Page d’histoire :Les femmes du Maréchal

Visite des tours de Londres le 20 avril 1964 avec Marie-Antoinette. Mobutu, commandant en Chef de l’ZNC tient une hache cérémoniale

Officiellement, Mobutu s’est marié deux fois. D’abord en 1955 avec MarieAntoinette Gbetigbia Gogbe Yetene. Puis en 1980, lorsque celle qui était affectueusement appelé Mama Sese disparut, le Président-Fondateur convola en secondes noces avec l’une de ses maîtresses d’alors : Bobi Ladawa. Parallèlement, il fera aussi de sa jumelle Kosia sa compagne de toujours. En réalité, l’homme du 24 novembre, tel un jeune homme, jetait sa gourme en menant une active vie de polygame. Il fut un véritable homme à femmes. Car dans la pénombre de la vitrine officielle, se cachait une multitude de concubines réelles ou supposées; une cohorte d’amantes passagères ou perpétuelles; des compagnes d’un jour ou d’une seule nuit ; des relations extraconjugales avec des femmes célibataires ou mariées. Le Guide était entouré d’un véritable harem de prétendantes qui s’adonnaient entre elles à des coups bas. Selon l’ancien gouverneur Daniel Monguya, le Président-Fondateur en déplacement dans les provinces, aimait passer ses nuits en compagnie de très belles filles sorties à peine de l’adolescence. Les pauvres commissaires de région étaient obligés de les mettre à sa disposition. Celles qui étaient âgées de plus de vingt ans étaient  qualifiées de « vieille garde » par le Guide lui-même et ne pouvaient en aucun cas jouir de ses charmes en l’absence de la first lady restée au Mont Ngaliema. Dominique Sakombi Inongo, qui voulait politiser l’affaire, affirma même que le boss était quasiment allé avec les épouses de ses collaborateurs. Combien de « bureaux » et d’enfants avait-il alors eu ? Nul doute que cette extravagance morale parfumée par le concubinage excessif du chef de l’Etat aurait en Occident fait l’affaire des tabloïds. Les paparazzis et autres chasseurs de récits people se seraient mobilisés pour dépecer à coup de reportages photos cette vie privée présidentielle au parfum de scandale. Cela appartient au domaine de l’impossible dans nos pays où ces pratiques sont taboues et illicites au risque de s’attirer les foudres du pouvoir. Avec Sese Seko, la polygamie fut officieusement officialisée et pratiquée par la majorité des hommes politiques, leur patron leur servant de modèle. De très nombreuses conquêtes féminines du président ne sont pas connues. Si le chanteur français Claude François dit Cloclo avait, paraît il, connu l’intimité de quelque 3.000 femmes tout au long de sa vie, combien étaient-elles s’agissant de Mobutu ? Qui étaient alors ces dames qui avaient partagé de près la vie du maréchal du Zaïre ? Qui étaient les enfants qu’elles avaient eu avec lui ? Combien étaient-ils ? Il est difficile voir impossible d’enquêter sur les conquêtes féminines d’un homme par surcroît dictateur. Mais à partir des informations reçues ça et là, voici une ébauche de réponse à toutes ces questions que continue encore à se poser l’homme de la rue.  

Les Mobutu attendent l’arrivée du président français Valéry Giscard d’Eistaing à l’aéroport international de N’djili le 8 août 1975

1.    Avec Marie-Antoinette, sa première épouse, Mobutu a eu une famille nombreuse. Il la prend en mariage alors qu’elle n’avait que 14 ans en 1955 et leur premier fils naîtra la même année. Pourtant certaines langues prétendent  que l’ancien sergent l’aurait « ravie » des mains d’un soldat. Beaucoup affirmaient aussi que vu l’âge de la première dame et l’année de naissance de Jean-Paul Niwa, elle ne saurait être la mère biologique de ce dernier qui en réalité serait le fils que le maréchal aurait eu de ses relations avec une kasaïenne dans les années 50. Si la date de naissance de mama Sese est sujette à caution, celle de Niwa disait-on devrait être antérieure à 1955. MarieAntoinette Gbetigbia Gogbe Yetene, était-elle réellement née en 1941 ? A cause de son éducation catholique et ses origines modestes, elle avait gardé une remarquable sobriété de cœur. C’est elle qui sauva le cardinal Malula en conflit avec son mari d’une arrestation humiliante. C’est aussi elle qui intervenait auprès du Guide pour que Rochereau ne connaisse pas des difficultés. Toutefois en 22 ans d’alliance matrimoniale, elle donna au président neuf enfants dont cinq filles notamment NiwaNgomboMandaKongaNgawaliYangoYakpwaKongolu et Ndagbia. Notons que vers 1967, Mobutu avait perdu un enfant. Sa dépouille mortelle drapée des couleurs nationales fit le tour de la capitale.

2.    Bobi Ladawa est la seconde et dernière épouse officielle du président. Conseillé selon ses propres dires par les responsables des églises catholique (Malula), protestante (Bokeleale) et kimbanguiste (Diangienda) d’avoir une femme à ses côtés pour l’aider dans ses lourdes responsabilités, il l’épousa le 1er mai 1980 à la veille de l’arrivée au Zaïre du pape Jean-Paul II. La cérémonie religieuse fut concélébrée par l’archevêque de Kinshasa, le cardinal Malula avec messeigneurs Moke et Tshibangu en leur qualité d’évêques auxiliaires de la capitale. L’événement eut lieu dans la coquette église de la paroisse Saint Léopold fondée en 1899 et qui fut la première mission catholique de Léopoldville. C’est à dater du jour de son mariage que l’ancienne maîtresse devint la « première dame » du pays et « la maman présidente » du Zaïre. Ces titres, elle les attendait des années durant. Elle partagea officiellement la vie du président pendant 17 ans. Avec elle, Mobutu aura quatre enfants dont deux filles : NzangaGialaToku et Ndokula qui étaient déjà nés avant l’union officielle de leurs parents.

3.    Kosia est la sœur jumelle de Bobi Ladawa avec qui elle avait une frappante ressemblance. Son idylle avec le chef commença sûrement dans le sillage de la first lady et avec son aval. Il paraît que le cœur du Guide balançait entre les deux sœurs. Cette rivale si particulière qui jouait officieusement les seconds rôles s’affichait parfois en public derrière sa sœur dans la tribune d’honneur lors des cérémonies officielles. Et Mobutu ne manquait pas de lui donner une accolade. La cohabitation était excellente entre les deux femmes à la fois sœurs, vraies jumelles et rivales. Le partage de l’amour était parfaitement réglé entre elles et l’entente était sans nuage. Avec la « seconde dame » du Zaïre, Mobutu n’a eu que des filles : YalithoTende et Sengboni.  

4.    Mama 41 était plus connue par ce sobriquet que par son vrai patronyme. Selon Radio Trottoir, c’est elle qui devrait porter le titre honorifique de « première dame » ou de la « maman présidente » après la disparition de Mama Sese. Mais malheureusement, elle devint mystérieusement aveugle. C’est alors que le Guide la remplaça par mama Bobi. Lorsqu’elle recouvrit sa vue, c’était déjà trop tard car le président s’était déjà marié. Selon toujours la rumeur publique qui aimait s’alimenter des banalités de la cour présidentielle, Bobi Ladawa aurait utilisé des moyens obscurs pour se débarrasser de ses rivales notamment mama Sese et Mama 41. Cette dernière doit ce surnom au numéro de la villa qu’elle occupait naguère dans la Cité de l’OUA (sic) actuelle Cité de l’Unité africaine. Avec elle, Mobutu eut deux garçons et une fille : Senghor (né dans un avion au moment où celui-ci survolait l’espace aérien sénégalais), Dongo et Nzanga.

5.    Avec Mbangula, le maréchal eut un garçon dont le nom nous est inconnu.

6.    Avec une Brazzavilloise inconnue, le Président-Fondateur eut un fils prénommé Robert.

Septembre 1997, pendant son exil marocain et quelques jours avant sa mort, Mobutu à table avec ses épouses, les jumelles Bobi Ladawa(à g), Kosia(à d) et ses filles (à l’avant plan).

De son vivant, Mobutu avait eu une nombreuse progéniture, connu une vie volage caractérisée par plusieurs frasques amoureuses, plusieurs partenaires féminins. La liste pouvait s’allonger, car l’ homme du 24 novembre était tout à la fois : puissant, influent, fortuné et séducteur. Le maréchal fut le centre d’intérêt autour duquel gravitaient plusieurs prétendantes. Comme sexe rimait avec puissance et argent, le phénomène « deuxième bureau » banalisé et galvanisé par l’exemple présidentiel prit de l’ampleur. Les dignitaires du régime, civils et militaires, tout comme les hommes d’affaires furent dans ce domaine d’excellents chasseurs, de véritables coureurs de jupon dont le tableau viril affichait complet. Le pays de l’authenticité était alors devenu une nation dirigée et gouvernée par une meute de polygames endurcis.

Samuel Malonga

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