Pourquoi l’Occident aime-t-il autant le Rwanda ?

Malgré les atteintes aux droits de l’Homme et l’absence d’une véritable démocratie, les Etats européens ou les Etats-Unis continuent de coopérer avec Kigali.

L’organisation du 73e Congrès de la Fifa est un joyau de plus sur la couronne de diplomatie sportive que porte Paul Kagame. Par l’entremise du chef de l’Etat, fan de football, le Rwanda s’est déjà affiché sur les maillots de clubs prestigieux comme Arsenal et le Paris Saint-Germain. 

Le Rwanda est également un acteur important du basketball sur le continent et deviendra, en 2025, le premier pays africain à organiser les championnats du monde de cyclisme sur route. 

Paul Kagame en compagnie de Gianni Infantino à KigaliImage : Sports Inc/empics/picture alliance

Un environnement favorable aux capitaux étrangers

Pays dévasté après le génocide de 1994, le Rwanda a su se reconstruire petit à petit, sous la direction de Paul Kagame. Un président qui a muselé toute opposition mais qui a su bâtir un environnement favorable aux capitaux étrangers, comme l’explique le chercheur Frederick Golooba Mutebi : 

« Je qualifierais de conflictuelle la politique étrangère d’un certain nombre de pays occidentaux à l’égard du Rwanda. Ils parlent beaucoup, presque sans fin, de la situation des droits de l’Homme au Rwanda. Mais en même temps, ils ne peuvent s’empêcher d’apprécier la capacité du Rwanda à gérer très efficacement les ressources qu’il reçoit des organisations internationales et des partenaires du développement« , estime le chercheur indépendant basé à Kampala, la capitale de l’Ouganda.

Paul Kagame est à la tête du Rwanda depuis 1994Image : Giscard Kusema

Tout le monde veut en être

Pour Phil Clark, professeur de politique internationale à l’Ecole des études orientales et africaines, qui dépend de l’Université de Londres, les grands de ce monde veulent participer à cette success story : 

« Beaucoup d’organisations internationales, beaucoup d’Etats internationaux veulent être associés à cette histoire très convaincante de rétablissement (après le génocide de 1994, ndlr). Par ailleurs, le Rwanda a réussi à se présenter comme un partenaire international digne de confiance. Vous aurez l’occasion de participer au redressement de ce pays. Et votre plan sera mis en œuvre d’une manière très claire et prévisible« , pose Clark.

Ainsi, les Etats-Unis ont investi 116 millions de dollars sur les trois dernières années dans le système de santé local, qui a profité aux 13 millions de Rwandais. Quant au Royaume-Uni, il a été ravi de voir le Rwanda venir lui prêter main forte dans l’accueil de migrants dont il ne voulait plus.

Le Parlement du Rwanda a été le premier au monde à être composé en majorité de femmesImage : Cyril Ndegeya/picture alliance/Photoshot

Le M23, la zone d’ombre

Au pouvoir depuis 1994, Paul Kagame a fait du Rwanda un Etat stable. Ceci étant, son parti, le Front patriotique du Rwanda, a été accusé à maintes reprises de déstabiliser ses voisins. A commencer par la RDC, où les rebelles du M23 sèment la terreur dans l’est du pays, avec le soutien du Rwanda, selon un rapport des experts des Nations unies. 

Fiabilité d’une part, autocratie de l’autre : pour l’instant, les donateurs semblent s’accommoder de cette double réalité car ils en voient les avantages. Mais la prise de conscience progressive des drames qui se déroulent dans l’est de la RDC pourrait modifier l’attitude à l’égard de Paul Kagame. 

Avec DW

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