Dans une analyse à la fois intellectuelle et politique, le ministre du Commerce extérieur, Julien Paluku Kahongya, propose une lecture originale du développement de la République populaire de Chine, qu’il met en miroir avec la situation actuelle de la République démocratique du Congo. Une gymnastique intellectuelle qui alimente le débat sur le chemin que doit prendre la RDC pour amorcer son véritable décollage économique.
Des similitudes frappantes entre la Chine de 1949 et la RDC d’aujourd’hui
Dans son intervention, relayée sur les réseaux sociaux et commentée par plusieurs médias nationaux, le ministre Julien Paluku retrace le parcours de la Chine post-impériale : instabilité politique, pauvreté endémique, guerres civiles, élite déconnectée du peuple, infrastructures détruites, services de base quasi inexistants. Une situation que la Chine a connue à partir de 1949, avec la fondation de la République populaire par Mao Zedong, dans un contexte de chaos généralisé.
Julien Paluku n’hésite pas à dresser un parallèle avec la RDC actuelle : « La pauvreté, la désarticulation du tissu national, les conflits armés, le manque de services publics structurés… sont autant de réalités que la Chine a su transformer en opportunité. Pourquoi pas nous ? », interroge-t-il.
Deng Xiaoping, un modèle de pragmatisme inspirant
Le ministre congolais met un accent particulier sur l’œuvre de Deng Xiaoping, successeur de Mao et véritable architecte du miracle économique chinois. Gouvernant la Chine entre 1978 et 1989, Deng s’est démarqué par son approche pragmatique résumée par cette phrase célèbre : « Peu importe que le chat soit noir ou blanc, tant qu’il attrape les souris ».
Julien Paluku insiste sur sept mesures phares que la RDC pourrait adapter :
1. Suppression des taxes agricoles pour stimuler la production vivrière ;
2. Création de zones économiques spéciales, comme l’a fait la Chine avec Shenzhen, pour attirer les investissements ;
3. Investissements massifs dans les infrastructures pour désenclaver le pays ;
4. Promotion de l’entrepreneuriat privé et de l’économie locale ;
5. Réforme des entreprises publiques inefficaces ;
6. Ouverture contrôlée aux capitaux et technologies étrangers ;
7. Révolution éducative et scientifique pour former des cadres techniques compétents.
Vers un modèle de développement à la congolaise ?
Dans un contexte de repositionnement économique régional, Julien Paluku appelle à « s’inspirer sans copier » : il ne s’agit pas de plaquer le modèle chinois, mais de s’en inspirer pour créer un modèle congolais de développement endogène. Un modèle qui repose sur la stabilité politique, le leadership visionnaire, l’investissement dans le capital humain et l’industrialisation progressive du pays.
Cette prise de parole n’est pas anodine : elle intervient alors que le gouvernement multiplie les initiatives pour relancer l’industrie locale, diversifier l’économie et structurer des partenariats stratégiques, notamment avec la Chine.
Un appel à la vision, à l’audace et à la cohérence
Julien Paluku conclut sa réflexion par une interpellation claire aux décideurs congolais : « L’histoire ne donne pas deux fois les mêmes opportunités. C’est maintenant qu’il faut choisir entre l’enlisement ou la transformation. La Chine a su transformer ses blessures en forces. À nous de faire de même. »
NGK