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RD Congo: Tshisekedi isolé après le renoncement du médiateur angolais  

 

 

COLETTE BRAECKMAN

 

Dans les zones contrôlées par le M23, la vie quotidienne reste extrêmement précaire.REUTERS.

Malgré la rencontre de Doha entre Kagame et Tshisekedi, le M23 continue à avancer en RDC. Et les amis africains du président congolais se désengagent.

 

Talk and fight. » Parler, mais aussi combattre. C’était l’un des principes des deux guerres qui ont déchiré le Congo à la fin du siècle dernier, jusqu’à la conclusion des accords de paix qui intégrèrent les rebelles au sein de l’armée congolaise, précipitant ainsi son infiltration et son déclin.

Pourquoi changer une méthode qui a déjà fonctionné ? Le scénario qui se dessine aujourd’hui revêt un étrange air de déjà-vu : après la rencontre de Doha, où l’émir du Qatar a mis face à face le président rwandais Paul Kagame et son homologue congolais Félix Tshisekedi, qui avait cependant juré que c’est « au ciel » qu’il retrouverait un jour son voisin et adversaire, la guerre a repris son cours, avec son mélange de bonne volonté apparente et d’inexorable progression des rebelles du M23 toujours soutenus par Kigali.

A Walikale, au lendemain du rendez-vous au Qatar, le M23, posant un geste de bonne volonté, avait annoncé que ses troupes se « repositionnaient ». En réalité, tout indique que les rebelles se sont mis en position pour poursuivre leur avancée vers des directions stratégiques dont Kisangani, la capitale de la Province Orientale, d’où le fleuve Congo rend possible une descente vers Kinshasa.

Dans le Nord-Kivu, les principaux sites miniers sont toujours occupés et, au-delà de Bukavu, qui vit dans la peur et la violence, la descente vers le Maniema n’est freinée que par des groupes de combattants irréguliers, Wazalendo (enfants du pays) et milices villageoises Mai Mai.

L’Ouganda est entré dans le jeu

Autrement dit, non seulement la zone occupée ne cesse de s’étendre mais les troupes du M23 se sont découvert un allié imprévu : l’Ouganda est entré dans le jeu depuis l’Ituri jusqu’à Bunia. C’est le fils du président ougandais Museveni, Muhoozi Kainerugabe – qui appelle Kagame « mon oncle » – qui a pris la tête des opérations : l’armée ougandaise a pénétré dans l’Ituri, en principe pour combattre des milices Codeco (faction armée locale), en réalité pour veiller à ce que l’Ouganda puisse prendre sa part dans le dépeçage du Congo et contenir l’expansion du M23 favorable au Rwanda.

L’argument du fils de Museveni est un « copier-coller » de l’argumentaire du M23 et des Tutsis congolais soutenus par Kigali : selon lui, il ne s’agirait pas de piller les richesses mais de protéger les minorités d’origine ougandaise (dont les Hema de l’Ituri) qui seraient persécutées par les alliés de Kinshasa.

A l’arrière de ces fronts, la situation des zones occupées est toujours aussi dramatique : de nombreuses images montrent les cadavres de jeunes gens qui ont été abattus à bout portant par les forces rebelles, les produits de première nécessité font défaut, les banques sont toujours fermées, tandis que les activistes et autres défenseurs des droits de l’homme essaient de se fondre dans la clandestinité pour échapper aux contrôles et aux rafles.

La fin de la médiation angolaise

Si on se demande à quoi a réellement servi la rencontre de Doha entre les présidents Tshisekedi et Kagame, à part réhabiliter ce dernier alors qu’il était affaibli par les sanctions européennes, le rendez-vous de l’émir du Qatar a entraîné des effets secondaires non négligeables. Il a réussi à écœurer le médiateur angolais, pourtant mandaté par ses pairs africains : le président angolais Joao Lourenço, qui n’avait pas ménagé sa peine, a annoncé qu’il jetait l’éponge et mettait fin à sa médiation.

Ses raisons sont compréhensibles : alors qu’il tentait de réunir à Luanda les protagonistes, Félix Tshisekedi, sans prévenir personne, s’envolait pour Doha où il avait rendez-vous avec le président Kagame ! La colère de l’Angola, qui préfère désormais se concentrer sur la présidence tournante de l’Union africaine, est sans doute partagée par l’Afrique du Sud, un autre allié de Kinshasa, qui a perdu 17 soldats sur le front de Goma et y a laissé des prisonniers, tandis que le Burundi, autre allié de Tshisekedi, a prudemment retiré les troupes qui, au Sud-Kivu, empêchaient la descente des rebelles vers le Maniema.

Autrement dit, alors que l’inquiétude s’étend dans la capitale, la RDC perd peu à peu ses alliés historiques, lassés par l’inconstance du chef de l’Etat. Et une partie de la classe politique a décidé de bouder les consultations menées en vue de constituer un gouvernement d’union nationale. Une seule question se retrouve désormais sur toutes les lèvres congolaises : « Encore combien de temps ? »

A l’arrière de ces fronts, la situation des zones occupées est toujours aussi dramatique

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