’avancée des interventions contre les ADF.

RFI : Quel est le premier bilan de vos opérations contre les ADF dans la région ?

Kayanja Muhanga : Nous les avons chassé de camps qu’ils occupaient depuis des décennies, au sein de ce qu’on appelle en français le triangle de la mort. Ce triangle de la mort correspond à la route de Kamango à Mukakati jusqu’à Oicha, Eringeti et Boga. Nous sommes maintenant mobiles, parce que l’ennemi s’est déplacé vers le nord [en Ituri] et a traversé la route entre Eringeti et Boga, en direction de Mambasa et Komanda.. C’est pour cette raison que nous avons ouvert le deuxième secteur de l’opération, où nous sommes maintenant. Il y également quelques groupes ennemis au sud, dans la région du Rwenzori, et nous devons aussi les affronter dans ce secteur.

L’objectif de cette intervention est-elle d’éloigner les ADF le plus possible de la frontière ougandaise ?

Bien sûr, l’objectif de l’opération est de détruire les capacités des ADF et l’objectif stratégique, évidemment, est de créer un environnement sécurisé, afin de pouvoir mener des échanges paisibles entre nos deux pays.

Est-ce qu’il n’y a pas un risque de déplacer le problème, au lieu de le régler ?

Non, parce que nous ne voulons pas seulement les repousser. Notre objectif est de détruire leurs camps et de les tuer. Notre plan, avec nos alliés, les FARDC, est que l’armée congolaise bloque les ennemis alors qu’ils se déplacent vers le nord. Nous opérons avec les FARDC, ils nous accompagnent dans les opérations mobiles et quand l’ennemi se dirige vers le nord, dans des zones où les FARDC sont déjà déployées, ils seront en capacité de les bloquer. Par exemple, les rebelles traversent la route entre Eringeti, Irumu et Bunia. Donc les FARDC sont sur place. Leur travail est de les arrêter pendant que nos forces mobiles suivent et chassent les ADF.

Plus de trois mois après le début de l’opération, les ADF continuent d’attaquer des villages dans les secteurs d’intervention des UPDF. Le dernier exemple est celui de Kikura, dans la nuit du 27 au 28 février, à seulement quelques km de la frontière ougandaise. Comment l’expliquez-vous ?

Oui, nous avons eu un certain nombre d’attaques au sud de Nobili, dans le secteur de Luanoli, mais nos forces conjointes sur le terrain ont répliqué. Jusqu’à présent, nous avons récupéré douze fusils des ADF. Nous avons tué plus de vingt ennemis dans cette zone et nous en avons capturé trois d’entre eux. Nous avons également tué un commandant dans ce secteur où ils ont mené des attaques.

RFI

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