RDC : le parc national des Virunga au cœur de la boulimie des groupes armés

Une quarantaine d’associations ont fait savoir que les groupes armés qui pratiquent le braconnage, la pêche illicite et l’exploitation illégale de bois dans le parc gagnent des centaines de milliers de dollars par mois.    

Situé à la frontière avec le Rwanda et l’Ouganda, le parc national des Virunga est devenu également un repaire de rebelles et milices qui affrontent régulièrement les éco-gardes.

Dans la province du Nord-Kivu, en proie à des conflits armés depuis plus de deux décennies, la sécurité et la protection de l’environnement restent un défi majeur aussi bien pour les autorités que pour les populations.

100.000 dollars mensuels, c’est le chiffre que rapporteraient les taxes illégales prélevées par ces groupes armés sur les pirogues du lac Edouard. Mais il n’y a pas que la pêche, ces groupes font aussi du braconnage d’ivoire.

Bantu Lukambo est le directeur général de l’ONG Innovation pour le développement et la protection de l’environnement (IDPE), une des structures signataires du message adressé aux autorités congolaises.

Cela fait plus de dix ans que celui-ci travaille dans ce domaine et pour lui, il faudrait que les autorités congolaises puissent agir sur les moyens de financement de ces groupes armés: « La plupart de ces groupes armés travaillent en connivence avec certains de nos militaires et certaines autorités politico-administratives. Raison pour laquelle il est difficile de les arrêter. Cela ne nous empêche pas de continuer à dénoncer. Peut être qu’un jour, notre gouvernement prendra des décisions pour mettre la main sur ces malfrats, » espère le président de l’IDPE.

Le parc nation des Virunga fait partie des aires protégées de la RDC. Ce pays abrite la deuxième plus grande forêt tropicale du monde après le Brésil. 40 millions d’habitants vivent dans la forêt du bassin du Congo qui constitue une réserve de biodiversité d’importance mondiale. 

«La plupart de ces groupes armés travaillent en connivence avec certains de nos militaires » (Bantu Lukambo).

Le 2 septembre dernier, des organisations environnementales et de défense des droits humains ont fait savoir que le plan visant à lever un moratoire de près de 20 ans sur les nouveaux titres d’exploitation forestière pourrait occasionner une catastrophe environnementale. 

Irène Wabiwa Betoko est cheffe du projet international de la forêt du bassin du Congo pour Greenpeace Afrique. Elle rappelle la nécessité pour les autorités congolaises de s’impliquer davantage dans la protection des parcs et forêts du pays:

« La gestion de ces parcs nationaux est un problème à part et urgent qui doit également attirer l’attention des autorités congolaises et de tous les pays européens comme l’Allemagne, la Norvège, mais aussi tous les bailleurs de fonds qui ne cessent d’appuyer techniquement et financièrement la RDC pour la protection de ses forêts. Il est donc inadmissible que des fonds soient mobilisés pour la protection des forêts d’un côté et que le gouvernement congolais peaufine des plans pour détruire ces mêmes forêts, » souligne Mme Betoko.

Notons que les nombreuses années de conflits armés, que ce soit dans les Kivus ou ailleurs dans le pays, sont une menace quasi permanente non seulement pour l’environnement mais aussi et surtout pour les populations locales qui parfois vivent et dépendent de ces ressources naturelles.

Aaron Kikadi

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